VICTOIRE POUR LES JEUNES DE SAINT FERREOL 

Après que l’Eglise se soit rétractée jeudi remettant en cause sa promesse d’héberger les mineurs et que la police se soit préparée à une évacuation par la force, nous reproduisons les communiqués transmis par le collectif de soutien Migrant 13 / Al Manba revenant sur la journée de vendredi.

VICTOIRE POUR LES JEUNES DE SAINT FERREOL 

(compte rendu pour ne pas laisser l’histoire être écrite par les vauriens)

Hier, après d’énormes coups de pression sur les jeunes (par les institutions, l’église, la police) et un rapport de force qui s’est durci en réaction, le Département a finalement été obligé de revoir sa copie et d’accéder aux revendications minimales. Cette nouvelle proposition a d’abord été annoncée par voie de presse à 15h par l’élue départementale à l’enfance, avant d’être présentée aux jeunes aux alentours de 18h seulement par le directeur du service MNA de l’ADDAP13. A ce moment, l’église avait retiré ses menaces et la police s’était retirée.

Quelles nouveautés ? un foyer avec une capacité d’accueil de 65 places sans distinction des mineurs avec ou sans OPP (ordonnances de protection du juge) ; un engagement à ne pas ré-évaluer les mineurs bénéficiaires d’une OPP ; un accueil “éducatif” de jour pour compléter l’accueil de nuit initial ; un partenariat avec la Croix Rouge et les Restos du Coeur pour fournir aux jeunes plus de 3 repas par semaine ; deux agents de sécurité ; des chambres équipées et propres avec engagement à effectuer rapidement des travaux de plomberie (pour l’instant les douches se prennent dans un camion de la Ville en bas du bâtiment).

Suite à cette annonce le représentant du département a affirmé qu’il ne répondrait à aucune question et que les jeunes devraient prendre leur décision d’emblée, avant de venir le voir individuellement et le suivre dans leur nouveau foyer. Les jeunes ont néanmoins habilement récupéré le micro pour affirmer deux positions : leur décision sera collective après un temps de réflexion entre eux ; ils ne renonceraient pas à leurs droits à la scolarisation et la santé qui n’ont même pas été évoqués.

Après une discussion animée et des positions divergentes, les jeunes sont revenus dans l’assemblée et ont remercié, émus et émouvants, l’ensemble des participants à ce mouvement. Ils se sont retournés solennellement vers le représentant du département pour lui annoncer qu’ils estimaient la proposition insuffisante, mais acceptable compte
tenu de leur situation et qu’il l’acceptaient donc. Toutefois ils ont affirmé qu’ils seraient vigilants à l’obtention rapide de leurs droits, à tout revirement et toute tentative de dispersion/division de leur collectif. POUR EUX, LA LUTTE CONTINUE DEPUIS LEUR NOUVEAU FOYER ! Et tout à chacun est convié à poursuivre l’aventure.

Ils ont aussi imposé que leur sortie de l’église ne se ferait qu’au lendemain, au grand jour, après avoir fêté leur victoire avec les leurs (et que “maintenant Monsieur, nous vous prions de nous laisser entre nous”)

VICTOIRE POUR LES JEUNES DE SAINT FERREOL… Mais la lutte n’est pas finie !

(compte rendu de l’entrée dans le foyer ce vendredi matin)

“une proposition acceptable, mais insuffisante”.

Dès ce matin, avant de sortir de l’église, une liste de points de vigilance a été dressée par les jeunes : nombre de couchages par chambre et répartition, équipement éducatif et ludique (livres, accès internet), contraintes horaires du foyer, droit de visite, modalités des repas et possibilité de cuisiner, droit au transport urbain, moyens financiers
individuels, le sort des enfants qui n’étaient pas présents dans l’église (mais toujours dans les rues de Marseille), l’urgence de l’école, de la couverture sociale, la qualité du suivi individuel des éducs, l’accès aux soins psychologiques, la pérennité d’un tel lieu, les
délais de placement individuel dans un foyer durable, le choix de l’orientation.

Ils ont choisi de quitter l’église avec dignité (après avoir nettoyé les traces de leur passage) et la tête haute, accompagnés de banderoles et de leurs soutiens.

Personne ne s’attendait à une haie d’honneur à l’arrivée au foyer, mais l’accueil par les gros bras du département y a été glacial, voire menaçant (appel à la police pour disperser l'”attroupement” bon enfant sur la placette). D’emblée, il a été constaté que très peu de moyens ont été débloqués en vrai : pas de travaux de mise au propre visibles, des
lits de camp très sommaires, les travaux de plomberie en suspens, annonce qu’il n’y aura pas d’effectifs supplémentaires de prise en charge, mais des renforts (temporaires?) du service prévention de l’ADDAP (!). Lors de l’entrée dans les locaux, une dizaine de jeunes ont été tenus à l’écart sans que l’on ait obtenu de réponse précise.

C’est le coeur lourd que nous avons laissé les jeunes prendre possession de leur lieu. Si ce lieu est acquis et donne l’espoir qu’une dynamique collective pourra s’y poursuivre, tout à chacun s’interroge sur les “méthodes éducatives” si particulières des gorilles du département qui entouraient l’arrivée des minots.

Mais ils l’ont affirmé hier et ce matin encore : ils savent où nous trouver !

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