MAROC / MIGRATIONS: Voyage aux portes de l’enfer

Dans le cadre de la venue d’Emmanuel Mbolela et de la tournée de présentation autour de son livre “Réfugié” (du 19 au 25 novembre dans les Cévennes et alentours…), nous reproduisons un article paru dans le numéro de septembre du journal Archipel (Forum Civique Européen) sur un lieu d’accueil à destination des femmes et des enfants créé à Rabat. Ce projet est soutenu sur place par l’association Boabab et l’Arcom (voir plus bas), dont Emmanuel est l’un des membres fondateurs. Il nous semble donc intéressant de le publier aujourd’hui…

«Nous sommes et devons rester des contemporains acharnés de la plus longue et massive noyade en mer de l’histoire humaine»*


Le FCE a parlé régulièrement des migrant·e·s subsaharien·ne·s au Maroc (1). Après avoir rencontré Emmanuel Mbolela lors de la tournée de présentation de son livre Réfugiés, une odyssée africaine (2) en février dernier dans le sud-est de la France, j’ai décidé de me rendre à Rabat pour y rencontrer ces femmes échouées de voyages inracontables que l’association Baobab et l’ARCOM (3) mettent à l’abri, pour quelque temps seulement; quelque temps seulement mais un temps si précieux au vu du terrible périple dans lequel elles se sont lancées.

Rendre compte de ces rencontres, de ces témoignages n’est pas chose facile et c’est bien l’incontournable nécessité qui m’enjoint de le faire. Elles ont besoin d’aide et si n’importe quel être humain digne de ce nom croise leur chemin, il·elle ne pourra les enfouir au fond de sa mémoire; elles sont et seront fantômes, résurgences de nos histoires coloniales, guerrières, cauchemars de nos bien-être protégés, femmes victimes d’être femmes. Nous devenons les témoins de l’inacceptable!


A la rencontre des femmes battantes
Au premier jour, rendez-vous est pris devant une banque dans le quartier Hay nahda (4),  petits immeubles, alignements d’échoppes et d’ateliers: menuisiers, ferronniers, carrossiers, mécanos et autres artisans nécessaires à nos vies quotidiennes. On y décèle des stigmates de pauvreté bien que le quartier soit moins jonché de ces mini-décharges à ciel ouvert que l’on trouve un peu partout à Rabat et dans ses alentours.
Nous entrons dans un appartement dont la pièce centrale est bondée de femmes et d’enfants qui nous attendent. Surprise!  C’est la réunion mensuelle organisée avec les «bénéficiaires» de la petite aide, dix euros par mois, que donne l’ARCOM à celles qui scolarisent leurs enfants à l’école publique marocaine. L’école est gratuite mais les fournitures ne le sont pas et pour ces femmes qui n’ont pas un sou, c’est un véritable engagement, si ce n’est un défi, que d’envoyer leurs enfants à l’école. Il y a quelques années seulement, ça n’était pas possible: pas d’inscription pour les étranger·ère·s.
Suite à une première vague de régularisations (dont les Européen·ne·s ont été majoritairement bénéficiaires), ça l’est devenu et Emmanuel, Raoul, Christie et Arlette, responsables de l’association, insistent pour que les enfants aillent à l’école, rencontrent et se mélangent avec les enfants marocains, ce qui est loin d’être une sinécure. En effet, il y a encore beaucoup de racisme et de xénophobie au Maroc vis-à-vis des Noir·e·s africain·e·s et malheureusement les enfants sont souvent le mauvais reflet de ce que leur environnement leur transmet. Les paroles et actes racistes sont quotidiens et les petit·e·s écolier·ère·s subsaharien·ne·s essuient les plâtres – expression bien adaptée pour ces enfants qui doivent ouvrir les portes des douloureux processus d’intégration dans les cours de récréation.
De plus, pour ces enfants souvent francophones, apprendre l’arabe, c’est dur! Il faut du temps, de la patience et du soutien, ce qui n’est pas toujours possible parce que leur seul soutien, ce sont les mamans. Celles-ci ne parlent pas arabe et passent le plus clair de leur temps à trouver de quoi survivre, à se loger, à chercher cet argent qui leur fait cruellement défaut et les oblige à se vendre sur un marché du travail sursaturé. C’est encore là la configuration la plus optimiste, les autres étant bien plus abominables. L’expérience de la rue qu’elles ont à peu près toutes vécue leur rappelle douloureusement qu’il est interdit de se laisser aller, parce que le corps et l’esprit ont la mémoire des traumatismes subis. Elles deviennent des esclaves; une sous-classe sans droits; «déchets» d’une inhumanité qui semble ne plus avoir de limite dans l’abandon de ses contemporains.

Entendre et comprendre l’inimaginable
Armée d’un micro, je veux ramener des témoignages de ces chemins parcourus et je me dis que, peut-être, il serait intéressant d’enregistrer la discussion que nous allons avoir. Je n’ose le sortir, on ne se connaît pas et je ne veux en aucun cas qu’elles pensent que je les prends pour des bêtes de foire, des curiosités. Je prends donc mon courage à deux mains et je me présente. Je ne veux pas qu’il y ait d’ambiguïtés. Je suis là pour les rencontrer, connaître les projets, leurs luttes, l’organisation autour de cet accueil, la réalité d’une vie quotidienne dont nous sommes si éloigné·e·s qu’il est impossible de l’imaginer et ainsi pouvoir en témoigner. Témoigner parce que leurs histoires ne doivent pas tomber dans les oubliettes de la grande Histoire. Et puis, si je n’ai pas les moyens de leur faire passer la Méditerranée, je vis dans un pays riche (nos richesses étant fortement reliées à leur pauvreté…) où l’on peut trouver des soutiens pour augmenter et renforcer ces formidables projets que les ami·e·s de l’ARCOM et d’AEI (5) développent. Je leur explique la radio, le collectif de Longo maï, que nous partageons nos lieux, nos activités, que nous essayons de développer des systèmes économiques et sociaux solidaires, chez nous pas de salarié·e·s, on met en commun les revenus… Je crois que ça leur parle, elles sont attentives, je les sens présentes, étonnées!  Je leur demande la permission d’enregistrer et nous nous lançons dans un échange de revendications, de propositions.
Elles me disent leur désespoir, leur quête quotidienne de survie, leur solitude et leurs solidarités. Il ne faudra pas seulement acter des projets humanitaires, il faudra se battre! La place qui leur est due, en tant qu’être humain, n’est pas à revendiquer, elle est à conquérir et à imposer comme une évidence absolue. Je leur raconte qu’à Bamako, dans les locaux de radio Kayira (6), des gens intelligents avaient eu la bonne idée de monter un atelier de couture, lieu de recherche, de formation, de production, chacun·e pouvant mettre ses compétences au service du projet, des autres. Illumination immédiate des visages de quelques-unes qui s’imaginent déjà coiffant, cousant, cuisinant, étudiant, gardant les enfants des unes et des autres, prenant des cours de langues, offrant leurs compétences à d’éventuels projets de ce type. L’une d’entre elles sort d’un coin de la pièce et lance: «Oui on peut faire ça parce que nous aussi nous savons faire des choses. Nous avons fait des études, des formations. Nous avons travaillé et eu toutes sortes d’expériences. Nous sommes capables de créer des choses, de nous organiser!». C’est là que je comprends que leur fuite et les violences endurées, cumulées, les ont totalement privées de leur identité, vidées de leur contenu: elles ne sont plus que des corps souffrants en quête des miettes de domesticités sous-payées.
Les jours suivants nous sommes allées d’un foyer à l’autre pour proposer à chacune de témoigner. Toutes ne l’ont pas voulu. Difficile de raconter son histoire quand c’est encore si frais. Les traumatismes sont énormes, les enfants laissés au pays… les larmes coulent et l’impossibilité de se projeter dans un quelconque avenir ne permet pas d’envisager un dépassement de ces blessures. Lorsqu’elles devront quitter le foyer, dans deux ou trois mois, pour laisser la place à d’autres qui ont aussi terriblement besoin de cette parenthèse, que vont-elles faire? Beaucoup d’entre elles sont parties pour fuir les mariages forcés, l’excision, la prostitution, les risques conséquents à la perte d’un mari décédé au cours d’un conflit… Beaucoup d’entre elles arrivent au Maroc chargées d’enfants non désirés, conséquence directe de leur vulnérabilité et du prix à payer pour aller vers ce paradis fantasmé. Je leur demande si elles arrivent à se projeter dans une activité, un rêve. Une seule a été capable de me répondre: «je voudrais m’occuper des vieux, des personnes âgées, parce que je les trouve touchantes, tellement fragiles et tellement riches de leur vie passée…». Pour les autres, juste travailler, trouver un emploi quel qu’il soit, gagner trois sous pour nourrir les enfants et surtout ne pas être obligées de vendre leur corps dans d’abominables conditions.
Christie et Arlette s’emploient à leur chercher du travail ou une formation mais ce n’est pas gagné à tous les coups et certaines repartent avec un peu plus d’énergie mais avec la peur au ventre de retrouver directement les mêmes violences dont elles ont pu s’éloigner quelque temps.


Pauvres perspectives
Dans un grandiloquent discours de réintégration au 28ème sommet de l’Union Africaine, le 31 janvier de cette année, Mohamed VI alias M6, le roi du Maroc, a promis à ses «frères» africains «des régularisations et une protection nécessaires, vitales pour ces hommes et ces femmes qui ont trop longtemps souffert de la clandestinité». Sur le terrain, ce discours n’a pas encore été relayé et la souffrance dont ce bon roi nous parle est bien encore le lot quotidien de quelques milliers de personnes.
A l’ARCOM, depuis l’ouverture du droit au séjour pour les étranger·ère·s, l’équipe travaille sur la régularisation des pensionnaires des foyers et des mamans qui ont accepté de scolariser leurs enfants. Ce qui permet d’avoir un minimum de protection, le droit au travail, l’accès aux soins. Mais ces nouvelles législations ne sont pas encore réellement accompagnées d’une organisation administrative efficace et adaptée. De plus, de manière pas forcément fortuite, les prix des services consulaires ont simultanément augmenté. Il est difficile de trouver les sommes nécessaires pour obtenir les documents obligatoires au dossier de demande de carte de séjour. Les Européen·ne·s émigré·e·s au Maroc sont, encore une fois, les principaux·ales bénéficiaires de ces nouvelles lois. Je vous laisse deviner le comment et le pourquoi…
L’hydre coloniale n’a rien perdu de sa vigueur et sa capacité d’adaptation, de maquillage, est encore bien réelle. Dans un Maroc rongé par le chômage des jeunes principalement (environ 10,5% dela population, dont 79,5% sont des citadin·ne·s et 64,8% ont entre 15 et 29 ans), on imagine les réactions auxquelles peuvent être confronté·e·s celles et ceux qui sont devenu·e·s, de par leur quête de mieux vivre, les parias économiques d’un système «charognard». Cette société se nourrit de cette nécessaire main-d’œuvre utilisable à volonté.

Nous avons commencé à rêver
Alors, puisqu’il n’y a pas de travail ou si peu, puisque les compétences de ces dernières arrivantes ne sont pas reconnues donc pas valorisées et que leurs besoins ne se limitent pas à l’unique survie mais bien à la «Vie», nous avons rêvé d’un lieu. Un lieu physique où construire et réaliser, où se réaliser, se retrouver soi-même et les autres, échanger, produire, se solidariser, apprendre ou réapprendre à être soi, à être maîtresse de son destin, à choisir, vouloir, désirer. Un lieu où les enjeux ne seraient pas ceux du pouvoir et de la concurrence mais ceux de la libération, où la condition d’esclave serait définitivement bannie, où les races, les sexes, les âges se nourriraient les uns des autres, mobiliseraient pour, ensemble, déconstruire les cadres oppresseurs. Dans un récent article du Monde, Erri De Luca écrivait: «Aucun d’entre eux·elles n’a de papiers ni de bagages. Leur exil les a privé·e·s de leur nom, leur identité. Ce sont des êtres vivants et c’est tout. Leurs enfants, leurs petits-enfants voudront savoir retrouver les pistes traversées, l’épopée légendaire qui aujourd’hui est un fait divers, en cas de massacre». Comment être témoin et ne pas réagir, dans un monde sur-informé nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas!

Marie Pascale, membre du FCE France.

1. Voire notamment Archipel No 247, 256, 261
2. Réfugié. Une odyssée africaine. Editions Libertalia, 2.2017, 264 pages, 10 Euros
3. Anciennement Association des réfugié.e.s Congolais-es au Maroc, aujourd’hui Association des Réfugiés et Communautés subsahariennes au Maroc
4. Quartier excentré à l’ouest de Rabat
5. Afrique Europe Interact est un réseau de bénévoles créé fin 2009 par des activistes du Mali, Burkina, de Guinée, Tunisie, du Maroc, d’Allemange, Autrichee et des Pays-Bas. Il revendique la liberté de circulation des personnes et les mêmes droits pour tous. www.afrique-europe-interact.net
6. Radio Kayira est née au début des années 1990 à Bamako. Soutenue par Radio Zinzine et le Forum Civique Européen, entre autres, cette radio a multiplié les antennes sur le territoire malien et est devenue un média incontournable.

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Expulsions sauvages au Prahda de Vitrolles

Voilà qu’est ce que c’est concrètement le PRAHDA : la négation de toute garantie  de procédure et du droit de recours. Nous transmettons un récit de l’arrestation illégale et de l’expulsion sauvage qui a eu lieu mardi 24 octobre depuis le PRAHDA de Vitrolles. Là où l’état cherche à isoler les individus à l’intérieur de ces centres d’expulsions, briser le silence et dénoncer ce qu’il se passe derrière les murs reste plus que jamais d’actualité.

Mardi 24 octobre au matin, la directrice du PRAHDA de Vitrolles dit à Sekou, Adama et Ali qu’elle a reçu un email de la préfecture lui demandant de les conduire au Commissariat de Vitrolles. Les trois ne se doutent de rien : ils viennent de sortir du tribunal administratif (la veille) : leur recours contre une décision de transfert “Dublin” vers l’Italie a bêtement échoué, mais ils préparent l’appel (avec la perm juridique du Manba). Quand la directrice leur demande de monter à bord de sa voiture, ils pensent qu’il s’agit du simple contrôle de présence qu’ils font déjà depuis quelques jours dans le cadre de leur assignation à résidence au PRAHDA. Surtout aucun « routing » ne leur a été adressé comme c’est d’usage avant toute expulsion “Dublin” (= document informant des modalités du futur “transfert”). Pourquoi s’inquiéter ?

A l’arrivée au commissariat, c’est la Police aux frontières qui les attend (PAF = police des étrangers) : ils vont êtres enfermés au Centre de rétention de Nîmes. La police dit : ça devait être le CRA de Marseille, mais il tourne à plein…! Les 3 garçons savent que la pratique de la rétention est interdite pour les étrangers « dublinés » ! (ça vient d’être confirmé par la Cour de Cassation) En plus, la police ne leur a notifié aucune ordonnance en ce sens signée du Juge des Libertés et de la détention (le juge du CRA), comme l’exige la procédure : depuis quand on embarque les gens sur un simple mail ! Mais ce ne serait pas la première fois que la préfecture des Bouches-du-Rhône et sa police se torchent avec les garanties de procédure… et la directrice du PRAHDA qui a collaboré à l’arrestation ? Elle réagit pas ! Contraints, ils montent à bord du véhicule de la PAF.

Nouvelle surprise en cours de route : le véhicule ne les mène pas à Nîmes, mais dans un commissariat dont ils ignorent la localisation. En interrogeant les personnes autour d’eux, ils apprennent qu’ils sont retenus au commissariat d’Avignon. Pourquoi un commissariat ? Ils n’y
voient aucun avocat, aucun juriste, aucun juge, ni médecin, on ne leur remet aucun PV ou notification de retenue. On leur dit simplement qu’ils passeront au tribunal le lendemain. Ils sont retenus de manière totalement sauvage, mais ils sont soulagés d’apprendre qu’ils vont voirun juge. Lucarne d’espoir depuis la cellule.

A l’extérieur, personne ne sait où ils se trouvent et leurs amis les cherchent activement. Ils finissent bien par trouver leurs noms sur les listes du centre de rétention de Nîmes, mais on leur dit qu’ils ne sont pas au centre. On leur dit qu’ils y seront probablement transférés le
lendemain et qu’ils seront même certainement libérés après avoir été audiencés par le Juge des libertés et de la détention : ce genre de « retenues de confort », comme on les appelle dans le jargon, sont strictement illégales. Le juge de Nîmes sanctionnera la préfecture, ne vous inquiétez pas.

Le soir même, nouvelle arrestation au PRAHDA de Vitrolles : Dawit, originaire d’Ethiopie, retrouve ses 3 compagnons d’infortune dans la cellule d’Avignon.

Mercredi 25 octobre, le lendemain, toujours rien. Puis un coup de téléphone en fin de matinée : urgent ! Vos amis sont en instance de transfert vers l’aéroport de Marseille ! Ils vont être embarqués sur un vol à destination de Venise ! Mais le juge ? les garanties de procédures, le droit de recours ? l’arrestation et la détention illégale ? Qu’ils s’opposent à leur embarquement, c’est leur dernière chance de passer devant le juge et faire valoir leurs droits…

Mercredi 15h : Sekou, Adama, Ali et Dawit sont maintenus dans un box de la zone d’attente de l’aéroport de Venise ! Ils n’ont pas été assez forts face à la police. Elle n’a rien voulu entendre sur leurs droits non plus. A leur arrivée, ils ont été livrés à la police italienne, qui
est en train de trancher sur leur sort : alors, centre de rétention, campo, hotspot ? Si la chance est au rendez-vous, ils seront peut-être libérés avec une “simple” interdiction du territoire européen (= clandestin à vie) ? Passeront-ils à côté de l’expulsion vers la Guinée,
l’Ethiopie, la Libye ?…

Le soir-même, seuls deux d’entre eux sortent de la zone d’attente de l’aéroport, soulagés, avec une convocation à se rendre à la préfecture de Venise. Il paraît que c’est charmant Venise. Aucune nouvelle de leurs deux compagnons depuis.

Sekou, Adama, Ali et Dawit sont demandeurs d’asile et vivent en France depuis des mois. L’Etat français les a expulsé et en toute illégalité vers l’Italie, pour se débarrasser de leur demande d’asile. Quand on les a rencontré, qu’on a ri, parlé, déjeuné avec eux, entre Marseille et Vitrolles, aucun d’entre eux ne voulait plus entendre parler de l’Italie : ils y ont subi des violences de la part de la police, dès leur descente du bateau dans les ports du sud du pays. Ils savent aussi qu’aucune demande d’asile n’aboutira dans un contexte de crise des institutions italiennes. Depuis le PRAHDA, ils se battaient, à armes légales, contre le risque de s’y faire expulser.

Ali est considéré à tort comme ayant déjà sollicité l’asile en Italie : quand on est passé par les hotspots du sud de l’Italie, c’est pratique courant. On vous identifie à la descente du bateau, on vous extorque vos empreintes, on enregistre votre demande d’asile de manière automatique, ce que vous ignorez, parce que vous n’avez pas droit à un interprète ou un conseil juridique. Puis la police vous met dehors en vous disant « bonne route » ! Evidemment, on se garde bien de vous informer des procédures pour continuer effectivement l’instruction de votre demande d’asile, passer l’entretien obligatoire avec un agent, etc… Ça arrange bien les autorités italiennes que vous quittiez leur pays : votre dossier est clôt pour absence, vous êtes déjà en France. Quand la France renvoie la balle de l’asile à l’Italie et que vous êtes expulsé, c’est trop tard, pour l’Italie vous êtes débouté de l’asile et les délais de recours ont expiré.

Ali est libyen : jeudi 26 octobre, on craint le pire…

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Grande marche Stop Dublin ! Stop Expulsions !

TOUS ET TOUTES A LA GRANDE MARCHE STOP DUBLIN ! STOP EXPULSIONS ! DROIT D’ASILE POUR TOUS !
DIMANCHE 29 OCT. 9h30 DEPART PRAHDA DE VITROLLES (2 draille tribales) et/ou 15h MARSEILLE / BOUGAINVILLE (métro 2, terminus)
A l’appel des exilée.es en lutte

https://stopdublinstopexpulsions.noblogs.org/

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Cantine sans frontières – samedi 28 octobre à Alès

La prochaine Cantine Sans Frontière aura lieu Samedi 28 octobre dès 12h30 à La Rétive.

Cette initiative est proposée afin d’apporter une aide financière à différentes familles sans papiers hébergées aux alentours d’Alès. Elle vise également à développer des liens entre les exilés et leurs différents soutiens afin de renforcer un réseau d’entraide.

La solidarité s’exprime dans un ensemble de pratiques comme les mutuelles, trouver un logement, dépanner une machine à laver, se mobiliser pour empêcher des expulsions, organiser des cantines de soutien, etc. Pour éviter de centraliser et d’institutionnaliser la solidarité, nous encourageons à diffuser et multiplier ces pratiques.

Cette cantine est organisée avec les personnes concernées et l’intégralité de l’argent récolté (le repas est à prix libre) leur sera reversée.

Au menu ce samedi, repas Algérien !

Salade composée
Tajine au poulet et aux olives (et version végétarienne)
Gâteaux maisons

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APPEL MARCHE EN ARABE / 29 OCT. PRAHDA

A toutes fins utiles veuillez trouver ci-dessous et ici l’appel (informations + revendications) pour la marche STOP DUBLIN, STOP EXPULSIONS ! du dimanche 29 octobre EN LANGUE ARABE :

– pour diffusion aux exilé.es arabophones de tout le sud-est et au-delà,

– pour distribution sous forme de flyer devant les préfectures, bureaux OFII, PADA, etc.

Et tout ce que vous saurez imaginer.

مسيرة كبيرة

ضد دبلن ! ضد التردات !

حق اللجوء للكل !

يوم الاحد 29/10

ندى من ألمعزولن ألمتجمعين في مراكز البرادا في فيترول و جمنس

الساعة 9:30 الانطلاق من فيترول 

أمام الفندق فرمول 1  (2 Draille des Tribales, aéroport MP2) مطار 2

  

الساعة 15:00 مرسيليا إنطلاق ألمضاهرة 

أمام محطة الميترو بوغينفيل(Bougainville

 

الحكومة تشدد القمع ضد المهاجرون :

قنون دبلن : منذ اشهرة عديدة الحكومة توقف تسجيل طلبات اللجوء!

يتم بكل خفية في مراكز التسكين” :

فرز المهاجرين، إفتراد و تسريع الطردات

برادا = حبس

كل هذا في مراكز البرادا والمراكز الاخرين

تجمعوا المهاجرون ضد أجهزة القمع الجديدة :

ضد دبلن و نصف حق اللجوء !

ضد مراكز الانفراد والاحتباس !

ضد الطرد و التحويل الاجباري !

ضد الحدود الأتي تغلق في وجوهنا!

ضد ألعنصرية ألدولية و عالمها !

ألتحقو بنا في هذه المسيرة !

أقصى تضامن

بدعم :

جمعية المنبع، التنسيق الاقليمي فالجنوب الغربي للجمعيات ضد الحدود

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Grande marche contre les Pradha !

Alors que des repas solidaires ont été partagés dans les Prahda de Géménos et Villeneuve-les-Maguelonne dimanche dernier afin de s’organiser ensemble et de dénoncer la politique répressive mise en place à travers ces centres de tri, une marche de protestation à l’appel des exilés de Géménos et Vitrolles aura lieu dimanche 29 octobre prochain. Solidarité maximale !

Nous transmettons l’appel ci-dessous :

GRANDE MARCHE RÉGIONALE
STOP DUBLIN ! STOP EXPULSIONS !
DROIT D’ASILE POUR TOUS ET TOUTES !

Dimanche 29 octobre

A l’appel des exilé.es regroupé.es dans les PRAHDA de Vitrolles et Gémenos

9h30 : départ de Vitrolles
Devant l’hôtel Formule 1 (2 Draille des Tribales, aéroport MP2)

15h : Marseille – départ en manifestation
Devant la station de métro Bougainville (terminus M2)

L’état accentue la répression contre les étrangers-ères :
Depuis plusieurs mois, l’Etat bloque l’enregistrement des demandes d’asile !

Depuis plusieurs mois, les préfectures françaises systématisent les procédures Dublin à l’encontre des nouveaux arrivants : sous prétexte qu’ils aient parcouru d’autres pays européens avant d’arriver en France, elles refusent l’enregistrement de leur demande d’asile et programment leur expulsion vers les pays d’entrée en Europe (Italie, Grèce, Bulgarie), à qui elles délèguent l’examen de la demande d’asile. Or, non seulement les procédures d’asile ne sont plus garanties en Italie, en Grèce ou en Bulgarie pour les personnes qui y sont expulsées, mais ces pays expulsent à tour de bras vers les pays d’origine, au Soudan, Tchad, Niger, Guinée… Cette politique a pour objectif d’empêcher l’accès à l’asile pour l’écrasante majorité des populations migrantes en France et est un signal négatif lancé aux nouveaux réfugié.es d’Afrique et d’Asie qui tenteraient de rejoindre l’Europe.

Dans le huis-clos des « centres d’hébergement » de l’État :
Tri des étrangers-ères, isolement et accélération des expulsions !

Comme ailleurs en Europe, les expérimentations de centres se multiplient et il ne s’agit plus seulement pour l’État d’assumer ses obligations d’hébergement d’urgence des réfugié.es. Cet été, 62 nouveaux centres ont essaimé à travers la France sous l’acronyme PRAHDA (Programme d’Accueil et d’Hébergement des Demandeurs d’Asile), dans des hôtels Formule 1 donnés en gestion à l’association ADOMA (ancienne Sonacotra). Expulsés de Paris et Calais, mais accueillis depuis des mois par les habitants des villes et des villages de notre région, des centaines d’exilé.es marqués d’une procédure « Dublin » se sont vus brutalement transférés dans ces centres à Gémenos, Vitrolles et Villeneuve les Maguelone… dans l’attente de leur expulsion ! Loin de tout contact avec la population, sur des sites « idéalement » situés à proximité du tarmac ou de la prison (celle de Villeneuve les Maguelone, à Montpellier), les premières expulsions ont très vite eu lieu. Avec ces 62 antichambres de la politique de refoulement de l’État, c’est l’ensemble du mécanisme d’expulsion des « dubliné.es » qui s’accélère en France !

PRAHDA = PRISON

Les techniques de surveillance et de pression sur les occupants confirment le caractère répressif du PRAHDA. La police est systématiquement présente. Les résident.es assignés à résidence. Les travailleurs sociaux prennent le rôle de matons, agitent la menace d’un règlement intérieur particulièrement répressif et signalent à la préfecture tout écart. Les sanctions contre celles et ceux qui résistent sont le placement administratif « en fuite », qui permet à la préfecture de sortir qui elle veut et arbitrairement du droit d’asile et d’irrégulariser durablement sa situation en France. Conçu comme une alternative à la rétention, ce dispositif pervers n’a rien à lui envier : il vise l’efficacité des expulsions « volontaires » en agitant la menace de la clandestinité et de la privation des droits qu’elle signifie. Les « dubliné.es » sont d’ailleurs invités à se rendre à l’aéroport par leurs propres moyens ! Refus d’accès aux soins et aux droits à l’interprétariat, ouverture systématiquement des courriers administratifs des résidents par une directrice locale, sont des pratiques courantes qui rappellent la taule !

Dans les PRAHDA, mais pas que…

Les exilé.es se mobilisent contre ces nouveaux dispositifs de répression à leur encontre :

– Contre DUBLIN et le torpillage du droit d’asile !

– Contre les centres d’isolement et de rétention !

– Contre les expulsions et les transferts forcés !

– Contre les frontières qu’on nous ferme aux visages !

– Contre le racisme d’Etat et son monde !


REJOIGNEZ LA MARCHE !

SOLIDARITE MAXIMALE !

 Avec le soutien de :
Collectif Al Manba / Soutien migrant.es 13
Coordination régionale sud-est des collectifs contre les frontières

Prahda de Géménos – 15 octobre 2017

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Campagne nationale contre l’accord UE-Turquie et les hotspots avant l’arrivée de l’hiver en Grèce

Depuis l’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie le 20 mars 2016, des milliers de réfugiés ont été pris au piège dans les îles grecques. Certains d’entre eux connaîtront bientôt leur deuxième hiver sur les îles, attendant l’examen de leurs demandes d’asile ou leur déportation vers la Turquie.

L’hiver dernier, dans le camp européen de Moria à Lesvos, six personnes sont mortes. Personne n’a pris la responsabilité de leur mort. Cet hiver, les personnes à la recherche d’une protection et d’une vie décente seront de nouveau obligées de dormir sur le sol dans de petites tentes et derrière des barbelés. Compte tenu des circonstances, il semble probable que davantage de décès auront lieu.

Les initiatives de base et les petites organisations des îles grecques et du continent ont uni leurs forces, soutenues par des groupes de solidarité internationale réunis pour mener la campagne « Open the Islands – No more dead from cold » demandant à l’Union européenne et au gouvernement grec de mettre un terme à la restriction des déplacements vers les îles et de laisser enfin les gens se mettre en sécurité. Nous proposons ici une traduction de cet appel.

DÉCLARATION CONJOINTE: « OPEN THE ISLANDS – NO MORE DEAD FROM COLD »

Les groupes et organisations de solidarité demandent une action urgente à l’approche de l’hiver pour les réfugiés et migrants en Grèce.

Plus de 80 groupes et organisations de solidarité actifs sur les îles grecques et sur le continent réclament une action urgente de la part des autorités locales et nationales grecques pour empêcher que de nouveaux réfugiés ne meurent dans le froid à l’approche de l’hiver.

Les îles et les villes grecques se sont réveillées le jeudi 12 octobre pour retrouver leurs quartiers recouverts d’affiches avec l’image emblématique du camp Moria à Lesbos, couvert de neige l’hiver dernier, tandis que le collectif a lancé une campagne sur les réseaux sociaux avec le hashtag #opentheislands.

Six personnes qui cherchaient refuge et protection en Europe sont mortes à Moria l’hiver dernier, leur mort étant liée à des conditions de vie hivernales inhumaines. Leurs familles attendent toujours les réponses des autorités sur les raisons pour lesquelles leurs proches sont décédés, et sur les responsables qui ont des comptes à rendre. Le dimanche 8 octobre dernier, une fillette syrienne de cinq ans est morte à Moria. La cause de la mort est encore inconnue.

Le collectif de groupes et d’organisations de solidarité exprime son choc et son indignation face à la situation actuelle dans les îles à l’approche de l’hiver. Environ 5000 personnes vivent actuellement dans le camp de Moria, qui a une capacité d’environ 2000 personnes, et où sont retenus des femmes enceintes, de nombreux enfants, y compris des mineurs non accompagnés et des survivants de tortures et autres traumatismes. Beaucoup vivent maintenant dans des tentes terriblement inadéquates et doivent dormir par terre sur de minces nattes ou couvertures. De même, les autres hotspots grecs – à Samos, Chios, Kos et Leros – sont surpeuplés et laissent 8 000 demandeurs d’asile sans abri. Les hotspots sont actuellement inhabitables et à ce jour un plan clair pour empêcher les tragédies de l’hiver dernier de se répéter n’a pas encore été réalisé.

Un réfugié forcé de rester dans le camp de Moria rapporte les conditions :

“Vivre dans la Moria nous rend tous malades. Le matin, vous vous réveillez dans une tente ou un conteneur à l’étroit entre d’autres personnes. L’odeur est dégoûtante et je déteste ne pas pouvoir me laver correctement. En hiver, il gèle. Tout est trempé. Lorsque vous vous réveillez, vous ne pouvez pas bouger vos membres. Et vous êtes couvert de cendres. L’hiver dernier, nous avons brûlé du papier et du plastique pour rester au chaud. C’est comme si nous n’étions pas des êtres humains.”

Le collectif souligne que la situation actuelle n’est pas causée par le début de l’hiver ou par une augmentation soudaine des arrivées. C’est le résultat direct de l’accord UE-Turquie et des politiques d’asile et d’immigration de l’UE. Ces politiques obligent les gens à rester sur les îles pendant de longues périodes, empêchent les gens d’atteindre l’Europe et empêchent les personnes admissibles à une réinstallation et au regroupement familial de se rendre dans d’autres pays dans un délai raisonnable.

Tout le monde sait que l’hiver arrive. 700 millions d’euros ont été mis à la disposition des autorités grecques pour gérer la situation. En tant que collectif, nous voulons savoir comment et où cet argent est dépensé. Nous demandons aussi expressément que les différents acteurs concernés du gouvernement grec, au niveau national et local, assument et communiquent clairement leurs responsabilités. Ils doivent ensuite être tenus responsables de ce qui arrivera aux réfugiés et aux migrants cet hiver en Grèce. La pratique continue d’esquiver le blâme et la responsabilité pour la violation systématique des droits des réfugiés dans les hotspots grecs est inacceptable et doit cesser. C’est le rôle du premier ministre de veiller à ce que tous les paliers de gouvernement fonctionnent et soient tenus responsables. Nous appelons le Premier ministre Alexis Tsipras à clarifier les responsabilités des différents acteurs tant au niveau local que national et à présenter un plan pour l’hiver.

De même, nous condamnons tous les gouvernements européens qui ont créé l’accord UE-Turquie et qui ont fait pression sur la Grèce pour qu’elle mette ce plan en œuvre, par l’intermédiaire de la Commission européenne et d’autres biais. Cette accord privilégie le maintien de la Forteresse Europe avant toute chose, piétinant les droits humains internationaux. Tous les gouvernements européens partagent la responsabilité des violations des droits de l’homme subies par les réfugiés en Grèce aujourd’hui, pour les décès qui ont déjà eu lieu, pour ceux qui pourraient arriver cet hiver.

C’est avec un grand intérêt que nous avons pris connaissance des différentes déclarations du HCR (Haut commissariat aux réfugiés), des municipalités et du personnel du RIC (Centre de réception et d’identification), sonnant l’alarme sur la situation actuelle dans les îles grecques. Mais sans action, ces déclarations restent vides. Nous avons besoin de solutions et d’actions immédiates de la part de tous les acteurs responsables, y compris le HCR, dont le mandat est de fournir une protection internationale et de rechercher des solutions permanentes aux problèmes rencontrés par les réfugiés.

Camp de Moria – janvier 2017

Camp de Moria – janvier 2017


Nous appelons le Premier ministre Alexis Tsipras à :
  • clarifier les responsabilités des différents acteurs au niveau local et national et présenter un plan pour l’hiver.

Nous appelons le gouvernement grec, au niveau local et national, à :
  • Fermer les hotspots et décongestionner les îles grecques en mettant fin aux restrictions imposées à la liberté de circulation des demandeurs d’asile et en leur assurant un accueil adéquat sur le continent en dehors du régime de détention.
  • Entre-temps, fournir un abri adapté et hivernal aux réfugiés qui séjournent dans des camps à travers la Grèce.
  • Arrêter de renvoyer les demandeurs d’asile vers la Turquie dans le cadre de l’accord UE-Turquie, car ils ne peuvent pas accéder pleinement à leur droit de demander une protection internationale en Turquie. Par conséquent, la Turquie ne peut être considérée comme un «pays tiers sûr» ou un «premier pays d’asile sûr».
  • Examiner toutes les demandes d’asile sur le fond dans le cadre d’un processus d’asile complet et équitable assorti de toutes les garanties procédurales et substantielles.
  • Arrêter la détention arbitraire. Mettre un terme à la pratique actuelle de la détention généralisée des demandeurs d’asile fondée sur la nationalité dans l’intention de les renvoyer en Turquie. Les enfants ne doivent jamais être détenus.
  • Assurer l’accès aux soins médicaux (y compris les soins de santé mentale) et à l’aide juridique pour les demandeurs d’asile.

Nous appelons la Commission européenne à :
  • Réviser les recommandations formulées dans les rapports trimestriels et les plans d’action communs et supprimer les recommandations visant à renforcer les forces de sécurité et les centres de détention pour les personnes cherchant à obtenir une protection dans l’Union européenne.
  • Supprimer les recommandations visant à légaliser la détention des mineurs, comme indiqué dans le rapport de la Commission européenne du 7 mars 2017, étant donné que la détention de mineurs viole les droits des enfants.
  • Supprimer les recommandations visant à limiter le nombre d’étapes de recours et à inclure les demandeurs d’asile vulnérables ainsi que ceux qui ont des liens familiaux dans l’UE dans le cadre de l’accord UE-Turquie.

Nous appelons les États membres de l’Union européenne à :
  • Mettre fin à tous les retours de réfugiés et de demandeurs d’asile en Grèce en provenance d’autres États européens en vertu du règlement UE 604/2013 (Dublin III), en raison des conditions inhumaines en Grèce.
  • Augmenter le nombre de places de réinstallation disponibles en permettant l’accès au régime aux personnes arrivées après la conclusion de l’accord UE-Turquie et répondre rapidement aux demandes de réinstallation afin de garantir que les conditions minimales d’accueil pour préserver la dignité humaine soient respectées, comme requis par la Directive UE 2013/33 / UE.
  • Accélérer la réunification de Dublin III des familles, dont beaucoup ont été séparés de force par la guerre et la persécution et attendent des années pour être réunies.
  • Annuler l’accord inhumain entre l’UE et la Turquie!

Le site de la campagne : opentheislands.wordpress.com

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Situation des migrants et réfugiés réadmis de la Grèce vers la Turquie

Informations reprises et traduites à partir du site Harek(et)act.

L’université d’Amsterdam a publié un rapport de recherche sur les migrants et réfugiés réadmis de Grèce en Turquie. Alors que de nombreux documents ont été diffusés sur la situation en Grèce depuis la signature du fameux accord UE-Turquie, on ne sait que peu de choses sur les conditions des personnes réadmises en Turquie.

Le rapport est basé sur des études de terrain et de bureau réalisées entre décembre 2016 et mars 2017 et identifie plusieurs questions relatives aux droits de l’homme en Turquie pour les personnes réadmises depuis la Grèce. Il montre notamment l’écart entre la législation turque (prévoyant un double système de protection avec la protection temporaire pour les Syriens et la protection internationale pour d’autres nationalités) et la situation dans la pratique, telle qu’identifiée par des avocats et des praticiens d’ONG travaillant avec des migrants et des réfugiés réadmis en Turquie. Voici ci-dessous un résumé des principales conclusions du rapport.

Situation des migrants réadmis non syriens

Détention : Les ressortissants non syriens réadmis ont été transférés au centre de retrait de Pehlivanköy de la ville de Kırıkkale jusqu’en mai 2017, puis à partir de cette date au centre de Kayseri. Dans ces centres, les personnes sont gardées dans des cellules et ne sont pas autorisées à communiquer avec leurs familles et avocats. L’accès aux représentants du HCR (haut commissariat aux réfugiés) a souvent été refusé. Ils sont enfermés dans leurs cellules avec des temps de sorties en plein air très faibles : un total de 20 à 30 minutes par jour. En outre, les mineurs non accompagnés sont logés avec des adultes ou des familles dans ces cellules. Bien qu’il existe des installations telles qu’une salle internet, une bibliothèque, un salon de coiffure et une salle de sport, les détenus ne sont pas autorisés à utiliser ces installations. Les personnes sont gardées dans ces centres de retrait pendant un à deux mois, parfois plus, jusqu’à ce qu’ils soient expulsés vers les pays tiers ou leur pays d’origine.

Accès à l’asile : Les migrants et réfugiés réadmis ne sont pas informés de leur situation et de leurs droits et se voient souvent refuser l’accès aux représentants du HCR et aux ONG ainsi qu’à leurs avocats qui pourraient les informer de leurs droits. De plus, le personnel des centres de retrait fournit régulièrement des informations erronées aux détenus ; leur conseillant de ne pas solliciter une protection internationale car cela augmenterait leur séjour dans le centre ou qu’ils ne seraient pas autorisés à demander une protection internationale en Turquie parce qu’ils auraient été réadmis depuis la Grèce. Les personnes sont obligées de signer des documents dont ils ne connaissent pas le contenu et qui sont rédigés dans une langue différente de la leur.

Le rapport a révélé que la demande d’asile ou de protection internationale au sein de ces centres de retrait est pratiquement impossible. Les migrants ne sont pas autorisés à avoir un stylo ou du papier, leurs demandes verbales de déposer une demande de protection internationale sont ignorées par les fonctionnaires et les avocats ne sont pas autorisés à voir leurs clients ou leurs dossiers. Le dernier rapport de la Commission européenne indique que 1 798 migrants non syriens ont été réadmis entre avril 2016 et juin 2017 et que seulement 56 d’entre eux ont pu demander une protection internationale en Turquie. Selon un avocat turc, demander une protection internationale à partir d’un centre d’évacuation est « une pure question de chance ». La seule possibilité pour les migrants et réfugiés réadmis de demander une protection internationale est l’intervention d’un tiers : un avocat ou une ONG. Mais même dans ce cas, ceux-ci ne réussissent pas forcement à déposer les demandes de leurs clients en raison de nombreux obstacles arbitraires, notamment le refus de la part des fonctionnaires d’examiner celles-ci.

Situation des réfugiés syriens

Entre avril 2016 et juin 2017, 178 ressortissants syriens ont été réadmis de Grèce en Turquie dans le cadre de la déclaration UE-Turquie. Les Syriens réintégrés ont été transférés au camp d’hébergement temporaire de Düziçi dans la ville d’Osmaniye et au camp d’Islahiye 2 dans la ville de Gaziantep, en attendant la décision de l’administration sur leur statut de protection.

Selon plusieurs rapports indépendants et des avocats interrogés lors des recherches sur le terrain, le camp de Düziçi est en pratique un centre de détention. Les ressortissants syriens dans ce camp ne sont pas autorisés à le quitter, sont gardés dans des cellules fermées à clé et ont des possibilités de communication et un accès au monde extérieur très limités.

Selon les recherches, ce camp est en fait un centre de détention, sans aucune base légale conforme à la législation turque. Les Syriens réintégrés restent dans ce camp environ trois à quatre semaines.

Enfin, en ce qui concerne les conditions de vie générales des réfugiés syriens réadmis en Turquie, l’étude montre qu’environ 10% des réfugiés syriens vivent dans des camps d’hébergement temporaire, alors que la grande majorité vit dans des zones urbaines du pays. L’accès au marché du travail serait également limité dans la pratique, en dépit de la législation turque autorisant les bénéficiaires d’une protection temporaire à demander un permis de travail après six mois d’enregistrement. Près de 400 000 personnes travailleraient ainsi de manière clandestine.

Grève de travailleurs Syriens accompagnés de leur collègues Turcs revendiquant les mêmes rémunérations et un traitement équitable. Adana – octobre 2017

Le 22 septembre 2017, le Conseil d’État grec, la plus haute juridiction administrative du pays, a rendu deux arrêts concernant des ressortissants syriens dont les demandes ont été rejetées. Les décisions auront des conséquences importantes sur tous les éléments principaux de la procédure d’asile grecque et la Turquie sera considérée comme un pays tiers sûr. Ces décisions ont notamment confirmé la légalité de la procédure accélérée dans les îles permettant d’examiner la recevabilité des demandes de protection sur la forme et de renvoyer les demandeurs dans un pays de provenance si celui-ci considéré comme sûr. Dans le même temps, le Conseil d’État a démenti le droit des requérants à être entendus dans les procédures de recours (plus d’infos ici).

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Veynes les 14-15 octobre : Portes Ouvertes au CHUM

Nous retransmettons ci-dessous l’appel du CHUM, lieu réquisitionné pour l’accueil des mineurs laissés à la rue par la Conseil départemental des Hautes-Alpes. (voir l’appel d’ouverture du lieu ici)

Depuis plus d’un mois déjà, le Centre d’Hébergement d’Urgence pour Mineurs exilés (CHUM) a été ouvert à Veynes dans un bâtiment public (abandonné depuis une dizaine d’années), qui a été activement rénové et meublé par des dizaines de personnes solidaires de la vallée du Buëch et au delà.

Plusieurs dizaines de jeunes mineurs ont déjà été accueillis, nourris et logés au CHUM, du fait de leur non prise en charge (obligatoire pourtant !) par le Département des Hautes-Alpes, qui préfère utiliser son argent (qui est le notre en fait !) pour les stations de ski et des courses cyclistes et automobiles plutôt que de faire preuve d’un minimum d’humanité en accueillant décemment ces jeunes migrants qui ont traversé les pires galères pour demander un refuge ici.

Aujourd’hui, n’en déplaise au maire de Veynes, René Moreau (qui a quand même essayé de nous couper l’électricité la 1ère semaine, merci pour l’accueil !), le CHUM est un lieu d’accueil parfaitement décent et confortable pour les mineurs exilés, qui se retrouveraient à la rue sans cette solution solidaire et auto-gérée. Et les habitant-e-s de Veynes et de la vallée ont répondu au rendez-vous pour les travaux, l’accompagnement administratif et juridique des jeunes, les cours de français, des activités diverses et variées…

Élargissons cet élan solidaire à l’occasion des portes-ouvertes du CHUM les 14 et 15 octobre prochains !

C’est l’occasion de se rencontrer, expliquer le fonctionnement de la maison d’accueil et les possibilités d’implications volontaires, discuter de la situation des migrations et de la responsabilité géopolitique de la fRance, partager un bon repas multi-culturel, faire la fête…

Une petite idée du programme (voir aussi affiche) :

  • Ouverture des portes le samedi et le dimanche à partir de 14h / Visites guidées de la maison en continu / Chantier enduits et déco
  • Samedi après-midi : pétanque, mölky, palet… jeux quoi !
  • Samedi 18h : Discussions sur les migrations et la situation haute-alpine
  • Samedi 20h : Repas partagé de spécialités africaines
  • Samedi 21h-23h : Boeuf musical, appel à tous les musicien-ne-s motivé-e-s !
  • Dimanche après-midi : tournoi de foot sans frontières / Projections de films pour petits et grands

Venez nombreux-ses et faites tourner l’info ! La solidarité n’a pas de frontières !

Les Chum’minot-tes, habitant-e-s solidaires des Alpes-du-Sud

La “maison des chefs de gare” est située au 23 avenue des Martyrs à Veynes (rond point direction Grenoble, 300m à gauche)

Contacts : 

07 58 43 01 00

chum-veynes@riseup.net

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Face au « piège Dublin » et à la mort programmée de l’asile en Europe

Nous diffusons ci-dessous un texte écrit dans le cadre de la coordination des collectifs sud-est et de la campagne contre Dublin et toutes les expulsions. 

L’arrivée massive depuis 2015 de personnes fuyant les conflits a permis une accélération fulgurante des politiques répressives déjà entamées par les précédents gouvernements en matière d’immigration. Les orientations récentes élaborées pour résoudre cette « crise migratoire » vont toutes dans le même sens : renforcer le contrôle des frontières et restreindre les possibilités de résider légalement en Europe. Moins d’accueil pour plus d’expulsions !

Une politique de rejet délibérée

La soi-disante volonté politique de résoudre ce « drame humanitaire » est mise à mal dans les faits, car si le désastre engendré par les guerres et la misère économique trouvent des causes diverses et souvent complexes, celui qui a lieu au sein de l’Europe est bien la conséquence directe de choix privilégiant le rejet à l’accueil. Nous pouvons ainsi rapidement prendre pour exemples :

– les accords signés avec la Turquie en mars 2016 directement responsables du maintien forcé de près de 15 000 personnes sur les îles grecques et par répercussion en Turquie et dans d’autres pays[1] ; et le rapport d’étape du 6 septembre 2017 préconisant l’augmentation des capacités de détention et des mesures de fichages en même temps que la limitation des possibilités de recours juridiques[2],

– la procédure de relocalisation des personnes bloquées en Grèce et en Italie se terminant le 26 septembre 2017 qui n’a permis en deux ans qu’à environ 29 000 personnes sur les 160 000 initialement annoncées de déposer une demande d’asile dans un pays européen moins surchargé, de nombreux états refusant cette prise en charge[3],

– l’adoption le 28 juillet 2017 d’un programme destiné à renforcer les capacités de contrôle des autorités libyennes en matière de migration et ayant pour effet de laisser aux milices locales le soin de refouler et de torturer les candidats au passage[4] ; ainsi que la mise au ban des organisations de sauvetage en méditerranée cet été[5],

– le projet souhaité par les chefs de gouvernement de l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne, réunis le 28 août 2017, de créer des centres de tri directement dans les pays de provenance et faisant miroiter la possibilité pourtant illusoire d’accéder légalement à partir de ces centres en Europe[6],

– le projet émis par la commission européenne le 27 septembre 2017 prévoyant le renforcement de la durée légale des contrôles au sein de l’espace Schengen pour une durée allant jusqu’à trois ans[7], ainsi qu’une intensification des efforts pour effectuer le retour dans leur pays de 1,5 millions de personnes dans un futur proche[8],

– le projet de loi sur la sécurité intérieure française adopté le 3 octobre 2017 par l’assemblée nationale qui permettra des contrôles d’identités sans motif (légalisation des contrôles au faciès), leur élargissement « aux abords » de 373 gares, ports et aéroports, ainsi que dans un rayon de 20 km autour des 118 points de passages frontaliers[9].

– le projet de loi sur l’immigration qui sera présenté le 12 octobre 2017 par le gouvernement français qui prévoit notamment un doublement de la durée de rétention administrative (soit 90 jours) et une hausse des expulsions dans les pays européens où un premier enregistrement des personnes a été effectué (règlement Dublin)[10].

La prolifération des barrières matérielles et la militarisation des frontières, l’accroissement des capacités d’enfermement et la criminalisation des sans papiers, ainsi que le durcissement des procédures légales sont les mesures bien réelles adoptées au sein de chaque état de l’Union européenne[11].

Le « piège Dublin »

En plus de cela, le mécanisme de tri et de renvoi est complété par l’application du règlement Dublin conçu pour empêcher les personnes de demander l’asile dans le pays de leur choix et pour les contraindre à le faire dans ceux où leur expulsion sera facilitée. C’est par exemple le cas de la Norvège ou de la Suède qui renvoient les personnes de nationalité Afghane dans leur pays ou celui de l’Italie vers le Soudan. Ce règlement, qui sera certainement durci dans sa quatrième version[12], est l’un des principaux obstacles juridiques rencontré actuellement par les demandeurs d’asile.

En effet, toute personne passant par les hotspots de Grèce et d’Italie est dorénavant systématiquement fichée et les dispositifs de renvoi sont maintenant pleinement fonctionnels. C’est le cas en France avec la mise en place d’un système de « camps en cascades » permettant de contourner le droit commun. Au lieu d’une procédure « habituelle », c’est un dispositif d’urgence expéditif qui prend le relai. Les personnes présentes dans les camps à Paris sont placées dans les CAO (Centre d’accueil et d’orientation) en province, puis transférées dans les PRAHDA (Programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile) pour être finalement conduites dans les aéroports… Chaque étape mène à une restriction des droits et des possibilités d’y faire face, chaque étape concrétise un peu plus le passage de l’accueil vers celui de la détention.

La problématique des renvois en Italie qui concernent une majorité de personnes est aujourd’hui de plus en plus accrue, avec notamment : la remise à l’aéroport d’une interdiction de territoire Schengen très contraignante, les renvois dans les camps du sud du pays où il est de plus en plus difficile d’en sortir, une détérioration constante de la prise en charge liée à des procédures plus strictes et des moyens insuffisants. L’annonce de l’ouverture d’une quinzaine de nouveaux centres de rétention (Centres de permanence pour le rapatriement) dans ce pays ne peut que présager une augmentation des expulsions aux dépens des régularisations.

Face à cette politique de rejet, il est urgent de s’organiser à l’intérieur et à l’extérieur de ces centres de tri et de ces camps qui ne laissent le choix qu’entre l’expulsion ou la clandestinité. Des luttes doivent être menées conjointement afin de créer un rapport de force conséquent et d’affirmer notre opposition à toute violation de la liberté de circulation.

 STOP DUBLIN ! STOP EXPULSIONS !

 

 

[1] http://www.gisti.org/spip.php?article5739

[2] http://www.statewatch.org/news/2017/sep/eu-com-15th-report-and-pf.htm

[3] http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/09/26/migrants-relocalises-en-europe-quels-pays-ont-tenu-leurs-engagements_5191777_4355770.html

[4] http://europa.eu/rapid/press-release_IP-17-2187_fr.htm

[5] http://www.migreurop.org/article2827.html

[6] http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/08/28/crise-migratoire-sommet-de-dirigeants-africains-et-europeens-a-paris_5177398_3214.html

[7] http://europa.eu/rapid/press-release_IP-17-3407_fr.htm

[8] http://europa.eu/rapid/press-release_IP-17-3406_fr.htm

[9] http://www.lacimade.org/etat-durgence-permanent-controles-facies-partout/

[10] http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2017/09/28/une-loi-envisage-d-allonger-la-retention-des-etrangers-a-90-jours_5192575_1654200.html

[11] https://cevennessansfrontieres.noblogs.org/post/2017/05/16/sur-la-situation-engendree-par-les-politiques-migratoires-aux-portes-de-leurope/

[12] https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2016/11/11/en-route-vers-dublin-iv/

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