Déportation au Soudan

Baker, soudanais, arrêté à Calais le 25 octobre 2016, transféré du CRA de Coquelles à celui de Vincennes a été déporté ce matin vers le Soudan.

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Il a été emmené vers l’aéroport Charles de Gaulle à 6h ce matin pour prendre le vol de 9h25. Arrivée à Doha (Qatar) 16h10, “correspondance” supposée: départ de Doha 20h40, arrivée à Khartoum 0h40.

Baker a été présenté à l’ambassade du Soudan à la demande de Madame BUCCIO, préfète du Pas de Calais. Après avoir épuisé tous les recours auprès du Juge des Libertés et de la
détention, auprès du tribunal administratif et de la Cour Européenne des Droits Humains*, il a refusé d’embarquer le 22 novembre. Suite à ces pressions et à ces nombreuses audiences, il a finalement demandé l’asile en France, asile qui lui a été refusé (l’OFPRA a notifié le rejet de la demande hier). En rétention depuis le 25 octobre, il a été déporté aujourd’hui.

On parle donc d’une déportation vers le Soudan, suite à une arrestation opérée durant le démantèlement “humanitaire” de la Jungle de Calais.

Reçu du Légal Center Calais

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Liberté pour Ahmed H. : ni frontières ni prisons !

Ahmed H. est l’une des 11 personnes a avoir été arrêtée et poursuivie suite aux affrontements qui eurent lieu à Röszke lors de la fermeture de la frontière Serbo-Hongroise le 16 septembre 2015. Son procès s’est tenu le 30 novembre 2016 à Szeged dans le sud de la Hongrie. Les charges retenues contre lui sont le franchissement illégal de la frontière et la commission d’acte de terrorisme. Une peine de 10 années de prison a été requise contre lui.

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Le 15 septembre 2015, le gouvernement Hongrois fermait définitivement ses frontières aux nombreuses personnes qui tentaient de traverser le pays par la route des Balkans. Dès le lendemain, des centaines de personnes se retrouvaient bloquées au niveau de la frontière à Röszke. Après qu’ils eurent revendiqué leur volonté de passage du poste douanier, ceux-ci avaient repoussé les barrières installées interdisant tout accès sur le sol Hongrois. S’en était suivi alors une charge très violente de la police anti-émeute frappant et gazant les centaines de personnes présentes, familles et enfants compris.

Onze personnes furent arrêtées arbitrairement, jugées et reconnues coupables de franchissement illégal de frontière et participation en groupe à des émeutes. L’immigration illégale est depuis le 15 septembre 2015 un crime puni pénalement en Hongrie et expose les contrevenants à des peines allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement. Parmi les « onze de Röszke », plusieurs personnes sont à ce jour encore enfermées. Ahmed H., pour avoir pris la parole à l’aide d’un mégaphone est accusé d’avoir incité les autres personnes à la révolte, et se voit ajouter la charge d’acte de terrorisme pouvant potentiellement lui valoir un emprisonnement à vie.

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Röszke, 16 septembre 2015.

Ahmed H. qui se trouvait à la frontière en 2015 pour aider ses parents à se rendre en Allemagne, possède lui même la double nationalité Syrienne et Chypriote et aurait pu obtenir un visa pour se déplacer seul. Celui-ci résidait alors à Chypre avec sa femme et ses deux enfants. Il est à ce jour emprisonné depuis plus d’un an en Hongrie et a comparu au tribunal de Szeged les chaînes aux pieds, entouré de policiers cagoulés.

Depuis 2015, le risque terroriste amalgamé à la crise migratoire a permis à de nombreux états européens de faire passer en force des lois liberticides. Celles-ci amènent un climat de violence et de peur, notamment par le déploiement de forces armées sur l’ensemble des territoires, des pouvoirs accrus voire presque illimités dans certains cas, et une répression pouvant s’appliquer à l’ensemble de la population. La lutte anti-terroriste devient un outils de contrôle permettant de justifier tous les agissements des états et de réduire au silence toute opposition. Et que se soit en France où l’état d’urgence permet le déploiement de l’armée aux frontières ou l’expulsion de n’importe quel campement ou habitation, en Pologne où des lois anti-terroristes votées récemment en jouant sur la peur de l’immigration ont permis l’arrestation de trois camarades anarchistes, ou en Belgique où des quartiers entiers sont perquisitionnés puis nettoyés des populations jugées indésirables, le même résultat sécuritaire apparaît de partout.

Le procès des onze de Röszke montre la réalité d’un système dans lequel la violence d’état et la violence policière ne sont jamais remis en question, où l’arbitraire devient commun. Dénoncer ces états d’urgence permanents et refuser ce climat de peur en affirmant notre solidarité aux personnes réprimées devient alors un des enjeux dans nos luttes à mener.

Liberté pour Ahmed H. !

Liberté pour tout.es les migrant.es emprisonné.es en Hongrie et partout ailleurs !

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Pour plus d’infos sur le procès des onze de Röszke et les affrontements du 16 septembre 2015 : http://freetheroszke11.weebly.com/ 

Un autre article sur la répression à la frontière Serbo-Hongroise ici.

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Soirée de soutien aux cours de français du Barricade

Soirée de soutien aux cours de français et d’alphabétisation donnés au Barricade à Montpellier ce samedi 3 décembre à partir de 19 heures.
(14, rue Aristide Ollivier, station gare ou comédie en tramway)

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Commencés il y a plusieurs mois, les cours de français donnés au Barricade sont très réguliers depuis septembre. Une équipe s’est formée autour d’une envie : permettre à toute personne souhaitant connaître et apprendre le français d’y parvenir. 4 cours sont proposés le matin, du lundi au jeudi de 10h à 12h ; ainsi que 4 autres l’après-midi, du lundi au mercredi et le vendredi de 17h à 19h.

Aussi, pour permettre de déchiffrer plus facilement l’écrit et les sons, des cours d’alphabétisation et d’écriture ont été mis en place depuis peu, à savoir le jeudi de 16h30 à 18h, et le samedi de 14h à 16h.

Pratiquement toutes les personnes venant aux cours n’ont aucune notion du français, certaines d’entre elles ne savent pas écrire leur propre langue. Leur envie et leur motivation sont bien présentes, tandis que leur situation est quasi la même (attente de demande d’asile). Tout cela dans une gestion des flux orchestrée par l’Etat, détruisant les deux “pôles” que sont Calais et Vintimille, et dispatchant les réfugiés dans les divers Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO) et autres Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA), dont plusieurs à Montpellier et alentours.

Venez nombreux-ses, pour discuter, échanger sur différents sujets, et partager un moment festif !

Samedi 3 décembre à 19h au Barricade !

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Violences policières à la frontière Serbo-Hongroise et situation des migrant.es à l’approche de l’hiver.

Infos reprises et traduites à partir des sites : https://noborderserbia.wordpress.com/ et http://moving-europe.org/

Depuis la fin de l’année 2015, le gouvernement hongrois a terminé la construction des barrières le long de la frontière serbo-hongroise et croate-hongroise, et il y a un peu plus de 6 mois, l’entrée par la frontière grecque-macédonienne à Idomeni a été complètement fermée. Les conséquences de la fermeture progressive des routes des Balkans se manifestent dans le renforcement de la violence quotidienne du régime frontalier et de ses zones de contrôle et de coercition.

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Voici un témoignage recueilli à Belgrade auprès de deux jeunes garçons, dont l’un d’eux n’a que 16 ans et a été très sérieusement frappé par la police :

« C’était le samedi 5 novembre au soir, entre 10 et 11 heures, près de la frontière hongroise, mais sur le sol serbe, une sorte de lieu abandonné. Nous n’avons jamais essayé de traverser la clôture avant cela, nous étions 36 personnes qui dormaient dans cet endroit, à la fin de la nuit, nous avons vu les lumières et tout le monde a essayé de prendre son sac et de courir. Trois d’entre nous n’ont pas réussi à s’échapper et nous avons été pris par la police. C’était la police hongroise qui a traversé le sol serbe (à environ 200 mètres de la clôture) et ils nous ont battus très fortement avec leur arme spéciale, le soi-disant bâton noir. C’étaient trois policiers, et l’un d’eux amenait un chien. D’une façon ou d’une autre nous avons réussi à trouver la route principale et nous voulions être pris par la police serbe parce que nous saignions beaucoup et nous avions besoin d’aide médicale urgente. La police a appelé l’ambulance et ils nous ont emmenés à l’hôpital. Ils ont brisé ma tête, j’ai maintenant sept points de suture et la main de mon ami est vraiment très blessée. Après que la police serbe ait pris nos photos et nos empreintes digitales, nous avons été emmenés au camp de Subotica. C’est un mauvais endroit, donc nous sommes revenus à Belgrade encore. Nous espérions pouvoir obtenir de l’aide ici, mais personne ne nous en a donné ici. [] »

Malgré cela, des centaines de personnes traversent toujours les Balkans vers l’Europe centrale. Celles-ci arrivent de la Grèce à travers la Macédoine ou de la Turquie à travers la Bulgarie puis passent par la Serbie. Environ 300 personnes arrivaient chaque jour cet été en Serbie. Après quelques jours à Belgrade, la plupart d’entre elles continuent à Subotica, une petite ville proche de la frontière hongroise. Il y a trois camps dans la région. L’un d’entre eux est un géré par l’État dans la banlieue de Subotica, et possède quelques infra-structures, des douches et l’électricité, mais celui-ci est surpeuplé alors des personnes dorment dans des tentes à l’extérieur. L’accès aux soins et le manque d’habits, de couvertures pour se protéger du froid est constant, la nourriture fournie par les autorités semble se limiter à du pain, du thon et quelques boites de sardines… Les deux autres camps sont auto-organisés et sont situés dans la zone de transit, à quelques mètres du sol Hongrois. Les conditions sont très précaires. La fourniture d’articles de base est insuffisante. Il n’y a pas de douches, seulement un robinet d’eau et quelques toilettes. Environ 15 personnes par jour sont autorisées à traverser légalement la Hongrie à l’intérieur de chaque camp de la zone de transit. Les nouveaux arrivants doivent mettre leur nom sur une liste et attendre que leur nom passe au sommet de la liste. Une personne du camp est responsable de la liste et remet celle-ci aux autorités hongroises. Les familles sont priorisées et par conséquent ont une période d’attente plus courte, tandis que les hommes célibataires attendent souvent plus longtemps.

« J’ai essayé six fois de passer, une fois par la Croatie et cinq fois par la Hongrie. La dernière fois, la police m’a pris et leur chien m’a mordu. Il se trouvait à environ 10 km à l’intérieur de la Hongrie. J’ai attendu sur la liste pendant 2 mois, même si j’étais numéro 9 en ligne après avoir fermé la frontière. » (M. du Bangladesh)

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Camp de transit de Kelebjia (juillet 2016)

Malgré la clôture barbelée le long de la frontière serbo-hongroise, il existe plusieurs possibilités de passer de la Serbie à la Hongrie. Beaucoup de personnes tentent de traverser en Hongrie par leurs propres moyens pendant la nuit pour éviter la longue période d’attente et d‘incertitude dans la zone de transit et beaucoup arrivent à traverser et poursuivent leur voyage. Cependant, la police hongroise, l’armée et les unités de défense civiles fascistes contrôlent étroitement la frontière hongroise. Ils repoussent systématiquement les réfugiés de la Hongrie vers la Serbie, une loi permet aux gardes de repousser sur une zone de 8 kilomètres toutes les personnes entrées de manière illégale. Ce procédé est connu sous le nom de « push-back » et a considérablement augmenté ces derniers mois, conduisant à un plus grand nombre de personnes bloquées en Serbie. Beaucoup de personnes signalent des violences des autorités hongroises pendant les « push-back ». Un témoignage recueilli cet été atteste de cette réalité quotidienne :

« Je suis allé en Hongrie trois fois. La première fois après une marche de cinq minutes, la police est venue avec des chiens et m’a battu et puis nous avons été ramenés à la frontière et ils m’ont renvoyé. La deuxième fois, j’ai marché pendant une demi-heure et ils sont venus me battre et ils m’ont renvoyé. La troisième fois, j’ai marché dix kilomètres en trois heures et encore une fois ils m’ont battu et m’ont renvoyé. La police hongroise est donc un gros problème pour les réfugiés parce qu’ils les battent. J’ai marché dix kilomètres en Hongrie et la police est venue me frapper. Ils ont coupé quelques fils dans la barrière barbelée et nous ont poussés à travers. Nous étions douze personnes et la police a battu les douze personnes. On avait une blessure sur la tête avec du sang. Ils avaient un hélicoptère. Et ils ont également utilisé des électrochocs. Et ils avaient aussi du poivre-spray. C’est très dangereux. Si les réfugiés retournent en Serbie, ils ne voient rien. Ils y vont et tombent dans la clôture avec des rasoirs afin qu’ils aient beaucoup de coupures. »

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La violence est omniprésente sur les routes de migration et dans les zones frontalières de la Serbie, de la Hongrie et de la Croatie. En outre, elle se manifeste non seulement par des attaques physiques liée aux agressions policières et aux push-back, mais est également exercée psychologiquement aussi bien qu’institutionnellement.

Ainsi, l’immigration clandestine est répréhensible pénalement en Hongrie1, et les déportations sont très fréquentes dans chaque pays. Le gouvernement Serbe maintient les migrants dans des conditions déplorables. Les camps sont remplis, insalubres et situés dans endroits fortement isolés. A Belgrade, plus de mille migrants dorment dans les rues, et 6000 sont à ce jours coincés dans le pays.

Les nuits sont de plus en plus froides et les conditions météorologiques sont souvent pluvieuses et difficiles à supporter, de sorte que les maladies chez les migrants augmentent. Les températures continuent de baisser et cela continuera d’empirer pendant les prochains mois d’hiver. Des groupes de solidarité ou organisations humanitaires tentent de fournir un minimum d’aide mais il n’y a aucune solution pour lutter contre le froid et trouver des abris pendant la nuit pour chacun. Des solutions auto-organisées comme dormir dans des entrepôts abandonnés sont parfois tolérées (surtout dans les bâtiments qui vont bientôt être démolis), mais sont souvent interdites et rendues impossibles par les autorités serbes. Plusieurs bâtiments occupés, qui ont fourni un minimum d’abri digne et d’espace de couchage, ont été expulsés par la police au cours des derniers mois. Les gens sont harcelés par la police pendant la nuit dans les différents endroits ou ils se réfugient pour dormir (squats, parcs, parkings, etc). Souvent, des dizaines de personnes sont conduites au poste de police, et beaucoup finissent en prison avec des amendes douteuses exigeant jusqu’à 280 €. Ceux qui n’ont pas la capacité de payer restent en prison pour une durée indéterminée…

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La propagande haineuse contre les migrants est un autre aspect de cette violence psychologique. Des manifestations du voisinage xénophobe et raciste ont déjà eu lieu dans le parc de Belgrade près de la gare et ceux-ci harcèlent les migrants, les militants et toute personne étant d’un autre avis que le leur sur la question de la « crise des migrants ». Le nombre de ces manifestations reste faible, mais leur recours à la violence verbale et physique augmente.

Ainsi, l’arbitraire des mesures juridiques, l’incertitude liée au passage par le système des listes d’attente, les décisions politiques en constante évolution et les contrôles incessants de la police créent un climat d’insécurité, de frustration et de peur. Tous ces facteurs conduisent à des blessures physiologiques qui nuisent gravement à la santé mentale des personnes qui souhaiteraient pourtant passer à autre chose, et sortir d’une situation déjà très difficile pour eux.

Campement à la frontière (octobre 2016)

Campement à la frontière (octobre 2016)

La situation actuelle n’est pourtant pas nouvelle, car les murs et les clôtures du régime frontalier européen ont toujours été marqués par l’oppression et la violence. Néanmoins, la récente vague de violence de l’automne 2016 se remarque dans la mesure où la zone avait connu une période d’accalmie en 2015, permettant à des milliers de migrants d’atteindre rapidement et de manière relativement sûre leurs destinations. Cependant, les formes de violence décrites ci-dessus ne doivent pas être perçues comme une donnée immuable, un fait « naturel ». La migration et le désespoir ne sont pas inextricablement liés et d’autres manières d’envisager la migration et l’asile restent possible. Seule la fermeture des frontières et la politique de répression et de dissuasion doivent être tenues pour responsables de la violence. Et seule une politique inconditionnelle de liberté de circulation et d’accueil entraînera la fin de la violence, que ce soit dans ses modes apparents ou plus subtils.

Malgré les conditions se détériorant et un manque criant de perspectives2, les architectes du régime frontalier européen ne peuvent pas arrêter complètement les mouvements des migrants. D’une part, les frontières continuent à être traversées par ceux qui ne sont pas autorisés à le faire, et d’autre part protester contre ces conditions fait reculer le désespoir généralisé et crée des solidarités. Le 4 octobre 2016, un groupe de 400 à 500 migrants ont entamé une marche auto-organisée vers la frontière hongroise depuis Belgrade. Ils ont ainsi marqué un fort signe contre la fermeture des frontières, la politique de non-accueil et la répression en Serbie. En raison de l’épuisement et de la pression implacable exercée par la police serbe, les manifestants ont finalement décidé de retourner à Belgrade après avoir parcouru des dizaines de kilomètres. Mais les reportages médiatiques et la sensibilisation du public considérant généralement les migrants comme des personnes à assister, incapables d’agir par elles-mêmes et vouées à subir une souffrance « normalisée », aura peut être un peu changé… Cette action collective aura en tout cas permis de montrer les capacités de protestation et d’auto-organisation des migrants, et de réaffirmer une fois de plus leur volonté de liberté.

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1 La loi prévoit depuis septembre 2015 jusqu’à trois ans de prison pour tout franchissement de la clôture barbelée érigée par Budapest sur les 175 km de sa frontière avec la Serbie. Cette peine peut être portée à cinq ans en cas de dégâts matériels sur l’installation, comme cisailler des fils barbelés.

2 Le 5 novembre 2016, une « lettre ouverte » du gouvernement serbe aux organisations humanitaires a été publiée, affirmant que tous les réfugiés devraient se rendre dans des camps officiels en mettant ainsi fin à toute aide et solidarité en dehors de ces camps. Il reste à voir quelles conséquences suivront, mais il est évident que la situation des migrants ne s’améliorera pas en Serbie ni ne renforcera leur autonomie.

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Des logements et des papiers !

Quelques textes récents sur les mobilisations, revendications, et sur les conditions de la répression menée contre les migrant.es :

– Mobilisation et revendications des demandeurs d’asiles devant l’OFII à Marseille (voir ici).

– Communiqué des migrants du CAO de Rennes en grève de la faim (voir ici).

– Un texte sur les suites de l’expulsion des migrants des campements de Stalingrad du 4 novembre et des dispositifs mis en place pour empêcher l’installation de nouveaux camps (voir ici).

– Un texte d’appel à la manifestation inter-orga “Migrant-es bienvenue” du samedi 26 novembre à 14h Place Stalingrad : (voir ici).

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CAOMIE de Monoblet, quelques informations et considérations…

Voici quelques informations sur la situation au Centre d’accueil et d’orientation pour mineurs de Monoblet dans les Cévennes.
Partant d’un communiqué du responsable de la structure en charge du centre transmis à divers acteurs associatifs et personnes bénévoles concernées par l’aide aux personnes sans papiers, nous souhaitons apporter quelques considérations et questionnements sur ce que nous percevons comme des limites concrètes rencontrées au sein de ce dispositif national mis en place dans les conditions que chacun connait, mais également pointer des contradictions plus générales liées au positionnement de certains acteurs se disant vouloir venir en aide aux réfugiés à l’intérieur d’un cadre institutionnel.

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Voici ci dessous des informations qui ont été communiquées par le directeur de la Clède, organisme en charge de l’accueil de 29 mineurs étrangers dans le centre de Monoblet (Cévennes) :

[…] “Le projet de ces jeunes est de rejoindre l’Angleterre, aussi, les services anglais sont sur place pour étudier les regroupements familiaux possibles.

Un délai d’environ 3 à 4 semaines est nécessaire au traitement de ces demandes.

Ensuite il y a 2 cas de figures : 1) Si la possibilité d’un regroupement familial en Angleterre est accepté par les Institutions de ce pays, les jeunes concernés seront acheminés vers leur lieu de destination anglaise.

2) Si leur demande de regroupement n’est pas accepté a) Si le jeune le souhaite, il peut constituer une demande d’asile en France; dans ce cas, soit il est mineur et  le dossier sera renvoyé vers la plateforme nationale qui réorientera vers un conseil départemental du territoire national (en effet les mineurs étrangers ou pas relève en France de la compétences des conseils départementaux) b) Si un doute persiste quant à l’âge, un test osseux sera donc diligenté pour vérifier, si le test confirme la minorité c’est le cas/_a_/ qui s’applique. Si la minorité n’est pas reconnue alors la personne passera par un centre d’accueil pour adulte et pourra constituer un dossier d’asile mais ayant dans un premier temps triché sur l’âge, le dossier risque d’être mal engagé.

Il n’est pas exclu que quelle que soit la situation et l’âge, les personnes quittent le centre d’accueil pour regagner malgré tout l’Angleterre………

Mais il est aussi possible que certains souhaitent rester dans la région, surtout pour les adultes dans ce cas, nous ferons appel à vous.

Dans la situation actuelle la gestion de mineurs par la Clède implique des responsabilités élargies bien différents de celles de l’accueil de majeur.

Nous savons votre mobilisation et le cœur que vous mettez à aider ces personnes majeures ou pas mais à Monoblet ce sont des jeunes mineurs qui ont été accueillis et c’est à la Clède  qu’ incombe la protection de ceux-ci, aussi nous vous demandons de ne pas vous présenter à votre propre initiative sur le site sans une autorisation de l’association et/ou sans l’accord du permanent de service.

Nous  vous remercions pour votre compréhension et votre solidarité ”

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D’après les informations communiquées ci-dessus, nous comprenons donc que :

1. La logique d’isolement va continuer et les mineurs vont rester dans le doute encore un bon moment en attendant le traitement de leur dossier par les services anglais, et rien ne se passera d’ici là.

2. La logique de tri est toujours présente afin de limiter au maximum le nombre de demandes de regroupement en Angleterre. Pour cela, le premier critère est celui de l’âge. Les services anglais venus sur place (qui ne sont en réalité restés qu’une journée dans le centre) suspectent d’ores et déjà la présence de majeurs, les entretiens ont pu leur permettre de se faire un premier avis (de quelle manière ???), et des solutions sont déjà prévues pour la suite (tests osseux, reconduite dans un centre pour adulte). D’autres méthodes de renseignements « fiables » leur ont permis par exemple de déterminer la véracité des propos des mineurs, comme regarder sur le téléphone de l’un d’entre eux la liste de ses contacts pour voir si les noms avaient plus une consonance « moyen-orientale » ou « anglaise »…

3. Les services de l’aide sociale à l’enfance prise en charge par les conseils départementaux semblent être soumis à la condition d’une demande d’asile alors qu’ils sont un droit, pour tous. La prise en charge et l’accompagnement par ces services auraient déjà depuis longtemps du être effectué1. Que se passera t-il pour les personnes qui ne souhaiterons pas déposer une demande d’asile ou si celle-ci échoue, comme en moyenne 80 % des demandes en France ? Les fera t-on attendre encore dans un autre centre le temps qu’ils deviennent majeurs et expulsables ? Les remettra t-on gentiment à la rue, un billet de train pour Paris en poche ?

4. En plus de l’isolement géographique du centre (à 5 km des premiers villages dans les collines et en zone blanche donc quasiment sans réseaux téléphoniques), l’organisme en charge des mineurs pose des distances avec toute aide extérieure, ou en tout cas fera appel à elle selon ses besoins et ses conditions. Si l’accueil de mineurs « implique des responsabilités élargies bien différentes de celles de l’accueil des majeurs », nous aimerions savoir quelles sont-elles et en quoi justifient-elles cet isolement ? Le nombre de visiteurs était déjà limité depuis l’ouverture du centre, seuls des cours de français sont mis en place (en plus du poste de télévision) et les jeunes commencent à trouver le temps long. En invitant les personnes à ne pas se présenter de par leur propre initiative, et que peu ou pas de dynamiques collectives semblent se profiler, il est à craindre que les activités et les contacts avec l’extérieur demeurent quasi nuls. Cela étant, des propositions d’activités ont reçu un bon accueil des travailleurs sociaux. Il semble toutefois compliqué d’organiser des activités avec les jeunes à l’extérieur, même si ceux-ci sont sensés être libres de leurs mouvements. Là ou l’Etat a reparti plus de 1800 mineurs dans la plus grande illégalité et dans la hâte à travers toute le pays, une poignée de bénévoles souhaitant changer les idées pour quelques heures à des mineurs ayant déjà subit maintes souffrances à travers leur long périple se le verrait « interdire » ???

5. Comme indiqué, il est clair que l’on peut s’attendre à ce que les personnes refoulées par les services anglais persistent dans leur volonté d’aller en Angleterre. Il est donc certain que des personnes partent d’ici quelques semaines par leur propres moyens, dès lors qu’elles apprendront le refus de leur regroupement familial, et après avoir passé plus d’un mois à ne rien faire. L’hiver sera à ce moment là bien présent et la « protection » des personnes vulnérables n’aura donc été que de courte durée… Mais alors que les questions de « mise à l’abri » ne sont posées qu’en des termes juridiques et institutionnels, quelles solidarités concrètes respectant le vouloir des personnes concernées peuvent être organisées tout en dépassant les cadres imposés par l’Etat ou des organismes participants à sa politique de gestion migratoire ?

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Si la bonne volonté des travailleurs sociaux présents sur place et des dirigeants de la Clède n’est certainement pas à mettre en doute, nous ne pouvons nous empêcher de placer dans le contexte local de l’accueil des données plus générales, celles qui nous permettent d’émettre des questionnements quant à la finalité et à la mise en œuvre d’une telle opération.

Que se soit pour l’accompagnement de mineurs ou de majeurs, la politique d’accueil reste la même en Europe et se base sur des critères simples, à savoir : l’isolement, le tri et les expulsions. Nous n’oublions pas que de très nombreux demandeurs d’asiles sont à la rue depuis de longs mois, voire des années (30000 places en CADA en 2015 pour 70000 demandes environ), certains revendiquent d’ailleurs publiquement un toit avant l’hiver2 ; que de très nombreux mineurs ne sont pas pris en charge dans certains départements, certains se mettent d’ailleurs en grève de la faim pour qu’on les écoute3 ; et que les expulsions, légales ou non, de mineurs notamment, sont quotidiennes et représentent pour certaines destinations des risques graves pour ces personnes4. Mais celles-ci ne sont plus là pour en parler. Cette politique menée par les états est donc responsable de la souffrance et de la mort de milliers de personnes, et les premiers concernés en sont bien conscients, n’oublions pas que se sont eux qui ont passé les frégates militaires, les postes douaniers, et ont échappé aux nombreux contrôles de « représentants » en uniformes.

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Aussi, nous voyons dans la mise en place des CAO la même logique d’infantilisation et d’autoritarisme déjà palpable dans les programmes d’aide humanitaire ou d’accueil citoyen. Les premiers concernés sont systématiquement mis à l’écart des prises de décisions qui les concernent pourtant directement. Des personnes, collectifs ou organismes décident de ce qui est bon ou non pour leurs « protégés », sans bien souvent jamais leur poser la moindre question, ou leur laisser le moindre choix. Des réglementations apparaissent très rapidement dans des lieux d’accueil sous couvert d’apporter « une mise à l’abri », une « déontologie » ou un respect de la légalité et des institutions car « nous » savons évidemment mieux qu’« eux » ce qui leur est profitable, et ce qu’« ils » doivent respecter. Ce positionnement limite de fait bien des possibilités et place toute action de soutien dans un cadre condamnant à rester dans le sillage institutionnel, ce qui de plus ne semble d’ailleurs pas éveiller chez certains des contradictions pourtant évidentes.

L’exemple criant de la mise en place d’une charte écrite (voir ici) par et destinée aux bénévoles du centre d’accueil pour majeurs de Guillestre dans les Hautes-alpes montre des limites à dépasser. Chaque bénévole s’engage en effet à ne pas donner le moindre conseil juridique ou médical (seules les personnes habilitées pourront s’en charger), ne pas poser de question quant au parcours des personnes (afin de réserver la primauté de leur récit aux inspecteurs chargés des dossiers), doivent se tenir à la plus grande confidentialité (donc que tout ce qui se passe dans le centre doit être tenu secret), rester neutre face aux décisions de l’Etat (donc s’en tenir bien sagement à son rôle d’auxiliaire et ne pas intervenir). Des associations telle France Terre d’Asile, en charge notamment de la gestion de ce centre, s’assurent une main mise sur le fonctionnement des CAO et sur leurs bénévoles, assurant ainsi pleinement les missions que leur a confiées l’Etat5.

Les centres d’accueil et d’orientation sont des voies de garage mises en place par l’Etat. Ils n’apporteront aucune solution sur le long terme et n’ont d’ailleurs qu’une durée de vie programmée de quelques mois. Si toutefois une poignée de personnes réussissent à rejoindre légalement l’Angleterre par ce biais, l’immense majorité restera sur le carreau et sera re-ballottée, invisibilisée et donc livrée à elle même, quant elle ne sera pas expulsée. De nombreuses questions se posent donc maintenant, notamment comment maintenir (ou créer) des liens qui avaient été auparavant établis à Calais et ailleurs, comment se saisir des orientations qui vont être prises d’ici quelques semaines afin de pouvoir y remédier, comment amener un débat critique de ce système basé sur l’exploitation et la domination, et au final, comment développer des stratégies efficaces de luttes. Les CAO sont répartis sur tout le territoire, à chacun donc d’apporter des réponses…

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1 La circulaire organisant le dispositif prévoie une dérogation et précise que le droit commun, qui est le simple respect de la loi, est malvenu : « L’isolement de la minorité et de l’isolement en vue de l’intégration dans le dispositif de droit commun de protection de l’enfance se mettra en place dès lors que l’option d’accueil par le Royaume-uni aura été définitivement écartée. Dans ces conditions, il n’est pas utile ou pertinent que le conseil départemental ou l’association désignée commence l’évaluation des mineurs dès leur arrivée. » Plus d’info ici : https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2016/11/18/cao-mineurs-la-circulaire-qui-organise-le-non-droit/

2 Comme à Marseille ou une cinquantaine de demandeurs d’asile sans logement manifestent depuis des jours devant les bureaux de l’Ofii pour obtenir un toit. Voir : https://mars-infos.org/la-mobilisation-de-demandeurs-d-1859 

3 Comme dans le CAOMIE de Talence près de Bordeaux ou trois jeunes afghans de 16 ans ont eu recours à ce procédé afin de trouver par eux-même une issue à leur avenir. Voir (en Anglais) : https://www.theguardian.com/uk-news/2016/nov/14/afghan-children-hunger-strike-france-in-bid-to-rejoin-families-in-uk 

4 Les reconduites illégales de mineurs interceptés une fois passé la frontière Italienne dans la vallée de la Roya ou les expulsions directes de pays d’Europe dans d’autres pays comme le Soudan en sont des exemples.

5 L’association France Terre d’Asile était notamment présente aux côtés des officiels lors du démantèlement de la jungle de Calais. Un premier tri des mineurs au faciès avait lieu, puis était confirmé par un entretien de moins de cinq effectué par un salarié de FTA et un officiel Britannique pour confirmer la minorité, et orienter.

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Expulsions au Soudan

Des vols sont réservés pour une personne le 17 novembre de Paris à Doha avec une forte probabilité que Doha ne soit qu’une escale à destination de Khartoum et pour une autre personne le 19 novembre à destination de Khartoum. Ces deux vols ont été affichés dans le centre de rétention de Vincennes. Pour le moment nous savons que la première personne doit quitter le CRA le 17 novembre aux alentours de 15h pour un vol supposé autour de 19h.

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Une autre personne attends de savoir si un vol lui est réservé.

Les trois personnes exilées en France concernées par ces vols ont été interpellées à Calais durant le démantèlement. Une fois placées au centre de rétention de Coquelles, une obligation de quitter le territoire français SANS PAYS DE DESTINATION leur a été notifiée.Elles ont ensuite été transférées au centre de rétention de Vincennes. Le/la juge des libertés et de la détention a rejeté leur demande de mise en liberté.

Notre inquiétude est d’autant plus forte que ces expulsions pourraient avoir pour objectif d’illustrer l’efficacité du système de déportation au  départ de Calais. Et de ce fait être mises en œuvre pour l’exemple.

Il paraît plus que nécessairement de s’inquiéter et de se mobiliser autour de ce qui s’annonce être une expulsion de personnes exilées en France vers le Soudan.

Reçu du Legal Centre Calais

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Cantines sans frontières ! Samedi 26 novembre à Alès

Cette initiative est proposée afin d’apporter une aide financière à plusieurs familles sans papiers hébergées aux alentours d’Alès.

Une partie de l’argent récolté servira également à aider des personnes enfermées en centre de rétention et les personnes déportées de Calais présentes dans les vallées cévenoles.

Elle vise également à développer des liens entre les exilés et leurs différents soutiens afin de renforcer des réseaux d’entraide.

La solidarité s’exprime dans un ensemble de pratiques comme les mutuelles, trouver un logement, dépanner une machine à laver, se mobiliser pour empêcher des expulsions, organiser des événements de soutien, etc.

Pour éviter de centraliser et d’institutionnaliser la solidarité, nous encourageons à diffuser et multiplier ces pratiques.

Cette cantine est organisée avec les personnes concernées et l’argent récolté (le repas est à prix libre) leur sera reversé.

Au menu, repas du Caucase, c’est à la Rétive (42 rue du Fbg d’Auvergne) à Alès le samedi 26 novembre dès midi.

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Solidarité avec les inculpé.es de la Roya !

Alors que les institutions font tout leur possible pour faire refouler les exilés arrivants dans la Roya et rendre leur transit le plus difficile possible, que les forces de police barrent l’accès à une église à laquelle un évêque ouvre les portes, et celle de l’association musulmane, pour accueillir une quarantaine de personnes à la rue et en profitent pour fouiller et embarquer tout le monde, que les expulsions souvent illégales vont toujours bon train et que chaque sentier et quai de gare sont contrôlés, les personnes solidaires venant en aide aux réfugiés dans la vallée se retrouvent en première ligne et subissent la répression.

Francesca vient de passer 52 heures en garde à vue, suite à un contrôle routier où elle est accusée d’avoir fait passer la frontière à plusieurs personnes. Elle passera en procès pour aide au séjour irrégulier le 4 avril 2017. C’est le cas aussi de Cédric et Pierre Alain qui passeront en procès le 23 novembre prochain à Nice, notamment pour occupation de bâtiment public et aide au séjour irrégulier, et sont actuellement placés sous contrôle judiciaire.

Soyons présents pour les soutenir ! Aucune loi ne nous empêchera d’accueillir qui bon nous semble. Ensemble, passons toutes les frontières !

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A lire également l’article suivant pour plus d’infos : http://www.bastamag.net/A-la-frontiere-franco-italienne-les-habitants-de-la-vallee-de-la-Roya-risquent

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Arrivée de jeunes mineurs exilés au CAO de Monoblet

29 jeunes mineurs sont arrivés dans la nuit de jeudi 3 novembre dans l’ancien centre de vacances « Les Amariniers » situé sur la commune de Monoblet dans les Cévennes.

Cette arrivée est liée à la fin du démantèlement de Calais, où l’État Français a mis en place une répartition des exilés dans des centres dit « d’accueil et d’orientation » (CAO, ou CAOMIE pour ceux accueillant des Mineurs Étrangers Isolés).

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La mise en place de ces centres est critiquable sur bien des aspects :

– les CAO ont servi à légitimer la destruction de la Jungle en apportant une caution humanitaire, mais font partie de la logique globale de « gestion des flux » et d’enfermement des sans-papiers, tout comme les hotspots en Grèce et Italie, les centres de rétention en Europe, ou les camps soit-disant humanitaires gérés par les institutions.
– ils ne correspondent pas aux attentes des exilés, on n’a rarement entendu dans leurs revendications « nous voulons des CAO », mais bien plus souvent « ouvrez les frontières ».
– ils ont pour effet de participer à la logique de tri et d’expulsion voulue par les états. A Calais, les familles, les mineurs, les personnes dîtes vulnérables, et les hommes seuls ont tout d’abord été séparés, chaque « catégorie » ayant été parquée derrière des barrières avec un bracelet de couleur permettant de les différencier. Le tri administratif va ensuite s’opérer dans les CAO entre ceux qui persisteront à vouloir aller en Angleterre, ceux qui demanderont l’asile en France, ceux qui « accepteront » un retour au pays. Dans chaque cas, des expulsions sont à prévoir, à cours ou moyen terme.
– la séparation des exilés accroît encore plus l’isolement de chacun. Les personnes déplacées ne savaient pas quelle était leur destination avant de partir, et n’ont pu choisir avec qui elles iraient, le rapport d’entraide et de solidarité est donc brisé. De plus, pour toutes celles et ceux qui effectuaient à Calais des démarches administratives, de santé (mais aussi des démarches personnelles pour rejoindre des proches en Angleterre), le suivi et l’avancement de ces procédures sont eux aussi rompus. Le contact avec les personnes solidaires qui les accompagnaient l’est également.
– la mise en place du dispositif pose question quant à réalisation concrète : chaque centre est géré par une association (le plus souvent agissant déjà dans le domaine « social », c’est le cas de la Clède située à Alès qui prend en charge le CAO de Monoblet situé à 30 km de ses locaux), l’accompagnement différera d’un endroit à l’autre, et ne sera comme on peut le craindre pas forcement adapté, si toutefois il existe.
– ils sont une solution « au rabais » par rapport aux droits qui leur sont normalement dus : tous les demandeurs d’asile pendant le traitement de leur demande devraient notamment avoir une place dans un centre d’hébergement spécifique et un accompagnement adapté, pas une solution à court terme et mise en place à la hâte. C’est aussi le cas pour tous les mineurs non accompagnés qui devraient être pris en charge, hébergés, et avoir la possibilité de poursuivre une scolarisation normale. Mais cette législation n’est évidement pas respectée, ni à Calais, ni dans aucune grande ville, et des centaines d’enfants dorment ainsi à la rue.
– certaines communes ont été mises devant le fait accompli, ce qui fait que l’aide qui pourrait être apportée localement ne sera fournie que sur le tas, quand la commune n’est elle même pas carrément hostile à l’accueil de réfugiés, comme c’est le cas notamment à Saint Bauzille de Putois près de Ganges.
– les CAO fonctionnent sous la responsabilité des préfectures. Il ne faudra donc pas oublier que chaque personne qui quittera un centre sera signalée aux services de l’Etat, et que les décisions qui seront prises concernant les pensionnaires, notamment les obligations de quitter le territoire, les assignations à résidence, ou les Dublinages (renvoi dans un autre pays d’Europe) devront être à priori respectés. Le flou demeure pour l’instant quant à ce qu’il va se décider, quelles seront les applications et les prises en charges, et il est difficile d’envisager avec précision les suites à venir.

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Cela étant, les personnes présentes dans ces centres ont besoin de soutien, tant au niveau humain et matériel, qu’au niveau de l’aide pour réaliser leur projet, qu’il soit de demander l’asile en France, ou de passer la frontière… Dans chacun des cas, il est possible d’être présent et d’apporter une aide concrète. Il importe également de savoir ce qu’il se passe à l’intérieur de ces centres afin de parer à des situations telles que les expulsions, l’enfermement et l’isolement, et ne pas laisser les politiques agir dans la plus grande impunité.

Le CAO de Monoblet se situe près du col du Rédarès (suivre « Les Amariniers »), entre Lasalle et Saint Hippolyte du Fort. Quelques uns des jeunes parlent un peu Français ou l’Anglais. Ils ont notamment besoin d’habits (pantalons, sous vêtements, chaussures taille 40 à 44, apporter de chouettes affaires !), de téléphones portables, mais d’autres choses peuvent être utiles (friandises, fruits secs, chocolat, fruits, jeu de carte, ballon de foot…), le centre est isolé dans la forêt, il n’y a donc pas grand chose à faire là-bas… Bref, toute initiative sera la bienvenue…

Pour tout contact, ou pour envoyer des infos : cevennessansfrontieres@riseup.net

Un article sur le sujet : https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2016/11/05/des-mineur-e-s-disperse-e-s-dans-toute-la-france-et-dans-lincertitude/ 

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