La PSQ, où Police de Sécurité du Quotidien, a été lancée officiellement par le ministre de l’intérieur le 8 février dernier suite à la volonté du gouvernement de s’« engager dans une évolution des missions de la police et de la gendarmerie pour répondre à la priorité des Français : la sécurité. »1
Cette expérimentation fait suite à une concertation large menée à la fois en partant « du terrain » : pas moins de 70 000 questionnaires ont été renvoyés par les policiers et les gendarmes au gouvernement pour formuler leurs attentes ; et à la fois au niveau départemental : plus de 500 réunions ont été menées réunissant préfets, associations élus, organisations syndicales de la police et structures de concertation de la gendarmerie, représentants des policiers municipaux, acteurs de la sécurité privée et des transports, experts, etc. Plus de 150 contributions ont également été rédigées par les syndicats, universitaires, entreprises et associations d’élus.
Cette prise en considération des acteurs de la « sécurité » a certainement dû faire s’arracher quelques cheveux aux associatifs œuvrant sur la question de l’immigration – qui relève pourtant du même ministère – force de constater que ces derniers goûtent plus souvent à la saveur des portes closes qu’à celle des petits fours…
Le dossier de presse2 présentant la PSQ apporte comme propositions principales de : rendre les condamnations judiciaires et les mesures répressives plus dissuasives (enfermer plus et plus longtemps), développer davantage la coopération avec les polices municipales (être fliqué au plus près), accroître la participation des habitants à leur propre sécurité (vers la création de milices d’auto-défense citoyenne?), simplifier la procédure pénale et réduire les tâches administratives (afin de ne plus s’embêter avec la paperasse et la défense des accusés).
La PSQ prévoit ainsi de travailler de façon beaucoup plus partenariale avec les maires et leurs polices municipales, les bailleurs sociaux, les entreprises de transport ou les agents de sécurité privée, c’est à dire un large pan d’acteurs de proximité. « Les élus, en particulier les maires, sont ceux qui connaissent le mieux leur territoire, qui savent où se développe la délinquance. Je demande que dans les trois prochains mois on puisse prendre contact avec eux pour définir en partenariat une vraie stratégie de sécurité pour le territoire »3, nous précise le ministre. Pour ceux qui hébergent des sans-papiers dans leur village ou celles qui vendent une barrette de shit derrière les abris de bus, gare aux mouchards !!
Au niveau national, 20 départements ont été ciblés pour faire l’objet de renforts en zone gendarmerie, et 30 quartiers en zone police subtilement dénommés « de reconquête républicaine » ont été retenus. Parmi les moyens alloués à ce dispositif, 10 000 postes seront créés entre 2018 et 2022. Dans le Gard, les quartiers ciblés sont à Nîmes sans grand étonnement ceux de Pissevin et de Valdegour, là ou une large partie de la population est issue de l’immigration, renforçant une fois encore l’association faite entre les étrangers et la délinquance. Dans le reste du département ce sont les villes et villages de Bagnols-sur-Cèze, Alès, Cornillon, Vauvert, Saint André de Valborgne et Le Vigan où seront implantées des brigades territoriales de contact. C’est d’ailleurs ce dispositif qu’est venu promouvoir Gérard Collomb lors de sa visite pour l’inauguration de la nouvelle gendarmerie de Saint Ambroix le 24 mai dernier.
Les premières expérimentations de la PSQ ont débuté au cours du premier trimestre 2018. Une démonstration grandeur nature a été effectuée récemment le jeudi 31 mai dans les Bouches-du-Rhône, comme nous l’indique un quotidien local4. Pendant deux heures, 213 agents de la direction départementale de la sécurité publique, de la police aux frontières, des CRS et de la gendarmerie, des policiers municipaux, épaulés par des agents SNCF et RTM, ont pris d’assaut l’ensemble des transports en commun de Marseille et Aix-en-Provence. Les gares de Saint-Charles, de l’Arbois, d’Aix-centre, celles de Gardanne, Simiane et Septèmes, mais aussi les bus entre ces deux villes et plusieurs stations de métro ont fait l’objet de ce déploiement massif destiné à marquer les esprits, et durant lequel pas moins de 7 906 voyageurs ont été contrôlés (avec au final 12 arrestations pour séjour irrégulier, fiche de recherche et détention d’arme blanche, et 293 procès verbaux dressés pour fraude). Apercevant les uniformes, près de 4000 personnes auraient fait demi-tour, preuve s’il en faut qu’une large partie de la population ne se laisse ni attraper docilement comme des moutons, ni berner par les « priorités » sécuritaires du gouvernement.