Expulsions à la chaîne, quand l’Etat met les exilés à la rue…

Jeudi 20 octobre au matin, le bâtiment occupé par une soixantaine d’exilés et de personnes solidaires à Saint Dalmas de Tende dans la Roya, est expulsé. Cet endroit avait pour vocation à proposer aux voyageurs un temps de répit avant qu’ils ne reprennent leur route. Sur les lieux étaient présents policiers, gendarmes, douaniers, représentants de la préfecture des Alpes Maritimes, et le procureur de la République. Les exilés majeurs ont pu prendre la fuite avant l’expulsion, craignant pour leur sécurité, et seuls sont restés une quinzaine de mineurs qui furent “pris en charge” par les autorités, c’est à dire que la véracité de la déclaration de leur âge allait être vérifiée. On ne sait pour l’instant pas s’ils ont été reconduit à la frontière comme la majorité des autres mineurs arrêtés dans le secteur. Quatre personnes solidaires ont été placées en garde à vue. MAJ :Deux d’entre elles passeront en procès à Nice le 23 novembre pour occupation illégale de lieu privé et aide au séjour.

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Vendredi 21 octobre, le squat de la rue Sainte, qui était occupé par des mineurs isolés sur Marseille, est expulsé. Ironie du sort, ce lieu accueillait des personnes qui étaient elles-mêmes envoyées par les institutions, à savoir le conseil départemental et l’Addap13 (association mandatée par ce dernier). Un rassemblement devant l’OFII a eu lieu le jour même.

Nous le constatons une fois de plus, les possibilités de s’auto-organiser qui voient le jour à travers l’occupation de lieux ou bâtiments et qui entrent dans le champ d’une pratique dite « illégale », sont constamment réprimées. Au delà de la justification sanitaire ou légaliste souvent invoquée pour légitimer leurs interventions, les états et leurs chiens de garde ne veulent laisser aucune place à l’émergence de solidarités concrètes, à toute expérience dépassant le domaine du charitable ou de l’humanitaire qui pourrait leur échapper. On se souvient des nombreuses expulsions ayant déjà eu lieu, comme celle du campement de Balzi Rossi à Vintimille en septembre 2015, de l’occupation de l’ancien poste de douane à Breuil sur Roya ce printemps dernier, des nombreux squats ou campements de Paris cet été, du parc occupé près de la gare de Côme dégagé récemment, ou des nombreuses tentatives d’ouvertures de lieux autogérés et de la Casa Mimosa à Marseille. Dépasser le cadre du soutien en affirmant notre opposition aux politiques répressives des Etats et utiliser les pratiques qui nous sont propres restent un des enjeux de la lutte contre les frontières.

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