MERHABA HEVALNO n°2 – Nouvelles du Kurdistan

Voilà le deuxième numéro du journal mensuel MERHABA HEVALNO :

 

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Mutuelle de solidarité avec les sans papiers.

La mise en place de la mutuelle part du constat que l’argent est indispensable dans le fonctionnement actuel. Si la misère est une réalité multiple et complexe, la distinction opérée entre personnes avec et sans papiers limite encore plus l’accès à des revenus même minimes.

Que des personnes puissent obtenir de l’État une allocation lorsqu’elles déposent une demande d’asile ou qu’elles soient exclues des dispositifs n’ayant alors plus accès à aucun revenu, leur situation financière s’avère difficile. De plus, il nous semble compliqué de demander à l’État d’être le palliatif d’une situation qu’il organise et entretient, en opérant notamment des distinctions entre « réfugiés » et « migrants ».

Face à cela nous voulons essayer de mettre en place des pratiques de solidarité qui dépasse ces catégories, avec comme finalité l’autonomie des personnes concernées et non le contrôle de leur existence. Inspirée des caisse de grèves et de la mise en commun des ressources, cette mutuelle est un outil pour exprimer cette volonté. Elle permet à chacun-e, de donner anonymement selon ses moyens et ses envies, régulièrement ou non. Nous refusons d’infantiliser les personnes qui auront l’usage de cet argent en contrôlant leurs dépenses, il nous paraît évident qu’ils et elles sauront comment l’utiliser.

La solidarité et la volonté d’accueil s’expriment dans un ensemble de pratiques comme les mutuelles, trouver un logement, dépanner une machine à laver, se mobiliser pour empêcher des expulsions, organiser des cantines de soutien, etc. Pour éviter de centraliser et d’institutionnaliser la solidarité, nous encourageons à diffuser et multiplier ces pratiques.

Il est donc possible de donner un peu d’argent, selon ses moyens, ponctuellement, ou idéalement en versant une certaine somme chaque mois. Des caisses sont pour l’instant déposées à St Jean du Gard (à la boutique bio et à la bibliothèque 152), à l’épicerie Chez Mialet, et à la Rétive, à Alès. Vous pouvez nous contacter également par mail : cevennessansfrontières@riseup.net

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Ci-dessous un texte de nos potes du Collectif Migrants 13 à Marseille…

Les politiques migratoires sont une question de travail autant que le travail est une question de migrations !

Plus le circuit de circulation de la marchandise s’intensifie, plus elle prend de la valeur. La mobilité des classes laborieuses est l’une des nécessités de ce schéma. L’exploitation des travailleurs migrants est pour les patrons une réponse efficace (et pas chère) à cet enjeu.
Face aux attaques de l’état, de l’expulsion de la jungle à Calais à la réforme du droit du travail, il est important de se reconnaître en tant qu’exploité-e-s par ce système capitaliste, et de se retrouver pour lutter collectivement.

Les migrations sont la conséquence des inégalités entre les pays occidentaux qui se pavanent de toutes leurs richesses, pendant que le reste de la planète crève la dalle. Mais les migrants, avec ou sans papiers, sont aussi « ici », car me patronat crée les besoins d’une main d’œuvre flexible à souhait, composant une catégorie de travailleurs nécessaire pour maintenir la pression (salaires, droits, conditions de travail) sur l’ensemble des salariés. Plus le circuit de circulation de la marchandise s’intensifie, plus elle prend de la valeur. La mobilité des classes laborieuses est l’une des nécessités de ce schéma. L’exploitation des travailleurs migrants est pour les patrons une réponse efficace (et pas chère) à cet enjeu. Les travailleurs migrants sont une main d’œuvre flexible que les patrons peuvent employer au coup par coup, pour des missions précises (une saison, un chantier), au même titre que les intérimaires, ceux qu’on fait travailler au black, ou sous tous ces contrats précaires, etc.

Un besoin massif de main d’œuvre rend les frontières plus poreuses, tandis que les contrôles seront significativement renforcés lorsque le marché du travail est saturé. Dans le contexte économique actuel, les états européens œuvrent ensemble à une fermeture militarisée des frontières. Ce renforcement du contrôle fait suite à une « répartition » du flux entre les différents pays européens.
La chasse aux sans papiers est aussi un business florissant. Des entreprises privées construisent des camps, des centres de rétention et développent des technologies de contrôle des frontières. Certaines associations reçoivent une bonne part de subvention en acceptant d’intervenir dans les centres de rétention et lors d’expulsions. Les risques liés aux passages de frontières permettent aussi aux mafias un certain contrôle, la clandestinité est un secteur de choix pour les exploiteur-e-s de tout horizon. Les flux migratoires sont une monnaie d’échange pour certains états, un moyen de pression pour d’autres. On a put ainsi voir l’Europe accorder quelques milliards à la Turquie pour « endiguer » les réfugiés syriens.

Ces derniers temps la réalité des migrant-e-s s’est vue désignée sous le terme d’« afflux de réfugié-e-s », accompagnée d’images de milliers de personnes en exode fuyant les bombardements, le chaos et la dictature. Ce changement de langage est entretenu par les médias et le pouvoir, et accentue la distinction entre les dit-e-s « réfugié-e-s » et « migrant-e-s économiques ». Ceux qui viennent de zones considérées sensibles entrent dans les critères de demande d’asile, les autres sont pour la plupart expulsés. Les régions « sensibles » changent, ne sont définies qu’en fonction des intérêts ponctuels de l’Europe, et il nous semble malhonnête d’opposer « zones de conflits » et zones de pauvreté, créés par les guerres économiques que Mené l’Europe colonialiste. D’un autre côté, faisant face à l’émoi de la population, les États affirment mettre en place une prise en charge des situations relevant de « catastrophe humanitaire ». Pourtant si l’on examine concrètement les politiques migratoires européennes, tant au niveau de l’ « accueil » que de la gestion des frontières, on y retrouve une logique de répression, de contrôle et de tri.

A l’heure actuelle, alors que l’armée est déployée aux frontières dans une évidente opération de dissuasion, l’agence européenne privée FRONTEX reçoit des financements colossaux pour coordonner les actions militaires de surveillance et de blocage. Cette posture belliqueuse a des conséquences directes : les personnes cherchant à passer une frontière mettent toujours plus leur vie en danger. En 2015 on dénombre plus de 3500 mort-e-s en Méditerranée entre le début de l’année et le mois de novembre. Des personnes qui meurent noyées, parfois parce que leur bateau de fortune fait naufrage, parfois à cause de tirs de policiers ou de gardes frontières. Près de 30000 en vingt ans.

Dans le même temps, et pour celles et ceux qui arrivent à rentrer sur le territoire, les possibilités d’accéder à un séjour régulier se restreignent. Les demandes d’asile ne concernent que certain-e-s migrant-e-s, notamment les réfugié-e-s de guerre, et ne sont acceptées qu’à hauteur de 15 %. La possibilité d’obtenir un titre de séjour de longue durée est aujourd’hui quasiment inexistante. Cette logique de fermeture des possibilités de régularisation s’accompagne d’un contrôle policier accru. Outre les contrôles d’identité au faciès, de nombreuses rafles ont lieu ainsi qu’un harcèlement sur des lieux stratégiques pour les migrant-e-s. La situation à Calais cristallise cet acharnement, les interventions des forces de l’ordre sont régulières avec pour objectif de vider la Jungle, en déplaçant et en déportant massivement les personnes. La stratégie est au reflux, avec notamment les accords Dublin qui permettent d’expulser les personnes vers le premier pays où leurs empreintes ont été prises avec la force lors de leurs migrations.

À côté des expulsions spectaculaires, il y a aussi des outils plus insidieux pour effectuer ce tri en fonction des besoins de main d’œuvre et pousser les migrants à partir d’eux-même. Les politiques d’enfermement à répétition, pendant plusieurs mois voire plusieurs années, dans les « hot-spots » aux frontières de l’Europe ou dans des centres de rétention à l’intérieur, où ils sont l’objet de violences policières, d’humiliations constantes et de manque d’accès aux soins, produisent souvent un découragement et dissuadent les migrants à poursuivre leurs trajets. Idem pour le racisme institutionnalisé, véhiculé par les médias complices à travers des discours et des images qui assimilent migrations et danger, grâce auquel les états diffusent et entretiennent une xénophobie générale. Les méandres des procédures administratives, qui aboutissent le plus souvent à une fin de non-recevoir, participent à cette politique de découragement. L’exemple des Centres d’Accueil et D’orientation, appelés centres de « répit », est à ce titre très explicite. Présentés comme une solution d’accueil, ils sont en fait mis en place uniquement dans le but de “désengorger” la Jungle de Calais. Les personnes acceptant la proposition d’intégrer ces centres sont « accueillies » pour une durée limitée (si elles sont logées, elles ne sont pas nourries et ne sont pas non plus mises en mesure de cuisiner pour elles-mêmes), durant laquelle leur projet migratoire est remis en cause et leurs démarches de demandes d’asile bloquées (les centres de répit étant situés trop loin des villes où l’on peut effectuer des démarches, l’administration seule y étant présente, et l’accès au droit y étant donc impossible). Au bout d’un certain temps, les migrants sont au mieux foutus dehors, au pire expulsés dans le cadre des accords Dublin (vers le premier pays d’entrée en Europe). À moins qu’ils n’acceptent un retour au pays, fatigués par tant de mauvais traitements infligés par l’Europe. Dans tous les cas, c’est le retour à la case départ, soit à Calais, soit dans un pays d’origine.

Des grilles du centre de rétention aux bornes biométriques des cantines scolaires, des portiques du supermarché aux caméras « intelligentes » dans les gares ou les aéroports en passant par la banque où il faut désormais deux pièces d’identité pour retirer son RSA, du contrôle de papier parce qu’on s’est posé sur un banc au contrôle routier parce que notre bagnole est plus vieille que les autres, ces dispositifs de contrôle et de surveillance sont devenus notre quotidien. Potentiellement permanente, la surveillance facilite le travail des administrateurs de la misère sociale, de l’État et de ses flics. Et le contrôle de papier sert aussi de prétexte au contrôle tout court. Les dispositifs d’arrestation de sans-papiers renforcent l’occupation policière de nos quartiers. Le contrôle des migrants n’est qu’un aspect visible (les fameux quotas d’expulsions) du contrôle généralisé de la population. On sent que la frontière est diffuse tout autour de nous, et qu’elle peut se matérialiser à tout moment pour nous radier, nous arrêter, nous enfermer. Le climat de peur et de solitude face à la répression est le meilleur effet de l’éclatement de la frontière. Plus que la répression, n’oublions pas que leur arme principale, c’est la dissuasion et que leurs principales victoires sont nos résignations, nos redditions.

Localement, des initiatives d’accueil existent et cherchent à être soutenues, des pratiques se diffusent pour apporter un soutien matériel comme les collectes, les cantines et les différentes caisses de solidarités. Ces pratiques de solidarité sont un moyen concret de saborder les dispositifs mis en place.
Au delà de l’accueil des migrants avec ou sans papiers et la volonté de sortir de l’entre soi en tissant des liens d’égal-e à égal-e, la solidarité s’exprime aussi dans les mobilisations pour fermer les centres de rétention, en s’organisant pour prévenir des contrôles et en permettant d’y échapper, en facilitant des passages ou en attaquant directement les barbelés qui s’érigent le long des frontières, et bien d’autres moyens qui restent à imaginer. Nous luttons pour l’ouverture des frontières, et pour la régularisation de tous les migrants.

Face aux attaques de l’état, de l’expulsion de la jungle à Calais à la réforme du droit du travail, il est important de se reconnaître en tant qu’exploité-e-s par ce système capitaliste, et de se retrouver pour lutter collectivement.

Collectif Soutien Migrantes 13
collectifsoutienmigrantes13@riseup.net

Le collectif CSM13 se réunit tous les mardis au Centre Social occupé “el Manba”, au 180 rue Horace Bertin

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Sortie du journal Merhaba n°4

Merhaba est un journal d’échange et d’informations sur les luttes des migrant-e-s. Il est écrit par des migrant-e-s et des personnes solidaires.
Il est diffusé en français, arabe, anglais et farsi dans les centres d’hébergement, lors des manifs, sur les campements, en région parisienne et ailleurs.
Contact email : merhaba@riseup.net / facebook : Mer Haba

Le dernier numéro est consultable ici :

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Projection / discussion : parcours de migrants

Samedi 13 février : projection/discussion

19h : projection de L’Aventure, film documentaire de Grégory Lassalle (2014, 52 min)

« L’Aventure » est le nom donné par des Africains au périple qu’ils entreprennent pour migrer en Europe.laventure

Fin 2011, trois jeunes Ivoiriens – Loss, Madess et Moussa – entrent clandestinement en Europe par la frontière gréco-turque. Ils veulent continuer leur route vers l’ouest mais l’accord Dublin 2 de l’Union Européenne les oblige à rester dans le premier pays par lequel ils sont arrivés en Europe, en l’occurrence la Grèce… Grégory Lassalle a suivi, caméra à l’épaule, le quotidien de leur vie en Grèce en explorant la manière dont ils s’adaptaient à cette nouvelle situation et organisaient leur départ vers l’Europe de l’ouest.

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20h30 : discussion

La projection sera suivie d’une discussion collective avec le réalisateur et Cévennes sans frontières. Face à «la distinction opérée entre « réfugiés » et « migrants économiques » », ce collectif souhaite s’ « organiser avec les exilé.e.s, lutter contre les frontières et affirmer ensemble la liberté de circulation et d’installation pour tous ». Le collectif se réunit régulièrement, à la bibliothèque infokiosque de St Jean du Gard (152 grand rue). Pour joindre le collectif :
cevennessansfrontieres@riseup.net
Blog : http://cevennessansfrontieres.noblogs.org

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Ci-dessous un texte rédigé par plusieurs membres du collectif en vue de la soirée organisée le samedi 6 février sur l’accueil des réfugiés en Cévennes (voir message plus bas pour plus d’infos)…

Sur les flux migratoires et leur gestion

La gestion des frontières et des populations qui les traversent s’accompagne de dispositifs complexes, qui agissent à l’intérieur comme à l’extérieur des territoires.

A l’heure actuelle, alors que l’armée est déployée aux frontières dans une évidente opération de dissuasion, une agence européenne privée, appelée FRONTEX reçoit des financements colossaux pour coordonner les actions militaires de surveillance et de blocage. Cette posture belliqueuse a des conséquences directes : les personnes cherchant à passer une frontière mettent toujours plus leur vie en danger. En 2015 on dénombre plus de 3500 mort-e-s en Méditerranée entre le début de l’année et le mois de novembre. Près de 30000 en vingt ans. Cet état de guerre et la mise en commun des moyens de contrôle rendent le franchissement des murs de la forteresse encore plus périlleux. Par exemple il y a deux ans, le 6 février 2014, tandis qu’environ 500 migrant-e-s tentaient de traverser à la nage les clôtures de Ceuta, l’enclave espagnole en Afrique, 15 personnes sont mortes noyées après que la Guardia Civil leur ait tiré dessus au flashball et avec des gaz lacrymogènes.

Dans le même temps, et pour celles et ceux qui arrivent à rentrer sur le territoire, les possibilités d’accéder à un séjour régulier se restreignent. Les demandes d’asile ne concernent que certain-e-s migrant-e-s, notamment les réfugié-e-s de guerre, et ne sont acceptées qu’à hauteur de 15 %. La possibilité d’obtenir un titre de séjour de longue durée est aujourd’hui quasiment inexistante. Cette logique de fermeture des voies légales de régularisation s’accompagne d’un contrôle policier accru. Outre les contrôles d’identité au faciès, de nombreuses rafles ont lieu ainsi qu’un harcèlement sur des lieux stratégiques pour les migrant-e-s. La situation à Calais cristallise cet acharnement, les interventions des forces de l’ordre sont régulières avec pour objectif de vider la Jungle, en déportant massivement les personnes. Ces contrôles sont donc un moyen pour « nettoyer » le territoire des personnes en situation irrégulière, ainsi qu’un outil pour le maintient de l’ordre et la gestion des populations. La stratégie est au reflux, avec notamment les accords Dublin 2 qui permettent d’expulser les personnes vers le premier pays où elles ont été contrôlées lors de leurs migrations.

Cette gestion des flux par les Etats répond aux besoins de l’économie capitaliste. Un besoin massif de main d’œuvre rend les frontières plus poreuses, tandis que les contrôles seront significativement renforcés lorsque le marché du travail est saturé. Dans le contexte économique actuel, les états européens œuvrent ensemble à une fermeture militarisée des frontières. Ce renforcement du contrôle fait suite à une « répartition » du flux entre les différents pays européens. Cette gestion de l’immigration pour la production s’illustre de plusieurs manières. En France on entend parler depuis environ une quinzaine d’années d’immigration choisie sur des critères qui correspondent aux secteurs d’embauches. On peut aussi évoquer l’exemple des « maquiladoras », usines frontalières où la main d’œuvre mexicaine bon marché fut absorbée par les Etats-Unis. De la même manière l’Espagne a su profiter, pour que la culture hors sol en Andalousie soit rentable, de la main d’œuvre que représentent les clandestin-e-s. Ainsi la gestion des centres de rétention dans les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta a pu s’apparenter au fonctionnement d’agence de travail intérimaire : les besoins de main d’œuvres dans les serres ont suscité les entrées sur le territoire, puis le besoin tari la frontière s’est renforcée.

La chasse aux sans papiers est aussi un business florissant. Des entreprises privées construisent des camps, des centres de rétention et développent des technologies de contrôle des frontières. Certaines associations reçoivent une bonne part de subvention en acceptant d’intervenir dans les centres de rétention et lors d’expulsions. Les risques liés aux passages de frontières permettent aussi aux mafias un certain contrôle, la clandestinité est un secteur de choix pour les exploiteur-e-s de tout horizon. Les flux migratoires sont une monnaie d’échange pour certains états, un moyen de pression pour d’autres. On a put ainsi voir l’Europe accorder quelques milliards à la Turquie pour « endiguer » les réfugiés syriens, la Grèce se voir menacer d’exclusion si elle ne ferme pas ses frontières, etc.

Sur l’élan d’accueil et les impasses de la charité

S’il est clair que l’élan de solidarité envers les migrant-e-s est préférable à la xénophobie ambiante, il nous semble important de soulever quelques observations et questionnements.

Ces derniers temps la réalité des sans papiers s’est vue désignée sous le terme d’« afflux de réfugié-e-s », accompagnée d’images de milliers de personnes en exode fuyant en boat people les bombardements, le chaos et la dictature. Ce changement de langage est entretenu par les médias et le pouvoir, et accentue la distinction entre les dit-e-s « réfugié-e-s » et « migrant-e-s économiques ». Ceux qui viennent de zones considérées sensibles entrent dans les critères de demande d’asile, les autres sont pour la plupart expulsés. Les régions « sensibles » changent, ne sont définies qu’en fonction des intérêts ponctuels de l’Europe, et il nous semble complexe d’opposer « zones de conflits » et zones de pauvreté. D’un autre côté, faisant face à l’émoi de la population, les États affirment mettre en place une prise en charge des situations relevant de « catastrophe humanitaire ». Pourtant si l’on examine concrètement ces conditions d’accueil on y retrouve la même logique de contrôle et de tri.

L’exemple des Centre d’Accueil et D’orientation, appelés centre de « répit », est à ce titre très explicite. Présentés comme une solution d’accueil, il sont en fait mis en place uniquement dans le but de désengorger la Jungle de Calais. Les personnes acceptant la proposition d’intégrer ces centres sont accueillies pour une durée limitée, durant laquelle leur projet migratoire est remis en cause. Trois alternatives existent, déposer une demande d’asile en France, accepter un renvoi dans le cadre des accords Dublin II (vers le premier pays d’entrée en Europe), ou accepter un retour au pays. D’autre part, les centres d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) ne répondent pas non plus aux besoins d’hébergement, ils proposent une capacité d’environ 30 000 places pour plus de 70 000 demandes. Lorsqu’une demande d’asile est déboutée, les personnes sont expulsées des CADA en plus de recevoir une obligation de quitter le territoire (OQTF). Entrer dans les rouages institutionnels présente donc un risque important d’expulsion, en plus de devoir démontrer sa bonne volonté en multipliant les preuves « d’intégration ».

L’accueil au niveau local via les institutions peut également soulever un certain nombre de questions. En premier lieu, les mairies ont été sollicitées pour mettre en place des dispositifs d’accueil de réfugié-e-s. La procédure est d’en référer à la préfecture qui enregistre les demandes et les possibilités d’hébergements. Les demandeur-e-s d’asiles qui y accéderont seront choisis par les services de l’État. Les délais sont longs et de nombreuses mairies attendent encore que des personnes viennent habiter les logements mis à disposition. Sur quels critères les personnes sont «sélectionnées»? Et qu’adviendra t-il en cas de rejet d’une demande d’asile? Quelle est alors la possibilité pour les autres migrant-e-s d’être hébergé-e-s? Quelles autres formes d’organisation existent au delà des structures officielles ? Quelle place reste à la lutte pour l’ouverture des frontières si l’on doit s’adresser à l’Etat pour s’organiser ?

Nous observons néanmoins des tentatives pour échapper aux mécanismes de contrôle et de tri, qui débordent les structures existantes, qui évitent d’infantiliser ou de victimiser des migrant-e-s en s’intéressant à leurs volontés et leur parcours, même si ce n’est pas toujours évident. Des lieux s’établissent où il est possible de s’organiser, des particuliers ouvrent leurs maisons à des personnes même si elles sont menacées d’expulsion, des réseaux de solidarité se tissent entre différentes réalités. Bien souvent la répression est féroce, comme nous avons pu le constater à Vintimille lors de l’expulsion du campement No Border et l’arrestation de plusieurs personnes en septembre, où lors des opérations policières régulières à Calais.

Localement, des initiatives d’accueil existent et cherchent à être soutenues, des pratiques se diffusent pour apporter un soutien matériel comme les collectes, les cantines et les différentes caisses de solidarités. Mais malgré tout, ces différentes expériences se heurtent aux limites de l’action humanitaire, à l’urgence et à l’épuisement. Il semble important de se retrouver pour lutter collectivement et affirmer la liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous. Au delà de l’accueil des sans papiers et la volonté de sortir de l’entre soi en tissant des liens d’égal-e à égal-e, la solidarité s’exprime aussi dans les mobilisations pour fermer les centres de rétention, en s’organisant pour prévenir des contrôles et en permettant d’y échapper, en facilitant des passages ou en attaquant directement les barbelés qui s’érigent le long des frontières, et bien d’autres moyens qui restent à imaginer.

6février

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Mobilisation transnationale le 6 février 2016 contre les frontières

Dans le cadre de l’appel lancé contre les politiques de l’UE et la guerre contre les migrants le 6 février 2016, le tract ci-dessous sera diffusé à cette occasion.

Pour en savoir plus, deux sites dédiés à cette mobilisation :
- 6feb-ceuta.org
- Solidarity without limit

Le 6 février 2014, il y a deux ans, la garde civile espagnole a tué 15 personnes pour les empêcher de traverser la mer en direction des côtes ibériques.

Près de 500 personnes ont tenté de passer la frontière à la nage, ce à quoi les forces de l’ordre ont répondu avec des balles de caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des coups pour couler les flotteurs. La violence a continué à coups de crosse de revolver pour empêcher que les migrant-e-s ne s’accrochent aux rochers de la jetée. 15 d’entre-eux sont morts, huit gravement blessés ou disparus et ceux qui réussiront à arriver seront expulsés illégalement au Maroc grâce aux “devoluciones en caliente” (pratique qui consiste à expulser immédiatement les migrant-e-s passé-e-s en Espagne au Maroc, par les portes des barrières de Ceuta et Melilla, sans aucune base légale).

Dans les dix dernières années, plus de 27 000 personnes – et beaucoup plus qui n’ont laissé aucune trace – ont perdu la vie en cherchant à traverser une des nombreuses frontières que les états européens construisent et défendent pour protéger leurs privilèges. Privilèges qu’ils ont obtenus il y a des centaines d’années par le vol et l’assassinat, produits des politiques colonialistes. Aujourd’hui ils protègent avec brutalité ce qu’ils ont pris hier par la violence systémique.

Les routes de la Méditerranée ne seront jamais égales selon qui les emprunte. D’un côté, des navires de croisière chargés de hordes de touristes prêts à consommer les lieux et à détruire des communautés. De l’autre les migrant-e-s qui pour une raison ou une autre décident de se déplacer. Pour les premier-e-s toutes les portes sont bien ouvertes tant que leurs poches, leur classe et leur provenance parlent d’abord. Pour les second-e-s, un voyage sans fin les attend dans la majorité des cas. Et quelques fois la mort. Comme le 6 février dernier.

Colonialisme, frontières, tourisme, sont les nombreux visages d’un même modèle que nous ne voulons pas accepter. Parce que nous croyons dans la liberté de se déplacer et de décider de sa propre vie.

Repris d’un texte du collectif catalan « Te Kedas donde Kieras »

~~~

Les guerres ne s’arrêtent pas aux portes de l’Europe. Pas pour tout le monde en tout cas.

Partout sur le trajet qui les mènera jusqu’au pays qu’ils/elles tentent d’attendre en Europe,

les migrant-e-s font face à la violence, la répression, et la mort.

Cela n’est pas le fruit du hasard. Les États membres de l’Union Européenne, en menant leurs sinistres politiques migratoires, en sont pleinement responsables.

Nous n’acceptons pas leurs logiques gestionnaires faites d’hypocrisie, de racisme,

de chiffres et de quotas.

Car chaque être humain doit être libre de vivre ou bon lui semble,

Car aucun mur, aucune barrière, aucun barbelé ne tombera seul,

Car la bonne conscience humaniste et les actions charitables n’enrayent en rien la machine,

Seules nos luttes, organisées dans chaque pays et assemblées les unes aux autres, seront à même de briser la forteresse.

Contre toutes les frontières !

Lutte et solidarité avec les migrant-e-s !

Mobilisation transnationale contre les politiques de l’UE et la guerre contre les migrant-e-s le 6 février 2016 à Rabat, Ceuta, Berlin, Prague, Strasbourg et partout !

Ceuta6fév

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Cantine sans frontière

cantine

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« Réfugiés en Cévennes »

abrahammazel

L’association Abraham Mazel organise une soirée sur le thème « Réfugiés en Cévennes » avec Philippe Verseils, coordinateur du réseau ANAIS à Nîmes. Cette soirée d’information et d’échanges est ouverte à tous ceux qui s’interrogent et /ou se sentent concernés par l’accueil des réfugiés. (associations, bénévoles, institutions…) pour savoir ce qui est déjà en cours et recueillir des propositions.

La soirée aura lieu le 6 février à 20h à la salle Stevenson à St Jean du Gard.

Au delà de l’éclairage médiatique fluctuant, l’afflux de réfugiés de toutes sortes aux frontières de l’ Europe, la présence de personnes sans papier ou sans domicile dans notre pays, continue d’interpeller. Des villages, des mairies, des communautés, des individus sont déjà impliqués dans l’accueil en Cévennes. D’autres sont prêts à le faire mais ont besoin d’être informés pour agir efficacement et durablement.

ANAIS est un réseau créé en 2014 qui rassemble une trentaine d’associations nîmoises d’intervention sociale. Ph. Verseils, homme de terrain, est prêt à donner des informations actuelles sur la situation locale.

L’association A.Mazel, en organisant cette soirée, souhaite faciliter le travail de ceux qui sont engagés dans l’accueil et susciter des initiatives. Pour faire vivre aujourd’hui l ‘esprit de résistance et la tradition d’accueil des Cévennes.

Renseignements: 0466853333

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Cantine sans frontières

laretive

Le Dimanche 24 janvier à 13h

A La Rétive (42, boulevard d’Auvergne à Alès)

Cette initiative est proposée par des individus afin d’apporter une aide financière à plusieurs familles exilées hébergées aux alentours d’Alès. Elle vise également à développer des liens entre les exilés et leurs différents soutiens afin de renforcer un réseau d’entraide. Nous pensons en effet que la solidarité est le meilleur moyen de lutter contre les frontières et que les liens qui pourront se créer à travers des projets communs seront les plus à même d’y parvenir.

Cette première cantine de soutien est donc organisée “avec” les personnes concernées et l’intégralité de l’argent récolté (le repas est prix libre) leur sera reversé. Au menu ce dimanche, repas Arménien !

Pour tout contact : cevennessansfrontieres@riseup.net

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