On transmet des infos reçues sur l’expulsion massive et brutale du squat “le 5 étoiles” à Lille la semaine dernière, interpellations, gardes à vue, mises en centre de rétention, ou procès d’intimidation pour les soutiens.
Mardi 04/06/2019, nous, exilé.es et soutiens lillois, avons subi une répression sans précédent (du moins à Lille).
* 178 personnes exilées expulsées du lieu où elles vivaient, puis raflées, dispersées et isolées dont une cinquantaine enfermées en centres de rétention administrative
* 16 soutiens placés 36h en garde-à-vue après des interpellations très violentes (procès des 16 le 16/01/2020).
En suivant ce lien, vous pourrez écouter une émission de radio réalisée avec les premiers concernés, et ci-dessous, vous trouverez un texte qui revient sur l’expulsion et ses conséquences :
EXPULSION ET RAFLE
Le 5 étoiles était un lieu occupé depuis novembre 2017 par des personnes exilées, majeures et mineures ainsi que des personnes sans abri dans le quartier de Moulins à Lille. Depuis plusieurs mois, une procédure est en cours pour exiger qu’il n’y ait pas d’expulsion sans réelle solution d’hébergement. Alors le tribunal a légalisé le 5 étoiles pour 3 ans jeudi 6 juin, le préfet, sous l’éternel prétexte de « mise à l’abri », en a ordonné l’expulsion deux jours avant. Mardi 4 juin, dès 5h45, une quarantaine de fourgons chargés de quelques 200 CRS débarquent. Le quartier est totalement bouclé par des flics agressifs, armés et casqués. Une dizaine de bus aux vitres teintées attendent dans la rue. A 6h du mat’ l’ordre est donné d’attaquer. La charge est violente. Une partie des soutiens se poste devant l’entrée, mais sont très rapidement dégagés sans ménagement. A l’intérieur, les habitant.es et des soutiens s’organisent pour retarder l’expulsion en bloquant la grille avec les moyens du bord. Les flics gazent à tout va, scient les cadenas et forcent l’entrée. Ils en profitent pour nasser les personnes regroupées à l’intérieur et commencent le tri. D’abord les personnes venues en soutien sont injuriées, traînées, molestées, puis extirpées du lieu. Elles sont contrôlées, prises en photos et 16 personnes sont emmené.es pour une garde à vue qui durera 36 heures (procès le 16 janvier 2020 au tribunal de grande instance de Lille). Une fois le tri achevé, 178 personnes, parce que perçues “noires donc exilées” par les flics, sont forcés de monter dans des bus dont ils ignorent la destination.
ENFERMEMENT
Lors de l’expulsion, les policiers avaient promis d’héberger tout le monde. Mais pour une bonne partie, cette promesse s’est finalement transformée en enfermement dans les centres de rétention (CRA) de Coquelles, Metz, Lesquin et Mesnil Amelot. Les passages devant le juge des libertés et de la détention s’enchaînent et la grande majorité des détentions est prolongée pour une durée de 28 jours en attendant d’organiser les transferts vers les pays où ces personnes ont été dublinées, ou les pays d’origine pour ceux qui ne sont pas demandeurs d’asile. Comme tout enfermement, l’arrivée dans cette prison est très mal vécue par les personnes dont nous avons eu quelques nouvelles. Seule note positive : depuis samedi 8 juin, la cour d’appel de Douai a libéré une dizaines de personnes, jugeant l’expulsion et donc leur enfermement irréguliers.
DISPERSION ET ISOLEMENT
Les mineurs ont été placés dans un foyer à Armentières. La prise en charge risque d’être de courte durée. Selon le résultat de leurs procédures de reconnaissance de minorité, il est possible qu’ils se retrouvent rapidement sans solution. Des majeurs ont également été hébergés en foyer: CADA* de Beauvais, CAO* d’Amiens et CAES* de Croisilles. En contactant les copains et copines du collectif qui sont dans ces lieux, le peu de nouvelles n’est pas réjouissant. Les conditions matérielles sont rudimentaires : des lits de camp sans matelas d’un côté, un seul travailleur social dans un foyer qui est débordé de l’autre. Dans certains lieux, face à l’isolement et en vue des conditions, la majorité des personnes partent. Les autres expriment le même souhait mais hésitent face au risque de perdre leurs droits de demandeurs d’asile : ADA* et possibilité de logement/hébergement. De plus, et malgré la difficulté à estimer un nombre précis, nous savons qu’une trentaine de personnes sont restées sans solution d’hébergement depuis le soir de l’expulsion et de nombreuses personnes continuent de revenir à Lille suite à leur libération des CRA ou pour fuir l’isolement des foyers où ils ont été hébergés et retrouver ami.es, cours de soutien scolaire, avocat.es… bref, toutes ces solidarités qui font que, malgré la volonté du pouvoir de briser nos liens et de nous soumettre, nous sommes ensemble et debout !
LA SOLIDARITÉ RESTE NOTRE ARME !
PERSONNE N’EST ILLÉGAL ! FRANCAIS.ES OU ETRANGER.ES, Y’EN A MARRE DES PAPIERS !