Procès en appel de Francesca à la Cour d’Appel d’Aix en Provence Mercredi 23 mai

MERCREDI 23 MAI A LIEU LE PROCÈS EN APPEL DE FRANCESCA À LA COUR D’APPEL D’AIX EN PROVENCE (20 PLACE DE VERDUN, AIX)

Francesca est accusée d’aide à l’entrée irrégulière sur le territoire français (frontière de Vintimille). Nous vous invitons à la soutenir devant le tribunal !

Avant tout, nous vous invitons à lire son texte, qui explique pourquoi elle ne se reconnaît pas comme une délinquante solidaire… une approche politique qui déplace l’attention générale, au risque de rendre invisible le problème politique central des “frontières” et d’occulter les luttes des exilé.e.s pour les libertés.

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” JE NE ME RECONNAIS PAS DANS LA DÉFINITION DE “DÉLINQUANTE SOLIDAIRE”…POUR MOI, CES DEUX MOTS N’ONT PAS DE RAISONS D’EXISTER ENSEMBLE!

L’année dernière, le 4 avril 2017, pendant le procès à Nice, on a essayé de démontrer, avec des faits et des témoignages, ce qui a découlé et qui découle encore actuellement de la “Création des frontières”…dans le cas spécifique, celles franco-italiennes : violences, contrôles au faciès, renvois forcés sans respect des procédures, non-respect des droits des demandeurs d’asile, privation des libertés dans des conditions indignes et sans cadre légal. Le résultat de cette tentative de prise de conscience collective de la violence des frontières, a été une condamnation pour “Aide à l’entrée sûr le territoire français, de personnes en situation
irrégulières”, avec une amende de 1.000 euros. Je n’ai pas accepté cette décision et j’ai donc décidé de faire appel.

Le 23 mai prochain, à Aix, nous serons donc à nouveau dans une salle de Tribunal, pour confirmer tout ce qu’on avait démontré l’année dernière, parce que la situation, non seulement n’a pas changé, mais elle devient de plus en plus violente et inhumaine. L’opinion publique et les institutions continuent de déplacer l’attention générale sur le personnes “solidaires”, qui sont de plus en plus victimes de la répression, pour ne pas voir le vrai problème… les Frontières!

Depuis 2016, au moins 16 personnes sont décédés autour de Ventimiglia, pour essayer de rejoindre la France et les réseaux de trafic d’êtres humains et de prostitution deviennent de plus en plus présents et puissants sur le territoire. A Ventimiglia, comme ailleurs, cette logique de contrôle et de militarisation des frontières, conduit les personnes à emprunter des parcours de plus en plus dangereux et à risquer le tout pour le tout afin de pouvoir exercer le droit fondamental de chaque être humain à migrer. De plus en plus de personnes, au cours de la dernière année, ont donc essayé de traverser la frontière aux alentours de Bardonecchia / Briançon, en défiant des conditions climatiques et des risques inimaginables… Ce qui a produit un autre territoire militarisé et d’autres morts insensés!

Je suis née à Cuneo et, pendant toute mon existence, sur ce territoire entre Ventimiglia et Nice, je n’ai jamais subi de contrôles, ni j’ai eu la perception qu’il existait une frontière.
Je ne peux donc pas accepter que, depuis 2015, on ait décidé de trier ceux qui peuvent passer et ceux qui n’en ont pas le droit et qu’on ait mis en place des contrôles fondés sur “l’appartenance ethnique, la race, la religion ou l’origine nationale supposée”!

J’ai accompagné chez moi des amis, qui vivaient sous un pont à Ventimiglia: ils avaient le droit de voyager et d’être accueillis dignement! Et moi, j’avais le devoir de rester humaine! Je ne vois rien d’irrégulier et encore moins de criminel dans tout ça… Aucun être humain est illégal! “

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Cantine Sans Frontière à Alès le samedi 26 mai !

Au menu de la cantine ce mois ci :

REPAS AZERBAÏDJANAIS ET ARMÉNIEN
Salade océane
Légumes farcis
Karamoka et Mikado

prix libre, en soutien à deux familles sans papiers.

A la rétive (42, rue du faubourg d’Auvergne à Alès), à 12h30.

Venez nombreu.ses et relayez !

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La frontière tue. La militarisation est son arme

Une femme est morte. Un cadavre sans nom a été retrouvé mercredi près du barrage de Prelles, dans la Durance, la rivière qui traverse Briançon.

Une femme noire, sans papiers, dont personne n’a déclaré la disparition. Un corps sans vie et sans nom, comme les milliers qui sont retrouvés dans le fond de la Méditerranée.

Cette mort n’est pas une disgrâce inattendue, ce n’est pas un hasard. La montagne, la neige et le froid n’ont rien à voir là-dedans.

Cette mort a été annoncée par l’hiver qui vient de passer, par la militarisation qui, ces derniers mois sévit dans ces montagnes et par les dizaines des personnes hospitalisées après les blessures causées par leur fuite vers la France. C’est une conséquence inévitable de la politique de fermeture de la frontière et de la militarisation.

Ce décès n’est pas une fatalité. C’est un homicide, avec des mandataires et des complices bien faciles à identifier. En premier lieu les gouvernements, leur politique de fermeture de la frontière, et chaque personne qui la soutient.

Gendarmes, police de l’air et des frontières, chasseurs alpins, et maintenant ces ridicules néofascistes de Génération Identitaire, qui patrouillent sur les chemins et les routes pour partir à la chasse aux migrants qui cherchent un passage par ces cols. Ils traquent sur les sentiers et dans la neige avec des motoneiges ; les attendent dans la voiture, à l’affût, sur les routes qui amènent à Briançon et celles du centre-ville. Beaucoup des cas cet hiver de personnes blessées et conduites à l’hôpital font suite à des chutes dues aux fuites consécutives aux contrôles de police.

Cette femme-là n’est qu’une des dizaines d’exilés qui, chaque jour, cherchent à aller en France pour continuer leur vie. Pour ce faire, elle a dû traverser à pied dans la neige, cette ligne imaginaire qu’ils appellent frontière. En effet, la possibilité de voyager par des moyens
de transports sûrs lui a été refusée parce qu’elle ne disposait pas de papiers en règle et par la politique raciste de contrôle qui actent à la frontière. Après elle doit être descendue sur la route, parcourir les 17 kilomètres qui la séparaient de la ville. C’est pendant ce long trajet qu’elle doit être tombée sur un blocage de la police, comme les personnes refoulées le racontent souvent. Le groupe avec lequel elle était, qui comme elle essayait de traverser la frontière s’est probablement dispersé à la vue de la Police ou de la Gendarmerie qui traquent les indésirables pour les attraper et les ramener en Italie : l’habituel jeu de l’oie cette fois a tué.

Cette femme sans nom doit avoir glissé alors qu’elle essayait de s’échapper et de se cacher, tuée par les contrôles policiers. L’autopsie qui aura lieu à Grenoble dans la journée de lundi nous permettra d’avoir des détails précis sur la cause de sa mort.

La frontière sépare et tue.
N’oublions pas qui sont les responsables.

12 mai, Refuge autogéré Chez Jésus

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Chroniques d’une mort annoncée

Une semaine est passée depuis la mort de M. Cinq jours depuis que le cadavre d’une jeune femme « peut-être migrante » a été retrouvé, dans le fleuve qui passe sous Briançon, la Durance. (texte reçu par mail).

Voici les faits.

Un groupe d’une petite dizaine de personnes part de Clavière pour rejoindre Briançon à pied. Nous sommes dimanche soir, et comme chaque nuit les exilé·e·s qui tentent d’arriver en France se trouvent obligé·e·s d’éviter la route autant que possible et de passer par la montagne pour éviter les contrôles d’identité.

Le groupe commence son chemin, et puis se sépare : la femme a des difficultés à marcher et a besoin d’aide et de soutien. Deux personnes restent avec elle, et les trois se détachent du groupe. Ils marchent sur la route, en se cachant dès qu’ils aperçoivent des lumières de phares ou entendent des bruits.

La police a mis en place une véritable chasse aux migrant·e·s, plus féroce que jamais ces derniers jours. Ils se cachent sur les sentiers, pour surprendre, torches en main, ceux qui tentent la traversée, et font des rondes en voiture sur les routes. Ils se postent aussi aux entrées de Briançon, et à côté des carrefours, mettant en place de réels postes de blocage.

Les trois personnes marchent pendant une quinzaine de kilomètres et se trouve à 4 ou 5 kilomètres de Briançon. A la hauteur de la Vachette, cinq agents de la police nationale les attendent. Ils surgissent de derrière les arbres à gauche de la route. Il est entre quatre et cinq
heure du matin, Lundi 7 Mai. Les policiers se mettent à leur courir après. Le groupe se met en fuite, et entre dans le village de la Vachette. Un des trois réussit à se cacher, et les deux autres, un homme et une femme, courent sur la route. L’homme court plus vite, il cherche à attirer la police, qui parvient à l’attraper et le ramène directement en Italie.

La femme, elle, disparaît.

La police continue ses recherches dans le village de la Vachette pendant quatre heures. La rivière est en crue, et la police concentre ses recherches sur les rives de la Durance et autour du pont. Puis ils s’en vont. Cette façon de faire est tout à fait différents des pratiques habituelles de la police, pendant ces nuits de contrôle : en général, après avoir attrapé quelques personnes, ils ne recherchent les fugitifs et fugitives restant·e·s que pendant quelques dizaines de minutes. Les recherches concentrées dans la zone du fleuve indiquent clairement que les policiers avaient compris que quelque chose de très grave avait eu lieu.

50 heures plus tard, Mercredi 9 Mai, un cadavre de femme est retrouvé bloqué à la digue de Prelles, à 10 km au Sud de Briançon. Il s’agit d’une femme d’1 mètre 60, aux longs cheveux noirs tressés. Des cicatrices sur le dos, un collier serti d’une pierre bleue. Le Procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, a annoncé la nouvelle le jour suivant, en précisant que « Cette découverte ne correspond à aucune disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui nous permette d’identifier la personne et donc de dire si il s’agit d’une personne migrante ». Lourde déclaration du procureur. Les disparitions de personnes exilées ne sont donc pas inquiétantes, sous prétexte qu’on ne les signale pas ?

Les soutiens de M. étaient au contraire très inquiets : mais comment se tourner vers la police pour déclarer des disparus, quand ils risquent d’être maltraités, et leurs soutiens réprimés ? De plus, le procureur ment, car la police savait qu’une femme avait disparu après une poursuite.

Très peu de journaux ont relevé la nouvelle. Il semblerait que personne n’ait souhaité publier celle-ci. L’intérêt est d’ensevelir cette histoire, pour éviter un scandale face aux violences policières. Deux cas de femmes enceintes refoulées avaient déclenché des réactions
publiques en mars dernier. Une enquête judiciaire a été ouverte et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. Le magistrat a annoncé que « n’ayant pas d’éléments qui font penser à la nature criminelle du décès, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort ». Mais cela aussi est faux. La nature du décès est criminelle.
Ce n’est pas une mort accidentelle, ce n’est pas une erreur. Ceci est un homicide. Celui d’une jeune femme nigérianne de 21 ans. Cinq policiers les ont poursuivis. Cette femme, M, est morte à cause d’eux et de la politique qui dirige, contrôle et légitime leurs actions. M. est morte parce que la frontière ne peut pas être traversée en sécurité par les personnes sans papiers. M. n’est pas morte à cause de la montagne, par erreur, elle n’est pas morte dans la neige cet hiver. Elle est morte parce qu’elle était en train d’essayer d’échapper à la police, qui s’adonne de façon toujours plus violente à la chasse aux migrant·e·s. Elle a été tuée par ces cinq agents, comme le système de la frontière le leur ordonne.

Il s’agit d’un homicide avec des mandataires et des exécutants. Le Procureur de Gap et la préfète sont autant responsables que les policiers qui l’ont tuée, compte tenu des directives assassines qu’ils donnent.

Les responsables sont aussi la magistrature et le tribunal, qui criminalisent les solidaires qui cherchent à éviter ces morts en rendant la traversée la plus sûre possible. Les responsables sont tous les politiciens qui fondent leur campagne électorale sur la différence de couleur de peau et de nationalité des personnes.

Si cela continue, les morts se multiplieront.

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Les violences sont permanentes sur l’île de Lesbos (avril-mai 2018)

Il y a quelques mois déjà, nous publiions un article sur la situation d’extrême tension rencontrée par les exilés bloqués dans les hotspots des îles de la mer Égée au cours de l’été 2017. Force est de constater que depuis lors, aucune amélioration n’est à signaler, aucune réponse positive n’a été accordée aux multiples revendications des exilés. Malgré une mobilisation constante et des campagnes de solidarité résonnant parfois bien au delà des frontières grecques, l’horizon de milliers de personnes demeure réduit à un quotidien évoluant entre conditions de vies sordides et violences multiples. Face à l’angoisse suscitée par des procédures administratives désespérément longues et à la crainte permanente des renvois, la répression policière épaulée par l’appareil judiciaire punitif est l’unique réponse apportée par les autorités leur permettant détouffer toute contestation.

Le procès des 35 de Moria

Le 20 avril 2018, débutait au tribunal de l’île de Chios le procès des 35 exilés arbitrairement arrêtés dans le camp de Moria à Lesbos le 18 juillet 2017 suite à une manifestation à l’extérieur d’un bureau de l’EASO1. Alors qu’aucun élément tangible n’a été apporté tout au long de ce procès se déroulant sur une semaine, les trois juges et les quatre jurés ont unanimement déclaré coupables de violences sur des fonctionnaires de police 32 personnes parmi les 35 accusés. Ce manque de preuves accablant a même été confirmé par des témoins de la police qui ont déclaré que les prévenus arrêtés dans le camp de Moria l’ont été simplement parce qu’ils y étaient présents après la fin des affrontements entre des exilés et la police anti-émeute2. Le procès de Chios comportait d’autre part de graves problèmes de procédure, notamment une absence de traduction durant la majeure partie du procès et un temps très limité accordé aux accusés et aux témoins de la défense pour présenter leur version des faits.

Le verdict de culpabilité a été porté en appel par les 32 prévenus, qui ont été condamnés à 26 mois de prison avec sursis. Cette sentence est d’autant plus disproportionnée qu’elle est de 19 mois plus longue que les 7 mois recommandés par le procureur à l’issue de la procédure. Mais comme les 32 coupables sont admissibles à une peine de prison avec sursis, après neuf mois de détention, les prévenus devraient théoriquement être libérés.

Le jeudi 10 mai pourtant, sept personnes parmi celles reconnues coupables sont menacées d’expulsion. Leur demande d’asile a été refusée, et, après plus d’un an de traitement déshumanisant dans le camp de Moria, l’attaque violente de la police suivie de neuf mois d’emprisonnement, elles risquent d’être envoyées en prison en Turquie puis probablement expulsées vers les pays qu’elles ont fui. En outre, trois ont porté plainte contre la police pour les violences subies lors de leur arrestation en juillet, et une enquête en cours est ouverte par le procureur contre la police, pour laquelle tous les sept sont des témoins importants. Leur expulsion violerait non seulement leur droit à un procès plus équitable, mais assurerait l’impunité continue de la police dans la politique de répression violente exercée dans les hotspots grecs.

Grâce aux efforts coordonnés des collectifs de soutien et d’avocats mobilisés dans le cadre de la campagne free the moria 35”, l’expulsion a pu être empêchée pour permettre l’examen de leur demande ultérieure de protection internationale. Deux autres détenus ont également été libérés la veille de cette tentative d’expulsion. Au final, 24 des 35 accusés de Moria demeurent incarcérés, malgré l’absence de motifs légaux pour les détenir.

La répression comme réponse à toute contestation

Le cas des 35 accusés de Moria ne peut s’appréhender que dans un cadre répressif généralisé et déterminé, il n’est pas un fait isolé. La décision de la cour de Chios rendue pour les 35 de Moria intervient seulement quatre jours après les arrestations du 23 avril 2018 portant contre 122 personnes – principalement afghanes – qui manifestaient pacifiquement à Mytilène. Ceux-ci avaient quelques jours plus tôt, le 17 avril, organisé une marche spontanée depuis le camp de Moria jusqu’à la place Sappho au centre de Mytilène. L’un des réfugiés du camp se trouvait depuis la veille entre la vie et la mort à cause du manque d’assistance médicale fournie, aucun médecin n’ayant pu être trouvé et l’ambulance appelée n’arrivant pas. Les manifestants décident alors d’occuper la place en signe de protestation, mais le 22 avril au soir, ceux-ci sont violemment attaqués par une foule fasciste d’environ 200 personnes. L’attaque dure une bonne partie de la nuit sous le regard complice de la police, et lorsque celle-ci se décide enfin à intervenir le lendemain, c’est pour forcer les exilés à quitter la place et retourner dans le camp. L’ensemble des personnes présentes refusent alors de se soumettre aux ordres de la police et sont arrêtées puis détenues au poste de police pour occupation de l’espace public.

Vendredi 11 mai 2018, c’est au tour de 10 autres personnes d’être déférées devant la Cour de Chios. Le 10 juillet 2017, quelques jours seulement avant que les 35 accusés de Moria ne soient arrêtés, une manifestation éclate au camp Moria en réponse au rejet des demandes d’asile et à la détention systématique des demandeurs d’asile à Lesbos. La police de Moria riposte en attaquant la foule avec des gaz lacrymogènes et quelques containers d’associations humanitaires sont incendiés. Les arrestations dans cette affaire ont lieu des semaines après les événements, et ne sont pas arbitraires comme dans le cas des 35 de Moria. Parmi les personnes poursuivies, certaines étaient connues pour aider les gens à réclamer leurs droits. Le message à lire derrière cet acharnement ciblé est que tous les efforts des exilés pour s’organiser et protester contre le système coercitif des hotspots seront réprimés3. Le procès des 10 a été finalement reporté au 16 mai.

Politique restrictive et confinement des exilés

L’entrave à la circulation imposée aux exilés arrivant sur les îles de Lesbos, Rhodes, Chios, Samos, Leros et Kos fait partie intégrante de la politique mise en place par le gouvernement grec pour mener à bien les termes de l’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie le 18 mars 2016. Dans sa décision du 17 avril 2018, le Conseil d’État déclarait que la politique d’endiguement de la Grèce n’avait aucune base légale et qu’il n’y avait pas de raisons impératives en droit européen et en droit grec justifiant les restrictions à la liberté de circulation des demandeurs d’asile. Il a ordonné l’annulation de la décision administrative imposant les restrictions permettant ainsi la libre circulation des demandeurs d’asile arrivant sur les îles suite à la publication du jugement.

Le gouvernement a immédiatement pris des mesures pour contourner cette décision4 : le 18 avril, le ministre de l’immigration a nommé un nouveau directeur pour le service d’asile. Le 19 avril, un nouveau projet de loi a été déposé sur l’immigration et prévoit la restauration des restrictions géographique à la liberté de circulation. Le 20 avril, le nouveau directeur du service d’asile a pris la décision de suspendre la possibilité de mouvement dans le reste de la Grèce, et, à partir du 21 avril, le service d’asile grec a rétabli la restriction des déplacements des exilés limitée aux îles. Le projet de loi est en cours de discussion et sera débattu par l’ensemble du parlement dans les semaines à venir. Celui-ci vise à fournir une base légale à la politique de confinement et donc à légitimer l’enfermement et la répression qui en découle.

Selon les derniers chiffres fournis par le gouvernement, plus de 15 400 demandeurs d’asile sont piégés sur les îles grecques. Les arrivées quotidiennes par la mer Égée depuis la Turquie demeurent supérieures à la résolution des dossiers sur les îles, ainsi les exilés vivent depuis des mois voire des années dans des centres de traitement surpeuplés, et beaucoup ont passé l’hiver dans des tentes légères ou ont dormi dehors à même le sol. La politique d’endiguement abusive de la Grèce mise en place avec le soutien de l’Union européenne et de ses États membres, alliée à l’échec des programmes de relocalisation et au règlement Dublin renvoyant les demandeurs d’asile dans les pays d’arrivée, ne peuvent que conduire à une saturation du système d’asile dans les pays dits en première ligne et exacerber des tensions devenues inévitables. La récente décision de la Cour de Chios concernant les 35 de Moria encouragera davantage l’État grec à poursuivre la criminalisation de celles et ceux qui résistent aux politiques hostiles à leur encontre. Cet acharnement envers les exilés demeure extrêmement préoccupant et ne laisse entrevoir aucune amélioration de leur condition.

1 European Asylum Support Office. Voir notamment le documentaire (sous titré en Anglais) “Moria 35” sur la violente répression exercée par la police le 18 juillet 2017 qui a conduit aux arrestations des accusés.

2 Lors du procès, de nombreux accusés ont témoigné de leur participation à la manifestation appelant à la liberté de mouvement de Lesvos à la Grèce continentale, à la fin des procédures d’asile injustes sur l’île et à des conditions déplorables dans le camp de Moria. Ils ont expliqué que la police avait réagi violemment, dispersant les manifestants avec une utilisation excessive de gaz lacrymogène. D’autres ont témoigné qu’ils sont entrés dans le camp de la Moria après le calme, mais qu’ils se sont trouvés violemment arrêtés pendant le raid de la police. La violence policière excessive a été confirmée dans le procès à travers la documentation médicale des blessures subies par les accusés, la preuve vidéo des arrestations et le témoignage de plusieurs témoins et accusés. Le procureur de Mytilène a ouvert une enquête contre des policiers pour avoir causé des lésions corporelles graves à 12 des 35 accusés.

3 La répression ne limite pas aux îles grecques, huit réfugiés enfermés au centre de rétention de Petrou Ralli à Athènes étaient déférés devant la Cour d’Appel le vendredi 27 avril 2018 accusés de tentative d’agression, résistance et port d’objet dangereux, alors qu’ils ne faisaient que demander le jour ou ces faits leur sont reprochés une rencontre avec le directeur de la prison pour en savoir plus sur l’avancement dans le processus de leur détention. Leur procès se poursuivra le 23 mai 2018.

4 Voir la déclaration de presse de 21 organisations de défense des droits condamnant cette tentative : http://harekact.bordermonitoring.eu/2018/04/29/greek-government-defies-court-on-asylum-seekers/

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Samedi 26 mai à Saint jean du Gard : Journée sans frontières !

Journée sans frontière à Saint Jean du Gard – Samedi 26 mai

Au programme dès midi : Cantine solidaire avec les sans-papiers avec au menu :

Gaspacho, humus & tapenade

“Bo-Bun” – Salade composée de légumes crus + vermicelle (option boeuf)

Café Gourmand

A 15 h : projection & discussion sur la situation actuelle aux frontières, les luttes et les solidarités (Briançonnais, projet de loi asile immigration, répression…).

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Samedi 12 mai : après midi contes africains en soutien aux familles accueillies à St Jean du Gard

Le collectif de soutien de St jean du Gard propose un après midi autour de contes africains en soutien aux familles accueillies dans le village.
Venez toutes et tous !!

Samedi 12 mai à 17 h
Pour un public à partir de 10 ans

Centre de formation du Merlet (891 Rose Sud, 30270 Saint-Jean-du-Gard)
A partir de Saint-Jean-du-Gard, route de Mialet, tourner à droite.
Parking collège et école sur la gauche. Le centre de formation du Merlet est un peu plus haut sur la droite. Se garer sur place ou devant le collège

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Remise en liberté pour les trois camarades incarcérés de Briançon

La demande de remise en liberté des trois camarades arrêtés lors de la manifestation du 22 avril et placés en détention a été examinée jeudi après midi à Gap. La procédure s’est déroulée sans la présence des accusés, leur transfert depuis la prison des Baumettes de Marseille présentant selon les autorités un risque de trouble à l’ordre public (encore un…), un rassemblement de soutien étant annoncé devant le tribunal. Ils ont toutefois été remis en liberté par le juge, sous contrôle judiciaire strict : obligation de rester sur le territoire national français, de pointer tous les jours au commissariat dépendant des adresses qu’ils ont fourni, et ils n’ont le droit de faire aucune déclaration publique. Un rassemblement en leur soutien de 200/300 personnes les attendaient à leur sortie des Baumettes jeudi dans la soirée. Leur procès aura lieu le 31 mai où un rassemblement est d’ores et déjà appelé à Gap.

Stop Répression !! Stop Enfermement !! Stop Expulsion !!

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Comparution immédiate de Moussa au tribunal de Lyon aujourd’hui à 14h

MAJ : Moussa était jugé en comparution immédiate hier après midi au TGI de Lyon pour s’être opposé à son expulsion. Le délibéré est tombé hier soir vers onze heures : Moussa est placé en détention provisoire à Lyon jusqu’à l’attente de son procès renvoyé au 12 juin. Il pourra toujours à ce moment là être expulsé dans un pays où il risque l’enfermement ou la mort…

Face à ce système odieux et répressif punissant doublement les étrangers, continuons à nous organiser et à nous opposer à ces lois injustes !

Liberté pour Moussa !!

Stop Expulsion !! Stop Répression !! Stop Enfermement !!

Vendredi 4 mai 2018, dernières nouvelles reçues par mail.

COMPARUTION IMMÉDIATE AU TRIBUNAL DE LYON À 14H AUJOURD’HUI. LA MOBILISATION CONTINUE !

HIER, JEUDI 3 MAI, la diffusion et les multiples relais concernant la situation inouïe et abjecte que subit notre camarade Moussa aura permis d’élargir le spectre de la mobilisation autour des politiques (de non-accueil des migrantEs) honteuses de la France !

Depuis Nîmes où Moussa était incarcéré depuis 5 semaines, depuis la Préfecture du Gard qui faisait croire au réexamen de son dossier, depuis le CRA de Nîmes où plus d’une cinquantaine de militantEs était réunie toute la nuit de mercredi à jeudi, en passant presque par Marseille/Marignane où les collectifs avaient commencé à se mobiliser, jusqu’à l’aéroport de Lyon où Moussa fut emmené en catimini hier jeudi matin afin d’être encore une fois mis de force dans un avion, la solidarité, la mobilisation, la diffusion autour de la situation de Moussa ont mis la pression aux grandes instances et ont tissé des liens combatifs.

En quelques heures hier, depuis les différents points de Nîmes et Marseille, la mobilisation à Lyon a été remarquable. Un éventail large d’affinités militantes autonomes et associatives s’est mobilisé de multiples façons et plus d’une cinquantaine de personnes s’est rendue à l’aéroport, et au commissariat de l’aéroport pour protester contre la rétention et l’expulsion de Moussa.

L’association AiDES dans laquelle est investi Moussa à Nîmes a organisé des rassemblements de soutien à Nîmes, Marseille, Nantes, Rennes, Paris. Les soutiens à Nîmes ont occupé la place de la Préfecture, comme ils et elles le font depuis plus d’une semaine.

Le matin même, une fois arrivé à l’aéroport de Lyon, Moussa, pour la deuxième fois en moins d’une 1 semaine, avait refusé son embarquement dans un avion. Quel acharnement sur sa personne !

C’est donc grâce à sa détermination seule qu’il a évité d’être renvoyé en Guinée Conakry où il risque emprisonnement et mort en raison de son homosexualité.

Il a depuis été placé en Garde à Vue au Commissariat de l’aéroport.

C’est pour cela qu’aujourd’hui, vendredi 4 mai, Moussa passe en COMPARUTION IMMÉDIATE À 14H DEVANT LE PROCUREUR DE LYON pour refus d’embarquement.

La mobilisation continue, partout en France, Moussa n’est ni seul ni isolé !
Restons vigilants et vigilantes, alertes, toujours à l’affût face aux politiques migratoires meurtrières et viles de la France de Macron, Colomb et Cie !

ON LÂCHE RIEN !!
MERCI À TOUTES ET TOUS !

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MOUSSA EXPULSE ET ARRÊTÉ SUR LYON !! RASSEMBLEMENT A LA PRÉFECTURE DE NÎMES A 17h

Cette nuit au environ de 1h30 plus d’une centaine de personnes se sont retrouvées devant le centre de rétention, Moussa devait être expulsé dans la nuit en direction de Marseille via la guinée Conakry, des soutiens se sont tenus prêts toute la nuit pour intervenir à l’aéroport là-bas aussi. Nous avons quitté les lieux, pour les derniers au environ de 5h du matin, Moussa était toujours là, il y avait encore un peu d’espoir !!!

Ce matin nous apprenons que Moussa vient d’être dirigé sur Lyon, nous avons tout fait avec nos contacts pour qu’à l’aéroport des soutiens viennent entraver celui -ci, Moussa viens de refuser de partir, ils l’ont mis en garde à vue, actuellement nous cherchons un ou une avocat pour le défendre.

Rassemblement aujourd’hui 3 mai 2018 à 17 h
devant la Préfecture, venez nombreux – nombreuses

Ce n’est pas fini, Moussa a besoin de notre solidarité, nous ne lâcherons rien, faîte le savoir autour de vous, il est urgent aujourd’hui de rester mobilisé face à ce gouvernement qui lui aussi ne veut rien lâcher dans la répression!

Infos reprises de :
https://fr-fr.facebook.com/Refugees-Welcome-30-1536800979704768/

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