Crème solaire et barbelés

Alors que les professionnels du tourisme déplorent une baisse importante de la venue de vacanciers étrangers en France, liée notamment au risque d’attentat, et qu’un comité d’urgence doit être mis en place à la rentrée afin de débloquer des fonds (comptez en millions d’euros !) pour sauver cette industrie économique de premier choix, la venue des étrangers en provenance de certains pays tels que la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan ou le Soudan est quant à elle étrangement soumise à un régime d’accueil bien différent. Certes, qui feindrait d’être étonné ? Les laissez-passer aux frontières sont délivrés en fonction de l’épaisseur du tas de billets que l’on compte dépenser dans ses loisirs, et se faire bronzer au soleil ou visiter quelques monuments historiques légitime évidemment plus l’octroi d’un visa que le fait de fuir guerres, massacres ou famines.

Ainsi, là où des programmes colossaux sont déployés partout en Europe afin d’encourager les flux internationaux de marchandises (les vacanciers sont une marchandise comme une autre, soyons clairs), mais aussi d’énergie où de capitaux, comme par exemple avec la construction d’un aéroport à Notre dame des Landes, une ligne grande vitesse en Val de Suse, ou le doublement d’un tunnel dans la Roya, d’autres moyens également colossaux continuent de se mettre en place pour bloquer la route aux chairs non rentables, encore appelées par endroit « êtres humains ». Se dégage alors une catégorisation de la population entre celle étant née dans un pays dit riche, ayant le bon faciès et pouvant donc se mouvoir comme bon lui semble, et celle de seconde zone, condamnée à rester là où elle doit.

Aussi, si certains se laisseront berner par les appels médiatiques des gouvernants invoquant multiples prétextes pour justifier le refoulement de centaines de milliers de personnes, tels l’incapacité économique de faire face à la « crise migratoire », le nauséabond amalgame avec la menace terroriste, ou la peur d’une perte d’une soi-disante « identité républicaine », et par là même construire un discours réactionnaire attisant haines et tensions, nous préférons pour notre part nous pencher sur les causes profondes qui engendrent ce système, en dénoncer les méfaits, et agir par nous même afin de lutter contre ces sinistres politiques. Soyons lucides, gardons en tête que le maintien du capital s’est toujours exercé par l’exploitation des hommes (avec où sans papiers), la division des uns contre les autres, et le maintien des populations dans la peur et l’ignorance.

Les « touristes » en camping à Calais, Vintimille et dans les squares parisiens respirent l’odeur des lacrymos, leurs maîtres nageurs portent matraques et uniformes. Les avions qu’ils empruntent ne les amènent que dans une seule direction. A quand la fin des vacances ?

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