Communiqué à l’approche du procès de Terra Fecundis
Du 17 au 21 mai 2021, l’un des plus importants procès de l’histoire du travail détaché dans l’agriculture française se tiendra à Marseille. Cette procédure, qui se focalise sur la fraude aux cotisations sociales, fait suite à une enquête menée depuis 2010 par l’Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI), organe de la Gendarmerie nationale. Elle met en évidence l’exploitation, l’inégalité de traitement et les conditions dégradantes de travail et d’hébergement imposées aux travailleur·euse·s détaché·e·s, le non-paiement des heures supplémentaires, sous-déclaration du travail en Espagne, impliquant une perte de droits au chômage et à la retraite.
Chaque année, e tre 3000 et 5000 travailleur·euse·s étranger·ère·s résidant en Espagne sont acheminé·e·s dans le Sud de la France pour venir travailler dans le secteur agricole via des ETT [Entreprises de Travail Temporaires]. Principalement originaires d’Amérique du Sud, d’Afrique du Nord et de l’Ouest, ils et elles sont envoyé·e·s en France pour une durée indéterminée et généralement sans contrat en poche. Alors que le détachement est légalement restreint à la mise à disposition « temporaire » de main-d’œuvre, ces ouvrier·ère·s étranger·ère·s travaillent en réalité toute l’année et sont un des rouages essentiels de l’agro-industrie intensive, prédatrice et exportatrice. Ce système d’emploi basé sur l’exploitation de la main-d’oeuvre repose sur un racisme structurel faisant partie intégrante du processus de valorisation capitaliste : ces travailleur·euse·s, révocables à tout moment, sont précarisé·e·s par leur statut d’étranger·ère·s, permettant aux entreprises utilisatrices et aux ETT d’engranger toujours plus de profits.
En vingt ans, ces ETT sont devenues des acteurs majeurs du monde agricole français et un des meilleurs exemples du dumping social à l’œuvre dans le secteur agro-industriel. Les abus sont monnaie courante : logement indigne sans eau potable, mépris de la part des employeurs et harcèlement moral, physique et sexuel…
L’ETT Terra Fecundis a été le fer de lance de ce système indigne. Dans son sillage, une myriade d’entreprises est née, dont certaines également attaquées en justice pour des faits similaires.
À l’occasion de ce procès, soyons nombreux·ses à lutter pour l’égalité des droits et contre les discriminations et l’exploitation de la main-d’œuvre locale et étrangère dans l’agriculture !
Le CODETRAS (collectif de défense des travailleur·euse·s étranger·ère·s dans l’agriculture) organise :
Lundi 17 Mai – 8H30 :
Ouverture du procès / Table de documentation
RDV : Tribunal Correctionnel de Marseille
Jeudi 20 Mai – 18H :
Discussion « Combattons l’exploitation des travailleur· euse· s
étranger· ère· s dans l’agriculture »
Rdv : Lieu à confirmer – Marseille
Vendredi 21 Mai – 17H :
Rassemblement pour une égalité de droits entre travailleur· euse· s
Rdv : Ombrière du Vieux port – Marseille
[L’ensemble du programme est soumis à modification]
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