SEMAINE DE MOBILISATION POUR NOS DROITS
DU 20 AU 27 SEPTEMBRE 2018
L’année 2018 restera marquée par l’adoption en France d’une loi Asile Immigration qui réduit les possibilités d’obtenir une protection pour les demandeurs d’asile (en particulier en raccourcissant les délais de recours vis à vis des décisions des pouvoirs publics) malgré une importante mobilisation d’ONG et de collectifs investis dans l’accueil des migrants.
Plus généralement, nous assistons à un renforcement de la répression des militants et bénévoles qui tentent par divers moyens de résister aux mesures injustes et malveillantes : application automatique de la procédure Dublin, suspicion envers les étrangers mineurs, arbitraire des réponses de l’OFPRA,…
Le Gard et l’Hérault n’échappent pas à ces tendances. La multiplication des expulsions, incarcérations, procès, personnes déboutées du droit d’asile en situation d’errance (y compris des familles entières avec des enfants nés en France) est inacceptable.
Investi depuis plusieurs années dans le soutien aux personnes migrantes, Robert Latapy (RL) a participé en avril dernier à la mobilisation pour s’opposer à l’expulsion en Guinée de Moussa, où sa vie est en danger. A l’issue de la manifestation du 29 avril à Nîmes où un tag «PREFET DE N » est inscrit sur le mur de la préfecture, il est interpellé et mis en garde à vue du dimanche 18 heures au lundi 14 heures. Conduit au tribunal, le Juge décide de le poursuivre pour dégradation et outrage à personne dépositaire de l’autorité publique, avec un procès en septembre, assorti d’un contrôle judiciaire (CJ) jusqu’à cette date lui interdisant d’aller dans le Gard. L’affaire est montée jusqu’au ministère de l’intérieur.
La même semaine, la préfecture tente à nouveau d’expulser Moussa mais 150 personnes sont devant le Centre de Rétention en pleine nuit. Pour échapper à cette mobilisation, la police transporte furtivement Moussa jusqu’à l’aéroport de Lyon : son refus d’embarquer lui vaut une poursuite au pénal et 2 mois d’emprisonnement à Lyon. Des dizaines de milliers de personnes soutiennent alors Moussa, son dossier a un impact national, la menace pour les homosexuels étant bien réelle et documentée, y compris dans les rapports de l’OFPRA.
Fin mai, RL fait une demande de mainlevée de son CJ : le tribunal maintient l’interdiction de venir à Nîmes, suivant sans doute la position du procureur qui a déclaré à l’audience «il y a eu des manifestations, tout se passait bien jusqu’à ce tag».
Depuis, Moussa est sorti de prison, l’OFPRA a effectué le réexamen de sa demande d’asile en juillet et de nouveau refusé la protection, un recours à la CNDA est déposé et l’appel du jugement pour refus d’embarquer reporté : la menace d’expulsion est toujours bien réelle.
D’autres migrants, tout l’été, ont subi la même application aveugle de dispositions contraires à la convention de Genève sur l’accueil des personnes nécessitant une protection : déportations dans leur pays d’origine (y compris Soudan ou Afghanistan), refoulement à la frontière, transferts Dublin dans des pays d’Europe déjà saturés ou ouvertement xénophobes.
D’autres militants sont poursuivis pénalement y compris pour des faits relevant de l’assistance à personne en danger ou de l’opposition à des agissements de groupes d’extrême-droite incitant à la haine raciale.
C’est pourquoi cet appel est lancé à une semaine de mobilisation, pas seulement pour protester et soutenir face à la répression, mais pour affirmer nos droits, personnes migrantes et personnes engagées à leurs cotés, dans tous les domaines où ils sont menacés. Chacun aura à cœur de mettre en avant ceux qu’il lui semble le plus urgent de revendiquer.
Le programme des mobilisations sera communiqué très prochainement, un rassemblement est d’ores est déjà prévu le jeudi 27 septembre à 14h devant le TGI de Nîmes en soutien à Robert lors de procès.