Le 4 avril 2019, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisait connaître sa préoccupation au sujet des migrant·e·s détenu·e·s en Libye. Ce communiqué faisait office de « clarification », rendue nécessaire par la prise de position d’António Guterres, secrétaire général de l’ONU. En visite en Libye, celui-ci s’était en effet déclaré « choqué » du sort des personnes migrantes et avait lancé « un appel à la communauté internationale pour le respect du droit international des réfugiés et la nécessité de traiter le problème de la migration d’une manière compatible […] avec les droits de l’Homme ».
Dans sa mise au point, l’OIM prend pourtant soin de n’incriminer aucun État, pas même cette « communauté internationale » qui avait clairement été pointée par António Guterres. Pour l’OIM, la détention des personnes que ses agents accueillent dans des « points de désembarquement » est certes « arbitraire », mais elle se borne à plaider pour des « solutions alternatives » à l’internement pratiqué par le gouvernement libyen. Le soutien donné à ce dernier par des États européens avides de trouver des partenaires prêts à mettre en oeuvre leurs politiques d’externalisation n’est pas même évoqué. L’OIM est en effet un maillon important des dispositifs de dissuasion et d’entrave de l’émigration prônés par ses principaux financeurs. Y oeuvrer sans états d’âme lui a permis d’occuper une place de plus en plus grande dans un système onusien où d’autres agences et instances sont un peu plus regardantes en matière de droits humains.
Le 5 avril, le secrétaire général de l’OIM se déclarait particulièrement préoccupé par « la sécurité des migrants en détention en cas d’escalade des actions militaires ». La reprise des affrontements militaires dans la région de Tripoli rendait la fiction d’une Libye « pays sûr » de moins en moins tenable. Hors de question cependant de renoncer à « défendre » les frontières des pays du nord de la Méditerranée : c’est au Niger et au Nigéria qu’ont été déplacées ou reconduites quelques centaines de personnes placées sous la « protection » de l’OIM.
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