Rencontres avec Victor Collet autour de son ouvrage : « Nanterre, du bidonville à la cité »

« De l’époque de la guerre d’Algérie aux années 1980, les bidonvilles de Nanterre symbolisent la condition immigrée en France, de même que le long et difficile chemin qui mène leurs habitants vers les sinistres cités d’urgence et de transit, puis finalement vers la « cité » HLM. De l’entrée des premiers militants chrétiens dans les bidonvilles jusqu’à la naissance des mouvements menés par les immigrés eux-mêmes, en passant par l’engagement des gauchistes de la faculté toute proche, ce livre est une histoire de rencontres et de luttes. »

L’ouvrage de Victor Collet, paru cette année aux éditions Agone dans la collection « Mémoires sociales », est le fruit d’un conséquent travail de recherche issu de dépouillements d’archives, de biographies reconstituées, et de nombreux entretiens. Il revient avec précision sur plusieurs décennies de mobilisations survenues à Nanterre où les premières luttes de l’immigration s’entrecroisent avec les revendications d’une ville ouvrière fortement politisée ou avec celles de l’implantation d’une faculté de lettres et sciences humaines d’où éclateront les révoltes de Mai 68…

Ce récit est également le reflet de dix années de participation de l’auteur aux luttes collectives dans les quartiers et à la fac de Nanterre, avec les réfugiés et sur les nouveaux bidonvilles. En sortant ces luttes de l’oubli, Victor Collet offre une analyse des conditions sociales et politiques de l’immigration où les combats d’hier contre l’habitat insalubre, les expulsions où les violences policières, résonnent de manière toujours pertinente de nos jours.

Deux soirées de présentation de l’ouvrage et de discussion avec l’auteur sont prévues :

– A Saint Jean du Gard à la Lézarde (66, grand rue) le Vendredi 27 septembre à 19h, rencontre suivie d’un auberge espagnole,

– A Ganges à la librairie Zéro de Conduite (39, rue Biron) le Samedi 28 septembre à 17h.

Les photographies du livre seront exposées à ces occasions.

Ci-dessous, des lien vers quelques articles illustrant différentes luttes de l’immigration significatives de cette époque mouvementée :

La grève de Margoline. Extrait du livre de Victor Collet « Nanterre, du bidonville à la cité. »

Le 21 mai 1973, dans une zone industrielle isolée derrière des voies ferrées, éclate la première grève de travailleurs sans papiers en France. Les ripeurs marocains de Margoline, ceux qui déchargent les camions, arrêtent le travail et dénoncent leur condition d’esclave liée à l’irrégularité de leur situation. […]

La Maison peinte, berceau des luttes de l’immigration à Nanterre

De nombreux témoignages rendent compte d’une même histoire militante fondatrice : celle de la Maison peinte, « petit pavillon pourri » prêté par la Cimade, à l’orée d’un des célèbres bidonvilles de Nanterre, Les Pâquerettes. L’histoire est en partie oubliée, son nom échappe d’ailleurs aux plus jeunes. Pourtant, la Maison peinte reste tenue en haute estime : centrale pour les luttes d’« immigrés », déterminante pour la prise de conscience politique de nombreux jeunes. […]

Cités de transit : en finir avec un provisoire qui dure !

A la cité Gutenberg de Nanterre, le 23 octobre 1982, il fait déjà nuit. Abdennbi Guémiah traverse le terrain vague pour rentrer chez lui après la prière du soir à la mosquée. Soudain, plusieurs coups de feu éclatent. Touché, le jeune homme s’effondre. Il mourra, quelques jours après. Dans la cité, c’est l’émoi. L’homme qui a tiré au fusil 22 long riffle est un pavillonnaire voisin, disant avoir été importuné par des jets de cailloux lancés par des gamins. […]

Vingt ans après, entretien avec Assane Ba

De 1975 à 1980, les résidents des foyers gérés par la Sonacotra font la grève des loyers. Ils contestent les tarifs et le contrôle qui leur sont imposés par leur logeur, et refusent d’être représentés par les syndicats ouvriers. Loyers et conditions d’habitat acceptables, liberté de circulation, de réunion et de visite, droit à l’intimité : il s’agit précisément de déconnecter l’espace du logement de la logique de l’usine. À son apogée, le mouvement engage 20 000 travailleurs immigrés, et ses manifestations rassemblent jusqu’à 25 000 personnes. Assane Ba fut l’un de ses représentants. Il nous en fait ici le récit. […]

Rock against police, des lascars s’organisent. Une série de six documentaires sonores.

A la fin des années 70, dans un contexte de crise économique et de chômage, les expulsions de jeunes immigrés et les meurtres en banlieue, qu’ils soient commis par des flics ou des beaufs, se multiplient. Un réseau informel et fluctuant se constitue pour réagir collectivement en organisant une série de concerts Rock against police au beau milieu des cités. De 1980 à 1983, l’initiative fait tâche d’huile. Plusieurs concerts sont organisés en région parisienne : Paris, Vitry, Nanterre, Cergy, Argenteuil. L’idée est également reprise par d’autres groupes en France, notamment à Marseille, Saint Dizier, et Lyon avec les concerts organisés par Zâama d’banlieue. […]

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