Chroniques d’une lutte permanente…

Lundi 20 juin, Calais. Plusieurs centaines de réfugiés courent vers les barrières séparant la jungle de la rocade portuaire afin de ralentir le trafic et monter dans les remorques des camions se rendant en Angleterre. Les flics rappliquent en nombre, gazent, tirent à coup de flashball, et repoussent tout le monde à l’aide de canons à eau notamment. Si les faits ne sont pas inhabituels, les violences furent particulièrement accrues ce jour-ci : un homme inconscient est évacué par ses camarades, un autre est blessé au visage par tir direct de grenade lacrymogène, plus d’une quinzaine sont blessés par flashball (dont certains à la tête), une vingtaine de personnes se coupent sur les lames de rasoir fixées au barbelés en essayant d’échapper à la police et de rejoindre la jungle. Les personnes venues en soutien qui tentent de soigner les blessés sont également visées, l’une d’elle manque de peu une grenade lacrymogène en plein visage alors qu’elle était agenouillée auprès d’un blessé. La préfecture elle ne dénombrera aucun blessés le soir même, la presse parlera d’au moins 600 tirs de lacrymo.

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Vendredi 24 juin, Breuil-sur-Roya. Après la vélorution du 18 juin, qui a été bloquée à la frontière franco-italienne par la police italienne, les manifestants réunis en assemblée ont décidé d’occuper un poste de douane, lieu symbolique de l’oppression et du contrôle sur les personnes. A son expulsion quelques jours plus tard, 4 camarades italiens sont arrêtés et amenés au Centre de rétention de Nice. Ils y resteront enfermés 5 jours et se verront interdire de territoire français pour une durée d’un an.

Lundi 27 juin, Nîmes. Une personne passe en procès pour dégradation de bien public commise lors d’un rassemblement de solidarité organisé devant le centre de rétention de Nîmes en mai dernier où quelques tags avaient fleurit sur les murs de la taule, où quelques coups de pied avaient endommagé les barrières et l’interphone de l’entrée. Si son avocat plaide la « juste cause » du rassemblement en plaçant l’appel à manifester dans le dossier du juge, l’accusé écopera tout de même d’une peine de 800 € avec sursis, et devra payer 700 € pour le nettoyage.

Mercredi 29 juin, Paris. Le campement de migrants installé depuis une quinzaine de jours halle Pajol est évacuée. Les tentes et couvertures sont détruites. Une femme portant dans un bras son enfant, dans l’autre sa tente, est frappée à coup de matraque.

Vendredi 1er juillet, Vincennes. Un incendie éclate et ravage deux des bâtiments du centre de rétention. L’expulsion prévue vers l’Algérie de l’un des détenus serait à l’origine cette révolte incendiaire.13512207_986177978167049_4986011498686570945_n

Samedi 2 juillet, Vintimille. Après les violences subies et les très nombreuses expulsions menées les semaines passées, 400 migrants bloqués forment un cortège spontané et se dirigent vers la frontière. La police italienne les bloquent rapidement mais les manifestants décident de rester sur place dans rue. Ceux-ci resteront toute la nuit jusqu’au lendemain où quelques tentatives de passage de la frontière reprendront, malgré les charges et les coups de la police. Ils refuseront la nourriture apportée par les organismes humanitaires qui tentent de négocier avec les autorités, notamment le maire de la ville venu sur place leur proposer un ultimatum. Le blocage est levé le dimanche soir vers onze heures, des bus et des avions ayant été préparés pour déporter tout le monde vers le sud de l’Italie.

Lundi 4 juillet, Calais. A nouveau un mort sur la rocade. C’est la septième personne depuis le début de l’année à perdre la vie, renversée par un camion de marchandises.

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Que dire de ces informations mises bout à bout sur une même page ? Elles ne sont pas exhaustives et ne couvrent « l’actualité » entre deux frontières que sur quelques jours… Bien d’autres faits se passent constamment sans que l’on ne dise rien, ou presque, sans que l’on ne voit rien, ou presque.

Chaque jour des familles dorment à la rue, d’autres sont expulsées, certaines peuvent être accueillies. Des gens s’activent, achètent un billet de train, donnent des cours de français, où récupèrent de la nourriture. Tout ceci n’apparaît que rarement dans les médias, ou tout au plus, font la une des journaux sans que personne ne puisse s’y rattacher vraiment.

Rassembler ces « informations » permet peut être alors de dresser un constat, celui de la puanteur du monde dans lequel on vit. Cela nous permet aussi de dévoiler cette réalité que nous connaissons pourtant tout.es, plus ou moins. Car pour certain.es, elle se présente cruellement chaque matin au réveil, et ne cesse de s’agiter qu’au couché. Pour d’autres, elle ne fait que passer par moment puis vient s’étouffer dans le reste de la vie quotidienne.

Ce constat et cette réalité peuvent alors transformer notre volonté d’action en résignation : que pouvons nous faire de toute façon ? les frontières ne sont d’ailleurs pas le seul problème de notre société… Où alors peuvent-ils renforcer notre conviction qu’il est nécessaire d’agir, maintenant. Mis bout à bout et articulés, ces « problèmes » renforcent notre vision d’ensemble et peut être il devient alors possible de mieux leur faire face, de mieux les appréhender, et qui sait, peut être d’élargir les possibilités de renverser cet ordre établit.

Merci à toutes celles et ceux qui contribuent à diffuser ces informations. Plus d’infos sur les sujets évoqués ci-dessus à ces liens :

Retour sur ce qu’il s’est passé lundi 20 juin

Solidarité aux 4 camarades

Harcèlement des migrants

Centre de rétention de Vincennes

400 personnes se battent

À nouveau un mort sur la rocade

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