De l’indifférence comme « mode de vie européen »

Ci-dessous un article initialement publié dans la feuille d’infos locale “Épisode Cévenol” n°7 du 8 octobre 2019.

Il est des maux que l’on ne peut oublier. Ceux de l’immigration, malgré un passé chargé de souffrances et de désillusions, ont pourtant longtemps subi un déni généralisé et une constante propension à être rayés des lignes des histoires officielles.

Ce dernier siècle et demi écoulé en Europe a pourtant vu bien des hommes et des femmes quitter leur pays, parfois poussés par la misère ou par les persécutions, parfois appelés pour renforcer la chair ouvrière nécessaire au développement des puissances industrielles se constituant. Bien des raisons ont conduit à l’exil, et bien des difficultés ont connu les exilés. Mais l’un des points constitutifs d’une histoire commune à ces parcours torturés pourrait certainement être désigné par l’omission du rôle pourtant primordial qu’ils ont joué. Une sorte d’histoire inscrite en négatif, où l’immigré ne pourrait avoir d’existence qu’au regard de l’intérêt des états l’accueillant.

Ainsi, de nombreux états-nations européens se sont construits dès la fin du XIXème siècle par l’artificialisation d’un « nous » identitaire s’opposant à un « eux » étranger, comprendre ceux du dehors, ceux risquant de venir envahir des patries alors en pleine formation. Les concepts de xénophobie et de nationalisme ont largement puisé dans ce registre oppositionnel, et donné lieu à quelques uns des conflits mondiaux les plus sanglants. Ils ont aussi marqué le point de départ à l’assimilation de l’immigré à une menace, et ainsi inauguré les premières réglementations venant légiférer tout déplacement humain passant d’une frontière à une autre.

Mais l’immigration vue par les états est aussi celle d’une hypocrisie sans borne où le bénéfice tiré de l’apport fourni par l’immigration, tant économique, politique que culturel, n’a eu pour retour que le refus des droits les plus légitimes. À celles et ceux qui ont contribué – dans le silence et le mépris le plus souvent – aux travaux les plus harassants, ceux nécessaires aux besoins fluctuants d’une économie en pleine expansion, ceux là n’ont eu pour seul choix soit de se plier à une sous-existence sociale et juridique, soit de disparaître par l’assimilation ou par le retour au pays. La doctrine du marche où crève prenant ici une limpide réalité.

L’on dit pourtant que l’histoire se répète mais ne se ressemble pas. Les camps d’internement français où furent parqués avant-guerre les espagnols républicains fuyant le franquisme pourraient-ils faire écho aux camps grecs où sont parqués aujourd’hui les révolutionnaires syriens fuyant le régime d’Al-Assad ? Les travailleurs belges, italiens, ou algériens construisant autoroutes et banlieues des trente glorieuses sont-ils les mêmes travailleurs maliens, camerounais ou ivoiriens ramassant tomates et oranges dans les champs aujourd’hui ? Les politiciens qui ont usé de l’antisémitisme hier usent-ils des mêmes subterfuges pour se porter au pouvoir que ceux qui insufflent la peur des étrangers où de l’islam aujourd’hui ?

La récente dénomination du portefeuille de la nouvelle commission européenne concernant les migrations s’intitulant « Protection de notre mode de vie européen » ne pourrait ainsi sembler qu’une étape logique dans la continuité de l’acceptation des conceptions identitaires européennes. Qu’une banalisation de plus où se protéger d’un étranger reviendrait à ce protéger d’un ennemi. Où un mode de vie bâti sur le rejet de l’autre et sur son exploitation vaudrait tout de même la peine d’être défendu. Dans son ouvrage sur « Les origines du totalitarisme », Hannah Arendt rapportait : « Avant de faire fonctionner les chambres à gaz, les nazis avaient soigneusement étudié la question et découvert à leur grande satisfaction qu’aucun pays n’allait réclamer ces gens-là. Ce qu’il faut bien savoir, c’est qu’une privation complète de droits avait été créée bien avant que le droit de vivre ne soit contesté. » Si notre mémoire laisse aujourd’hui vivre – et mourir – dans l’indifférence celles et ceux qui errent ici dans l’exil, qu’en sera t-il demain ?

Posted in General | Comments Off on De l’indifférence comme « mode de vie européen »

[Grèce] Incendie mortel et révoltes dans le camp Moria à Lesvos

Ci-dessous un article reprenant des infos publiées sur http://blogyy.net/ et https://medium.com/are-you-syrious/latest.

Un incendie mortel a éclaté dimanche 29 septembre dans le camp de Moria, brûlant une dizaine de conteneurs servant d’habitation aux réfugiés et coûtant la vie à une femme et son nouveau-né. Quelques dizaines de personnes ont été blessées et ont du être soignées suite à des brûlures et à l’inhalation de fumées.

Le feu, survenu à cause d’une ampoule défectueuse, s’est rapidement étendu d’un conteneur à l’autre. Dès le début de l’incendie, pendant que des dizaines d’habitants allaient au secours des victimes, d’autres essayaient de s’échapper pour se protéger, souvent avec leurs enfants. L’arrivée des pompiers auraient été volontairement retardée car ceux-ci n’auraient pas obtenu l’autorisation d’intervenir immédiatement dans le camp. Les habitants ont ainsi commencé à éteindre le feu par eux même. Face à ce mouvement de foule et la crainte de voir fuir des gens qu’ils considèrent comme des prisonniers, les policiers ont tiré des grenades lacrymogènes sur des personnes déjà en état de panique, asphyxiant doublement ces adultes et ces enfants en danger. La situation a provoqué une confrontation entre les résidents et la police, qui a alors odieusement fermé les portes du camp alors que le feu était encore rugissant. Adultes et enfants furent bloqués alors qu’ils tentaient de fuir l’incendie, et pris en tenaille entre la fumée toxique de l’incendie et celle des gaz envoyés délibérément par la police grecque.

Plusieurs médias grecs et internationaux ont utilisé cette nouvelle pour promouvoir leur nauséabonde rhétorique anti-migrants, accusant les habitants du camp d’avoir provoqué le départ du feu, où d’avoir bloqué l’intervention des pompiers. Certains sont allés jusqu’à invoquer la surpopulation comme cause du problème, non sans oublier de décrier notamment les récentes arrivées depuis la Turquie, c’est à dire une manière à peine détournée d’insinuer que les migrants seraient responsables de leur propre sort… [Voir notamment une critique de l’AFP ici.] Mais pour les médias avides de désinformation, un incendie mortel est prétexte à alimenter la politique sécuritaire exercée par le pouvoir, non à en dénoncer les manquements. Ainsi, ont été battues en brèche les décisions prises à la suite de l’incident par le conseil des ministres grec de renvoyer 10.000 migrants en Turquie, de renforcer les patrouilles en mer Égée, ou de rapporter le rapprochement récemment établi entre Mitsotakis et Erdogan présageant pourtant de nouveaux drames. Les récents durcissements du séjour des demandeurs d’asile n’ont quant à eux guère été évoqués (suppression des possibilités de faire appel, obligation d’obéir à une domiciliation imposée le plus souvent dans un camp, création de nouveaux camps désormais systématiquement fermés même sur le continent, surveillance renforcée des agissements politiques des migrants), tout comme une reconsidération des conditions d’accueil déplorables livrées aux migrants.

Cette nouvelle tragédie est pourtant le produit d’une politique européenne odieuse, résultant directement de choix délibérés. Le camp de Moria vient récemment d’atteindre le chiffre exorbitant de 13000 personnes confinées, pour 3000 places seulement, selon l’évaluation du HCR. Il a été conçu par les « spécialistes » et les responsables politiques de l’Union européenne, et le problème n’est nullement le résultat fatidique d’un soi-disant nombre trop important de migrants causant une « surpopulation », mais bien une volonté d’enfermement et de coercition nécessaire à une gestion des flux au niveau européen. Depuis trois ans, des gens sont morts de maladies, notamment liées à une mauvaise alimentation, à des conditions d’hygiènes innommables et au manque de protection face aux conditions climatiques (extrême chaleur, neige, boue…). Les personnes vivant dans ces camps ont été soumises à l’humiliation, à la déshumanisation, ont été souvent arrêtées ou emprisonnées, elles demeurent dans l’attente d’un hypothétique transfert ou d’une régularisation. Cet événement tragique ne peut qu’être une raison de plus de dénoncer une fois encore les politiques migratoires meurtrières.

Posted in General | Comments Off on [Grèce] Incendie mortel et révoltes dans le camp Moria à Lesvos

Procès des solidaires avec les exilés les 2 et 24 octobre à Grenoble

Les 2 et 24 octobre prochains, deux solidaires passeront au tribunal de Grenoble (38) en appel pour délit de solidarité… Ils sont accusés d’aides à l’entrée de personnes en situation irrégulière sur le territoire français alors qu’ils portaient assistance à personnes en danger. Ces appels font suite à des peines de prison prononcées à leur encontre par le tribunal de Gap (05) en janvier dernier.


Cette répression s’inscrit dans une politique générale de harcèlement et d’intimidation tant pour les solidaires que pour les exilés d’ici et d’ailleurs. Kevin et Pierre ont besoin de soutien comme les 3+4 de Briançon ou comme encore Blessing, Tamimou… qui en auraient eu besoin avant de mourir à la frontière des Hautes-Alpes (05).

Rendez vous à tous le 2 octobre à 14h et le 24 octobre à 14h, devant le tribunal de Grenoble, pour soutenir les solidaires et lutter contre les répressions et les politiques migratoires actuelles.

Le comité de soutien des 3+4+2+…. de Briançon.

Posted in General | Comments Off on Procès des solidaires avec les exilés les 2 et 24 octobre à Grenoble

Cantine sans frontières, Samedi 28 septembre, c’est la rentrée : repas Malien-Sénégalais !

Au menu de la cantine ce mois-ci :

REPAS MALIEN-SÉNÉGALAIS :
Mafé au poulet et au riz
Pastèque – Thé

Samedi 28 septembre à partir de 12h30 à la Rétive à Alès (42, rue du Fbg d’Auvergne)

Nous rappelons que l’argent récolté lors des Cantines sans frontières est destiné à être reversé à des personnes ne bénéficiant, pour la très grande majorité et du fait de leur situation administrative irrégulière, ni de la possibilité de travailler légalement, ni de celle de percevoir une quelconque aide sociale. Cela signifie dans le monde capitalisé que nous connaissons toutes et tous rencontrer de très grandes difficultés pour se loger, se nourrir où acheter n’importe quel bien de consommation de la vie courante. Les Cantines sans frontières sont un moyen de s’en sortir collectivement et sont organisées avec les personnes concernées. Elles sont aussi un moment de rencontre, d’échange et de convivialité.

Venez nombreux et faîtes passez l’info !

Posted in General | Comments Off on Cantine sans frontières, Samedi 28 septembre, c’est la rentrée : repas Malien-Sénégalais !

Rencontres avec Victor Collet autour de son ouvrage : « Nanterre, du bidonville à la cité »

« De l’époque de la guerre d’Algérie aux années 1980, les bidonvilles de Nanterre symbolisent la condition immigrée en France, de même que le long et difficile chemin qui mène leurs habitants vers les sinistres cités d’urgence et de transit, puis finalement vers la « cité » HLM. De l’entrée des premiers militants chrétiens dans les bidonvilles jusqu’à la naissance des mouvements menés par les immigrés eux-mêmes, en passant par l’engagement des gauchistes de la faculté toute proche, ce livre est une histoire de rencontres et de luttes. »

L’ouvrage de Victor Collet, paru cette année aux éditions Agone dans la collection « Mémoires sociales », est le fruit d’un conséquent travail de recherche issu de dépouillements d’archives, de biographies reconstituées, et de nombreux entretiens. Il revient avec précision sur plusieurs décennies de mobilisations survenues à Nanterre où les premières luttes de l’immigration s’entrecroisent avec les revendications d’une ville ouvrière fortement politisée ou avec celles de l’implantation d’une faculté de lettres et sciences humaines d’où éclateront les révoltes de Mai 68…

Ce récit est également le reflet de dix années de participation de l’auteur aux luttes collectives dans les quartiers et à la fac de Nanterre, avec les réfugiés et sur les nouveaux bidonvilles. En sortant ces luttes de l’oubli, Victor Collet offre une analyse des conditions sociales et politiques de l’immigration où les combats d’hier contre l’habitat insalubre, les expulsions où les violences policières, résonnent de manière toujours pertinente de nos jours.

Deux soirées de présentation de l’ouvrage et de discussion avec l’auteur sont prévues :

– A Saint Jean du Gard à la Lézarde (66, grand rue) le Vendredi 27 septembre à 19h, rencontre suivie d’un auberge espagnole,

– A Ganges à la librairie Zéro de Conduite (39, rue Biron) le Samedi 28 septembre à 17h.

Les photographies du livre seront exposées à ces occasions.

Ci-dessous, des lien vers quelques articles illustrant différentes luttes de l’immigration significatives de cette époque mouvementée :

La grève de Margoline. Extrait du livre de Victor Collet « Nanterre, du bidonville à la cité. »

Le 21 mai 1973, dans une zone industrielle isolée derrière des voies ferrées, éclate la première grève de travailleurs sans papiers en France. Les ripeurs marocains de Margoline, ceux qui déchargent les camions, arrêtent le travail et dénoncent leur condition d’esclave liée à l’irrégularité de leur situation. […]

La Maison peinte, berceau des luttes de l’immigration à Nanterre

De nombreux témoignages rendent compte d’une même histoire militante fondatrice : celle de la Maison peinte, « petit pavillon pourri » prêté par la Cimade, à l’orée d’un des célèbres bidonvilles de Nanterre, Les Pâquerettes. L’histoire est en partie oubliée, son nom échappe d’ailleurs aux plus jeunes. Pourtant, la Maison peinte reste tenue en haute estime : centrale pour les luttes d’« immigrés », déterminante pour la prise de conscience politique de nombreux jeunes. […]

Cités de transit : en finir avec un provisoire qui dure !

A la cité Gutenberg de Nanterre, le 23 octobre 1982, il fait déjà nuit. Abdennbi Guémiah traverse le terrain vague pour rentrer chez lui après la prière du soir à la mosquée. Soudain, plusieurs coups de feu éclatent. Touché, le jeune homme s’effondre. Il mourra, quelques jours après. Dans la cité, c’est l’émoi. L’homme qui a tiré au fusil 22 long riffle est un pavillonnaire voisin, disant avoir été importuné par des jets de cailloux lancés par des gamins. […]

Vingt ans après, entretien avec Assane Ba

De 1975 à 1980, les résidents des foyers gérés par la Sonacotra font la grève des loyers. Ils contestent les tarifs et le contrôle qui leur sont imposés par leur logeur, et refusent d’être représentés par les syndicats ouvriers. Loyers et conditions d’habitat acceptables, liberté de circulation, de réunion et de visite, droit à l’intimité : il s’agit précisément de déconnecter l’espace du logement de la logique de l’usine. À son apogée, le mouvement engage 20 000 travailleurs immigrés, et ses manifestations rassemblent jusqu’à 25 000 personnes. Assane Ba fut l’un de ses représentants. Il nous en fait ici le récit. […]

Rock against police, des lascars s’organisent. Une série de six documentaires sonores.

A la fin des années 70, dans un contexte de crise économique et de chômage, les expulsions de jeunes immigrés et les meurtres en banlieue, qu’ils soient commis par des flics ou des beaufs, se multiplient. Un réseau informel et fluctuant se constitue pour réagir collectivement en organisant une série de concerts Rock against police au beau milieu des cités. De 1980 à 1983, l’initiative fait tâche d’huile. Plusieurs concerts sont organisés en région parisienne : Paris, Vitry, Nanterre, Cergy, Argenteuil. L’idée est également reprise par d’autres groupes en France, notamment à Marseille, Saint Dizier, et Lyon avec les concerts organisés par Zâama d’banlieue. […]

Posted in General | Comments Off on Rencontres avec Victor Collet autour de son ouvrage : « Nanterre, du bidonville à la cité »

Lancements des cours d’arabe à Saint Jean du Gard – lundi 16 septembre

Posted in General | Comments Off on Lancements des cours d’arabe à Saint Jean du Gard – lundi 16 septembre

Vendredi 27 sept à St Hippo, concert de soutien : Fendiké pour les réfugiés !

Vendredi 27 septembre
Salle des fêtes de Saint-Hippolyte-du-Fort
Venez danser afro beat avec
 FENDIKÉ
Concert de soutien au profit du
Collectif d’aide aux réfugiés de Saint-Hippolyte
 
19h30 : Buvette et petite restauration internationale
21 h : Concert
 
Participation libre, nécessaire et solidaire
Venez nombreux !
Posted in General | Comments Off on Vendredi 27 sept à St Hippo, concert de soutien : Fendiké pour les réfugiés !

Marché sous haute tension à Saint Jean du Gard : Rassemblement contre l’arrêté anti-tract mardi 27 août dès 9h

Nous relayons cet appel contre les lois liberticides et la répression policière. MAJ : 26/08 : Le maire de St jean du Gard vient de publier un arrêté autorisant la distribution de tracts et de flyers à St jean du Gard. L’appel à rassemblement est maintenu pour fêter ça !

La municipalité de Saint Jean du Gard persiste dans le mépris de la population du village et a encore fait envoyer les forces de l’ordre ce mardi 20 août au marché pour tenter de faire appliquer son arrêté anti-tract.

Pour rappel, un arrêté municipal interdit depuis le 31 juillet 2019 la distribution de tracts et de flyers sans autorisation préalable du maire dans le centre du village pour une durée d’un an. Une mobilisation pour s’y opposer, appelée la semaine passée, avait entraîné la venue de nombreux gendarmes pour l’empêcher (voir compte rendu ici, et compilation de textes ).

Ce matin, mardi 20 août, aucun rassemblement n’avait été prévu et seuls les militants Stop-linky tenant une table d’information au marché, comme chaque semaine depuis des mois, étaient présents. La venue des gendarmes a très vite fait monter la pression quand un gradé a prétendu avoir vu l’une des militantes distribuer un tract, et a voulu procéder au contrôle de son identité afin de la verbaliser.

Les nombreuses personnes présentes à ses côtés furent consternées par cette flagrante provocation : la militante ne distribuait aucun tract mais montrait simplement à une passante intéressée l’arrêté municipal en question qu’elle tenait entre ses mains ! Celle-ci s’est opposée à l’injonction injustifiée et abusive, mais les gendarmes n’en sont pas restés là. Ils l’ont harcelée afin d’obtenir son identité et poursuivie quand elle a voulu passer son chemin. Ils ont également contenu par la force les personnes prenant sa défense (plaquage contre un mur de plusieurs d’entre elles), et invectivé les passants qui protestaient vivement devant cette tentative d’arrestation aberrante (une personne âgée en béquille s’est même vue taxée de porter une arme par destination).

Ces mesures sont inacceptables et révoltantes.

UN RASSEMBLEMENT EST DONC APPELÉ MARDI 27 AOÛT DÈS 9H AU MARCHÉ DE SAINT JEAN DU GARD POUR :

– dénoncer la réaction scandaleuse de la municipalité qui tente d’intimider sa propre population à travers l’envoi répété des forces de l’ordre,

– dénoncer l’aval donné par le préfet du Gard pour déployer une telle présence policière et consentir à cet acharnement répressif,

– exiger le retrait immédiat de cet arrêté liberticide foulant au pied la liberté d’expression de chacun au bon vouloir d’un seul.

RETRAIT IMMÉDIAT DE L’ARRÊTÉ ANTI-TRACT !!

NI LOI LIBERTICIDE, NI RÉPRESSION POLICIÈRE !

Posted in General | Comments Off on Marché sous haute tension à Saint Jean du Gard : Rassemblement contre l’arrêté anti-tract mardi 27 août dès 9h

Des nouvelles de la frontière italienne

Texte publié sur le site Passamontagna.

Comme annoncé dans les journaux  en avril, dans les dernières semaines une intensification des relations entre flics italiens et flics français s’est vérifiée.

En premier lieu une collaboration sur le contrôle de la frontière : La présence de militaires français venant inspecter le village de Clavière a été notée deux fois, et au moins trois fois la police italienne s’est déployée en voiture ou à pied au départ d’un sentier reliant Clavière à la France, en bloquant l’accès selon des critères racistes, illégitimes bien que suivant leurs lois de merde.

Nous ne nous lasserons pas de dire que CHAQUE FLIC EST UNE FRONTIÈRE.

Autre chose a changé dans les modalités de refoulement. Depuis l’expulsion de Chez Jésus (refuge autogéré à Clavière expulsé en Octobre dernier) jusqu’au mois dernier, le point de rencontre entre la police française et italienne se trouvait à l’entrée de Clavière, où il y avait en permanence un commissariat mobile pour identifier les personnes refoulées.

Maintenant, à l’inverse les personnes arrêtées sur les sentiers sans le bout de papier demandé sont traînées au poste de la Police aux frontières (PAF) française en attente de l’arrivée de la police italienne. Cette dernière, selon témoignages directs, peut se faire attendre pendant plusieurs heures après l’arrestation. La police italienne procède ensuite à l’identification, dans les bureaux de la PAF, en créant probablement une situation de contrôle réciproque sur le respect des accords entre les deux pays.

Le temps d’enfermement à la PAF varie sans certitude sur ce qui se passera après: le comportement de la police italienne est totalement aléatoire. Parfois les personnes sont laissées à Clavière, parfois elles sont relâchées à Suse ou à Bardonecche, et parfois elles sont laissées au beau milieu de la nuit sur la nationale à 10 kilomètres d’Oulx.

Même dans les cas où les personnes se font refouler au milieu de la nuit,elles sont emmenées jusqu’à Oulx, et souvent laissées par la police devant la gare. Incidemment les personnes qui étaient passées par la Casa Cantoniera (refuge autogéré à Oulx) reviennent à la maison, mais certaines nuits il y a du monde qui dort dehors devant la gare.L’intensification de la collaboration entre l’Italie et la France prouve que, malgré la stupide propagande salvinienne, l’intention du décret « sécurité et immigration » (avec l’abolition de l’ « aide humanitaire », la fermeture de nombreux centre d’accueil et la création de nouveaux CRAs ) n’est pas tant de se « libérer des migrants » mais plutot de mettre encore plus de personnes dans des conditions de clandestinité et de précarité. Cela rend alors cette force de travail complètement dépendante des patrons, les exposant aux chantages, sous la menace permanente de finir dans un CRA s’ils n’acceptent pas ces conditions.

La dernière « solution » pour ceux qui restent sans documents et qui ne veulent pas céder au chantage d’un travail sous-payé et précaire est souvent de partir. Outre les patrons se lamentant d’une diminution des travailleurs, nous avons beaucoup de témoignages sur cette situation.

Voici par exemple celui d’une homme ayant passé 10 ans en Italie : « En Capitanata, (une des plus grandes zones agro-industrielle pour la transformation et l’exportation de tomates située dans le Sud de l’Italie ), les travailleurs doivent payer pour vivre et être exploité, puisque chaque besoin quotidien se trouve monnayé : chaque repas est payant, tout comme chaque nuit passée dans les tentes, même le trajet du camp au lieu de travail leur coûte 5E par jour s’ils y vont en véhicule. Bien sûr, toujours pour un salaire aussi misérable. S’ajoute à ça la dangerosité des conditions de travail qui a déjà entraîné la mort de plusieurs travailleurs, ceci dans une totale impunité ». Face à ces conditions de travail et de vie plus que misérables, mais également avec les nouvelles complications bureaucratiques pour le renouvellement des papiers et l’augmentation du racisme dans la rue, beaucoup de travailleurs, présents parfois depuis des années, sont poussés à migrer vers le nord de l’Europe.

Le chantage de l’état n’arrête pas pour autant celles et ceux qui transgressent et se rebellent contre les lois racistes. Chaque jour, la frontière continue d’être traversée par des personnes déterminées à continuer leur voyage. Dans les CRA  et les ghettos de travailleurs du Sud il y a de nombreuses réactions contre l’ordre établi.

Au CRA de Turin notamment, les détenus dénoncent que des calmants sont mis dans leur nourriture. Pour cette raison, ils demandent à celles et ceux qui sont à l’extérieur d’apporter : Des légumes pré-cuits en tetrapack (à l’intérieur, le verre et les canettes ne sont pas acceptées et il n’est pas possible de cuisiner), des fruits et légumes emballés, du lait à longue conservation, et tout ce qui peut être consommé sans cuisson et avec un emballage ni en en verre ni en fer.

Nous vous invitons à nous contacter en privé si vous souhaitez envoyer des colis.

Posted in General | Comments Off on Des nouvelles de la frontière italienne

Turquie : expulsions en masse vers la Syrie, discours anti-migrants et suspension de l’accord avec l’UE

Cet article se base notamment sur des informations reprises et traduites à partir du site Harekact! Reporting on the Turkish-UE regime, à consulter pour une mise à jour régulière de l’actualité du régime des frontières en Turquie.

Réfugiés syriens sur le point d’être expulsés – Quartier de Küçükçekmece, Istanbul.

Expulsions massives de réfugiés syriens vers leur pays

Depuis la mi-juillet, les autorités turques mènent une vaste campagne d’arrestation des réfugiés syriens dépourvus de papiers de résidence. Les forces de police multiplient les contrôles dans les lieux publics, les usines et les stations de métro autour d’Istanbul, et effectuent des descentes dans les habitations. Un grand nombre de personnes ont été arrêtées et expulsées vers la Syrie, notamment dans la province d’Idleb, région très instable du nord-ouest du pays et toujours en proie aux conflits armés.

Les groupes de défense des droits de l’homme, qui condamnent depuis quelques jours ces expulsions dans les médias, affirment qu’en l’espace d’une semaine, entre 600 et 1500 Syriens auraient été renvoyés illégalement d’Istanbul vers la Syrie. Certains médias parlent d’une rafle de 5000 réfugiés. Les témoignages recueillis montrent que les personnes contrôlées, après avoir été arrêtées et menottées avec des colliers de serrage en plastique, sont conduites en centre de rétention où elles sont maintenues jusqu’à ce qu’elles se résignent à signer des formulaires de « rapatriement volontaire ». La signature forcée de ces documents, rédigés en turc et dont le contenu reste inconnu pour les personnes arrêtées, conditionne le délai de maintien en rétention avant une expulsion et rend l’expulsion « légale » aux yeux du droit international.

Pour autant, un avocat syrien qui dirige un cabinet s’adressant aux Syriens à Istanbul, a déclaré que « l’expulsion de Syriens vers leur pays, qui est toujours au cœur d’un conflit armé, est une violation flagrante du droit turc et du droit international », même s’il agit du « retour des Syriens sans carte de protection temporaire ». Depuis 2014, une partie des réfugiés syriens en Turquie ont été enregistrés sous le statut de « protection temporaire », ce qui correspond à une résidence légale et leur ouvre un droit de travail. Cependant pour travailler ou circuler hors de la zone où a été faite la première demande de protection une autorisation spéciale est nécessaire. Mais depuis fin 2017, dix provinces du pays, y compris celle d’Istanbul, ont cessé d’enregistrer les Syriens nouvellement arrivés et de nombreux réfugiés sont dès lors contraints de résider en Turquie de manière clandestine.

Par ailleurs, des Syriens contrôlés dans cette vague d’arrestations qui avaient les papiers nécessaires pour vivre et travailler à Istanbul ont confirmé qu’ils avaient été envoyés à Idleb ou ailleurs. Dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, un jeune syrien témoigne :

« J’ai été arrêté à Aksaray, dans une épicerie à Istanbul, uniquement parce que je suis syrien. J’avais laissé mon identifiant de protection temporaire à la maison, à moins de 15 minutes de l’endroit où j’ai été contrôlé. La police a refusé d’attendre 15 minutes que ma famille l’apporte, elle m’a tout de suite fait monter dans un bus avec beaucoup d’autres personnes sans aucune information sur notre destination. Une fois le bus rempli, ils nous ont emmenés au poste de police de Tuzla. On nous a dit que nous serions envoyés à Hatay et non en Syrie. Nous avons tous été obligés de signer un document de « retour volontaire » en Syrie. Nous n’avons même pas été autorisés à lire les détails qui y étaient écrits. J’ai vu de nombreuses personnes être battues pour avoir refusé de le signer. Je suis étudiant à Istanbul et je suis également inscrit comme réfugié à Istanbul pourtant j’ai été ladéporté à Idleb. Je ne suis pas le seul, il y avait beaucoup d’autres personnes sous la protection temporaire en Turquie et elles ont été expulsées. Au cours de notre voyage de 19 heures à Idleb, nous avons été agressés verbalement et physiquement et avons été passés à tabac dans les commissariats et dans le bus par les forces de sécurité et de police turques, même à la frontière turco-syrienne. »

Faisant face aux critiques formulées sur les réseaux sociaux, les autorités d’Istanbul ont pourtant déclaré lundi 22 juillet que seuls « les migrants en situation irrégulière entrant dans notre pays illégalement [étaient] arrêtés et expulsés ». Les membres responsables du gouvernement affirment que les Syriens n’ont été renvoyés que dans les zones du nord d’Alep contrôlées par les rebelles, où l’armée turque est présente aux côtés des groupes qu’elle soutient. Ils ont nié le retour des Syriens à Idleb, où une offensive lancée par le gouvernement de Bachar Al-Assad à la fin du mois d’avril avait déclenché une recrudescence des combats, faisant plus de 400 morts et obligeant plus de 330 000 personnes à fuir leur domicile. Les risques sont toujours d’actualité comme en atteste un communiqué de l’ONU stipulant fin juillet que 59 civils avaient été tués, dont 39 quand un marché a été frappé par des frappes aériennes.

Le discours anti-migrants alimenté par de nombreux politiciens

La récente répression contre les Syriens peut être considérée comme l’aboutissement d’un discours anti-migrant renforcé par une conjoncture de ralentissement économique pesant sur les 3,6 millions de réfugiés syriens enregistrés dans le pays depuis 2011. Elle fait suite à de nombreuses déclarations et mesures prises par des responsables politiques turcs du gouvernement et de l’opposition insistant sur la nécessité de contrôles plus stricts de l’immigration irrégulière et d’un retour au pays pour ces ressortissants.

Le gouverneur d’Istanbul vient de fixer un délai de départ pour tous les Syriens résidant à Istanbul mais ayant obtenu la protection temporaire ailleurs afin qu’ils soient obligés de retourner dans leurs provinces initiales. Un ultimatum a été fixé au 20 août, précisant que si ceux-ci ne regagnaient leur ville d’enregistrement d’origine par eux mêmes, ils y seraient transférés de force par les autorités. Peu de temps après, le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, a encore alimenté l’atmosphère xénophobe en annonçant que la Turquie était « confrontée à une vague de migration » et que des mesures seraient nécessaires afin d’« empêcher la Turquie de devenir un centre d’immigration clandestine ». Il a également légitimé les efforts déployés pour empêcher les immigrants d’entrer en Turquie et a annoncé l’objectif d’expulser environ 80 000 personnes en 2019, soit une augmentation de 40 à 50% par rapport aux années précédentes. Le président Recep Tayyip Erdoğan a déclaré quant à lui que la Turquie préparait une série de changements politiques concernant les réfugiés syriens dans le pays : « Nous nous préparons à franchir de nouvelles étapes. Nous allons encourager [les réfugiés] à retourner dans leur pays. Nous allons expulser ceux qui ont commis des crimes. De plus, nous prévoyons une contribution financière en échange des services de santé qui leur sont fournis. »

Le consensus établi lors des dernières élections locales montre clairement que tous les partis sont à l’unisson dans cette politique anti-immigrés. À cet égard, le maire d’Istanbul nouvellement élu, Ekrem İmamoğlu, a joué un rôle de premier plan, non seulement en tant que maire de la ville la plus peuplée de Turquie, mais également parce qu’Istanbul est la ville accueillant le plus grand nombre de réfugiés syriens. Dans ses déclarations avant les élections, il a exprimé son mécontentement face à leur présence, précisant qu’il ne voulait pas que ceux-ci changent le tissu de la ville et que le mieux était qu’ils rentrent chez eux. À la suite d’émeutes anti-syriens dans la ville début juillet, le nouveau maire d’Istanbul n’a pas hésité pas à attiser les tensions par des déclarations xénophobes et controversées : « Un réfugié doit être isolé dans un camp si c’est nécessaire, ou il doit être rééduqué ». Il impute en outre le chômage aux réfugiés syriens : « Certains de nos concitoyens ont perdu leur emploi. Le taux d’emploi a baissé en raison du nombre de réfugiés travaillant de manière informelle. »

Les prix de ces pâtisseries stambouliotes sont les suivants : pour les soldats : gratuit, pour les Turcs : 1 livre turque, pour les Syriens : 5 lires turques.

Suspension de l’accord UE-Turquie

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu, a annoncé fin juillet que le gouvernement suspendait l’accord de réadmission des réfugiés conclu avec l’Union européenne en mars 2016. Cette décision fait suite aux récentes sanctions imposées par Bruxelles en raison de l’exploration de gisements de gaz dans les eaux chypriotes par la Turquie, mais elle est également liée au fait que l’UE n’a toujours pas mis en place la mesure d’exemption de visas pour les citoyens turcs tel que l’accord le prévoyait.

L’accord de réadmission stipulait que les réfugiés arrivant sur les îles grecques situées face aux côtes turques soient renvoyés en Turquie. Dans le cas des Syriens, pour chaque réfugié de ce pays renvoyé sur le territoire turc, un demandeur d’asile résidant en Turquie devait être relocalisé en territoire européen. Après la signature de cet accord et du fait des contrôles mis en place, le nombre de personnes arrivant sur les îles grecques a drastiquement chuté. Le nombre de réadmissions est pour autant resté bas puisque, depuis l’entrée en vigueur de l’accord, seules 2 492 personnes ont été expulsées de Grèce vers la Turquie (dont 86 en 2019) sur la limite des 70000 initialement prévues. Depuis lors, les îles grecques se sont transformées en véritables prisons à ciel ouvert où une moyenne de 15000 personnes, privées de la possibilité de rejoindre le continent, sont bloquées dans l’attente du traitement de leur dossier et survivent dans des conditions très largement décriées.

La dernière expulsion de Grèce vers la Turquie semble dater du 11 juillet, et l’on peut y voir une indication du fait que les réadmissions ont bien été suspendues dans la pratique. Ce n’est pourtant pas la première fois que la Turquie fait pression sur l’Union européenne et la Grèce en utilisant le système de réadmission comme outil de négociation. En réponse à la décision du tribunal grec de libérer huit soldats qui avaient fui la Turquie après la tentative de coup d’État de 2016, le gouvernement turc avait déjà brandi des menaces de rupture. La suspension brutale de l’accord UE-Turquie prenant la forme d’un marchandage sordide conduira très probablement à une situation encore plus incertaine pour les milliers de personnes qui ont été forcées de quitter leur pays et qui se retrouvent prises en otage dans des négociations qui les dépassent. L’externalisation des frontières, qui consiste pour l’Union européenne à reléguer une part de la gestion des flux migratoires la concernant à d’autres pays, montre encore une fois combien il est aisé, de Bruxelles à Ankara, de fermer les yeux sur les violations flagrantes des droits des personnes à se déplacer et à vivre dignement.

Posted in General | Comments Off on Turquie : expulsions en masse vers la Syrie, discours anti-migrants et suspension de l’accord avec l’UE