Texte reçu par mail.
Depuis le 13 février A., réfugié Soudanais, interpellé à la gare saint Charles en descendant du train à peine quelques heures après son arrivée en France, est détenu*** au centre de rétention administrative de Marseille.
LES AUTORITÉS FRANÇAISES SE MOBILISENT POUR ORGANISER SON EXPULSION. ELLES ONT POUR CELA LE SOUTIEN TOTAL DES AUTORITÉS SOUDANAISES QUI ONT DÉLIVRÉ UN LAISSER-PASSER CONSULAIRE – document qui permet l’expulsion de la personne qui ne présente pas de documents d’identité officiels.
A. issu d’une minorité persécutée par l’Etat de Khartoum risque la mort si il est remis entre les mains des autorités de cet Etat.
Mais le préfet, ses hiérarchiques inférieurs et supérieurs, l’Etat, les agents et les juges, n’y voient pas d’inconvénients. «Pas de grief» dans le jargon judiciaire.
Tout va bien au Soudan, le problème c’est le Darfour, y a deux Soudans, on est un pays civilisé, quand même, il faut pas se méprendre, on renvoie «dans des pays sûrs». «Le Soudan est un pays sûr». On renvoie à Khartoum.
Peu importe le fait que le gouverneur de cet état soit poursuivi pour crimes contre l’humanité, génocide et crimes de guerre. Peu importe que si A. a dû partir c’est bien en raison de persécutions de ce même Etat qui, bien sûr, va le «réadmettre», comme il réadmet tous les opposants au régime qui lui sont présentés par la France.
Pour la prison, la torture, l’exécution.
Mais ça, c’est des histoires, n’est ce pas? Les doutes comme les consciences sont vites évacués par le désormais classique : monsieur est un migrant économique. Pourquoi? «Ca se voit». La Justice tranche : «ça se voit».
Une première expulsion a été tentée la semaine passée, A. a refusé de monter dans l’avion. Sa détention au CRA a été prolongée pour permettre une nouvelle tentative d’expulsion dans un prochain avion prévu dans la semaine prochaine. Il a déposé une demande d’Asile dans le CRA – qui a été refusée par l’OFPRA (dont les taux déjà exorbitants de refus sont aggravés en rétention), il a fait appel à la décision auprès de la CNDA mais cet appel n’est pas suspensif, et il peut être déporté à tout moment. Et qu’après la CNDA lui accorde le statut de réfugié. Trop tard. Tant pis ?
L’autre jour, quelqu’un dit :
ils feraient mieux de nous tuer ici, directement, que de renvoyer là bas.
Surpris, on demande pourquoi, et l’ami répond, parce que là bas, la mort, c’est certain. Si ils les tuaient ici, au moins, les familles, elles sauraient ce qui est arrivé, elles pourraient retrouver le corps, faire le deuil. Là-bas, tu ne sauras jamais comment …
La reprise des expulsions vers le Soudan comme l’Afghanistan ne sont pas anodines – elles s’inscrivent dans un contexte de délégitimation croissante des demandeurs d’asile et d’un croissant refus de leur accorder la protection asilaire. Or, afghans et soudanais composent les deux communautés nationales qui demandent le plus l’Asile en France. D’où l’intérêt de lever le tabou au sujet de leur déportation.
une fois de plus, c’est sous notre nez
dans les rides de notre ville, là, nulle part et pourtant un noeud du monde mondialisé, un noeud de la violence institutionnelle, administrative et banale, de l’infinie et indicible violence nationale, boulevard des peintures, au Canet à cinq minutes du métro Bougainville, Marseille, quatorzième.
une fois de plus c’est dans notre nom, notre nom du silence, le nom de ceux qui sont identifiés française et français, de ceux qui sont identifiés «légaux» au séjour,
jusqu’à quand ?
Si A. refuse son second expulsion, il risque d’être jugé pour “refus d’obtempérer à une décision de justice”. Et condamné à la prison. Après la prison, retour au CRA, retour à l’expulsion.
Si A. accepte son second expulsion, il va être remis aux autorités soudanaises, qu’il a fui. Il va être remis à la mort.
Tu vois le paysage ?
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(*** Pour information : Cette détention s’apparente à une détention illégale, par dessus le marché. Si nous pouvons passer sur l’illégalité en défendant l’illégitimité totale de la détention et de la déportation – la justice française ne le peut pas, en théorie. Deux juges (Juge des Libertés et de la Détention, Juge Administratif au Tribunal Administratif) cautionnent la légalité de la décision d’expulsion et de la décision de maintien en CRA.
Or, les lois nationales, européennes comme les conventions internationales prescrivent que toute personne a le droit de formuler une demande d’asile. Arrivant dans le pays, un demandeur d’asile intercepté par la police française ne doit donc pas être placé en CRA mais envoyé à un rdv avec la préfecture pour enclencher ses démarches. UNE PERSONNE ARRETEE pour la première fois PAR LA POLICE FRANÇAISE QUI N’A PAS ENCORE D’OQTF DOIT POUVOIR DEMANDER L’ASILE PENDANT L’INTERPELLATION OU PENDANT L’AUDITION AU COMMISSARIAT ET DONC ÊTRE RELACHÉE faire ses démarches en milieu libre).
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lien vers un article de Human Rights Watch sur le Soudan : https://www.hrw.org/fr/news/2016/09/08/lettre-concernant-la-situation-des-droits-de-lhomme-au-soudan
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Toute personne ayant des documents / sources, articles susceptibles d’être d’utilité dans une défense contre l’expulsion de soudanais, pour étayer devant juges et administrations les dires des réfugiés sont invités à les transmettre à la commission juridique du manba : csm13juridique@lists.riseup.net