Nous retransmettons ce texte transmis par des personnes soutenant Hafizullah. Le règlement dublin encore une fois utilisé comme un simple tour de passe-passe. Une expulsion, une signature : et chacun aurait les mains propres ? Acte administratif ou mort préméditée ? Bon pays, mauvais pays, est-ce là la bonne question ? Où chercher l’humanité alors : dans les décombres d’une ville ensanglantée ? dans les rouages d’une machinerie bien orchestrée ?
DE LA SÉCURITÉ D’UNE PETITE VILLE DE LOZÈRE À LA POUDRIÈRE DE KABOUL : HAFIZULLAH SAFI A ÉTÉ EXPULSÉ EN AFGHANISTAN
Hafizullah Safi avait quitté l’Afghanistan en 2015. Dès le début de son voyage, en Iran, la police lui avait tiré dessus avec une Kalachnikov (il a depuis un problème au genou). Après 7 mois de peurs et de longs jours de marche, il avait réussi à mettre quelque 8000 km entre lui et les talibans qui ont égorgé son père.
Hébergé en Lozère, au CAO de Marvejols, il était sous procédure Dublin pour la Norvège. Alors qu’après 2 années d’errances et d’angoisses, il avait besoin d’être entouré et aidé pour surmonter ses traumatismes et reconstruire une nouvelle vie, le 9 mai, Hafizullah Safi a été arrêté à la gendarmerie, lors d’un pointage auquel il était astreint, et emmené au centre de rétention de Lyon. Le 10 mai, la France l’a expulsé vers la Norvège.
Le 1er juin, suite à l’attentat du 31 mai à Kaboul – qui a fait au moins 90 morts et 400 blessés -, l’Allemagne a annoncé qu’elle suspendait les expulsions vers l’Afghanistan.
Le 3 juin, la Norvège, qui contrairement à la France considère l’Afghanistan comme un pays sûr, a expulsé Hafizullah Safi à Kaboul.
Depuis dimanche 4 juin, Hafizullah Safi est en contact avec ses amis à Marvejols : il est terrorisé, en pleurs, et appelle à l’aide : « J’ai très peur. Je ne peux pas sortir. Il y a des explosions et des gens tués. Je ne peux rester dans cette maison que deux semaines, et après je dois partir. Je ne peux pas prendre contact avec ma famille, je ne sais pas où ils sont, je n’ai personne ici. »
Nous sommes atterrés et révoltés qu’Hafizullah Safi, qui avait trouvé refuge en Lozère où la population l’avait accueilli avec humanité, « Terre d’accueil », ait pu être expulsé en Afghanistan où sa vie est en danger, la situation se dégradant de jour en jour, notamment à Kaboul. Nous refusons d’être complices d’un meurtre et nous demandons que tout soit mis en œuvre pour organiser son retour en France.
Nous demandons aux autorités françaises de prendre leurs responsabilités, pour éviter un épilogue tragique à la longue errance d’Hafizullah Safi, et aux hommes politiques de tous bords de faire la preuve de leur humanisme en œuvrant à son rapatriement en France.