COMMUNIQUÉ DES OCCUPANTS du Service allocation du Conseil Départemental du Gard

Nîmes, lundi 12 février 2018

Nous occupons aujourd’hui les locaux des services Allocations du Conseil départemental du Gard (10 rue Villeperdrix, 30900 Nîmes) pour dénoncer les difficultés faites aux ressortissants européens, qui ne parviennent pas à obtenir le RSA . Plus largement, nous dénonçons les contrôles qui touchent les personnes au RSA, les radiations, etc.

Le Conseil départemental du Gard a une vision particulièrement restrictive du droit au séjour des Européens et bloque systématiquement leurs dossiers. Certaines personnes vivent en France depuis dix ou vingt ans, ont travaillé, fait des formations, se sont retrouvées au chômage, percevaient le RSA dans d’autres départements… et se le voient refuser dans le Gard ! Ce département applique avec un zèle particulier les restrictions budgétaires réclamées par l’État sur le dos des plus pauvres ! Le traitement des demandes est ainsi doublement inégalitaire : d’une part entre les personnes européennes et les personnes françaises, et d’autre part en fonction des départements.

Dans une société capitaliste où le chômage ne cesse d’augmenter au seul profit des plus riches, nous n’avons pas d’autre choix que de devoir nous défendre pour pouvoir survivre avec les miettes qu’on nous laisse. Seules des luttes d’ampleur pourraient remettre en question le capitalisme.

Nous voulons l’abolition de la société de classes, de l’État, de l’argent, du salariat… Tant que ce ne sera pas le cas, nous exigeons :

– La remise immédiate du RSA aux personnes européennes ;

– Un traitement identique pour les ressortissants européens et l’ensemble des personnes demandant le RSA ;

– La fin des contrôles systématiques des allocataires et des dispositifs de ciblage (étrangers, personnes seules avec enfants, colocataires…) ;

– La fin des coupes budgétaires sur les aides sociales.

Des travailleurs, chômeurs, précaires énervés !

Pour en savoir plus sur les droits des ressortissants européens:
https://exploitesenerves.noblogs.org/
http://www.comede.org/download/acces-aux-droits-sociaux-et-droit-au-sejour-des-citoyens-de-lunion-ue-et-des-membres-de-leur-famille/
http://gisti.org/IMG/pdf/tableau_comede_droits_sociaux_ue_v27_-_septembre_2017_.pdf

https://exploitesenerves.noblogs.org/emission-acces-rsa-ressort-euro/

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En route vers l’Europe, quand l’eldorado ferme ses portes…

Depuis les arrivées massives de réfugiés en 2015, le renforcement du contrôle de l’immigration clandestine est devenu une priorité pour l’Union Européenne et passe par un ensemble de mesures rendant complexe la compréhension de son action. Néanmoins, comme l’indique un rapport récent sur la politique migratoire européenne, « la logique poursuivie est relativement simple et peut se résumer à deux grands objectifs : empêcher les personnes migrantes d’arriver sur le territoire européen et renvoyer celles qui s’y trouvent en situation administrative irrégulière. »1

Vers une généralisation de la crise…

On peut lire dans le communiqué de presse rédigé à l’occasion du sommet européen des 14 et 15 décembre 2017, la déclaration du président de la Commission européenne M. Jean-Claude Juncker : « Même si nous quittons progressivement la gestion de crise, il est évident que les migrations demeureront un défi pour toute une génération d’Européens. L’Europe doit se doter de toute urgence de moyens pérennes de gérer les migrations de façon responsable et équitable. Nous avons certes accompli des progrès tangibles au cours des trois dernières années, mais il est temps à présent que les propositions deviennent législation, et que cette législation soit mise en pratique. »2 La période de crise est donc passée nous informe t-on, et il est temps d’œuvrer à une gestion stable et pérenne des flux migratoires.

L’Union européenne entend montrer la voie à suivre, et se donne comme priorités législatives pour les années à venir les domaines d’actions suivants : « le renforcement de la sécurité des citoyens européens » et « la réforme et le développement de sa politique migratoire dans un esprit de responsabilité et de solidarité »3. Pour cela, la coopération des pays membres de l’Union européenne ainsi que celle des pays de départ et de transit est une priorité. Les principaux axes de la feuille de route proposée lors de ce sommet doivent permettre d’aboutir à un « accord global sur une politique migratoire durable » d’ici juin 2018. Il s’agira notamment de :

– rendre pleinement opérationnelles les capacités de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) et d’accroître ses objectifs d’expulsions (+50 % dès juin 2018)4.

– assurer la mise en œuvre complète de l’accord UE-Turquie. Si la Commission européenne se réjouit en affirmant qu’il a permis de « […] jouer un rôle clé en veillant à ce que le défi migratoire en Méditerranée orientale soit traité efficacement et conjointement par l’UE et la Turquie. », pour de multiples raisons, le nombre de relocalisation dans les pays européens demeure bien en dessous des prévisions annoncées et les retours en Turquie depuis la Grèce restent pour l’heure limités5. Les réfugiés sont ainsi bloqués sur le continent ou sur les îles grecques durant de longues périodes dans l’attente de la négociation de leur cas. Les principales considérations de la commission sont de réduire l’arriéré des demandes, améliorer les capacités de traitement et de détention en Grèce dans le but d’accélérer les retours.

– renforcer la coopération avec les pays « tiers » africains. La question migratoire est conditionnée à l’ensemble des domaines de coopération (économique, commercial, politique ou militaire, aide au développement) selon les intérêts européens : réadmission des personnes en situation irrégulière, renforcement des contrôles aux frontières et gestion des migrations au sein même des pays de départ ou de transit6.

– réviser le régime d’asile européen commun (RAEC) avec pour objectif d’approuver, d’ici juin 2018, une révision du règlement de Dublin dans le cadre d’un accord plus large sur toutes les réformes proposées. Il est question d’harmoniser les conditions d’accueil dans toute l’UE et notamment de : réduire les différences de taux de reconnaissance d’un pays à l’autre et décourager les mouvements dits secondaires d’un pays européen à l’autre par des mesures plus strictes, adapter et renforcer le système Eurodac7 pour faciliter les retours et lutter contre la migration irrégulière, et adopter le concept de « pays tiers sûr »8.

Du point de vue des dirigeants européens, la gestion de la crise n’était donc pas entendue dans le sens de la capacité des états membres à faire face à un afflux exceptionnel de populations immigrées et de procéder à leur intégration sur leur territoire. Il s’agissait bien de développer des moyens pour bloquer dans l’urgence des entrées considérées comme intrusives. Autrement dit, l’essentiel des efforts ont été consacrés à la mise en place d’une politique migratoire coordonnée de gestion des flux et de protection, mais pas de résoudre la situation endurée par les personnes contraintes de fuir leur pays et demandant protection en Europe9.

Si les États membres annoncent procéder à la réinstallation de 50 000 réfugiés vulnérables supplémentaires d’ici à mai 2019, ce chiffre est à mettre en relation avec la hausse des prévisions du nombre d’expulsions envisagées et les retours volontaires assistés supplémentaires financés par la Commission devant être effectués d’ici février 2018 (dont notamment 15.000 personnes bloquées en Libye). Il faut également relativiser les prévisions de réinstallations qui dans la pratique se heurtent aux cafouillages plus ou moins volontaires des états refusant de se prêter à la répartition dite équitable de la charge – et qui permettent d’ailleurs dans l’attente de résolutions de ne pas appliquer ces mesures10.

Les orientations envisagées pour les années à venir par l’UE n’ont pourtant rien de fondamentalement nouveau. Elles ne font qu’entériner la logique que nous connaissons aujourd’hui et persistent dans une volonté de fermeté. Les migrations irrégulières doivent être combattues qu’elles qu’en soient les conséquences, et les possibilités légales d’accéder en Europe ne sont pas améliorées, bien au contraire. Si le nombre d’arrivées sur le sol européen demeure aujourd’hui nettement inférieur à celui de 2015, il est toujours question de poursuivre le virage sécuritaire légitimé par la « crise », et de le généraliser11.

L’Europe sécuritaire comme repoussoir

Les annonces en trompe l’œil d’une politique « responsable et solidaire » viennent justifier la réadmission rapide et efficace de ceux qui n’auraient pas le droit de séjourner dans l’UE. Si des voies d’accès légales sont mises en avant dans les programmes de communication de la commission européenne, la majeure partie des réfugiés non éligible demeure toutefois laissée pour compte. Pour l’UE, ces voies légales présentent notamment l’avantage de renforcer la sélection parmi les candidats à l’exil et participeraient à réduire les incitations à la migration irrégulière12. Concernant les aspects économiques, la sélection est établie dans l’idée que les états membres puissent attirer selon leurs intérêts les travailleurs possédant les compétences « dont ils ont besoin, quand ils en ont besoin »13. Ainsi, alors que le principe de l’accueil inconditionnel est constamment remis en cause, une partie de la population immigrée se voit destinée à répondre aux pénuries de compétences et aux besoins croissants de la société vieillissante européenne, tandis qu’une autre se voit criminalisée et rejetée.

Poursuivant cette logique, puisqu’une immigration dite légale est proposée, les autres moyens d’accès sont en conséquence considérés comme irréguliers. Les réfugiés deviennent alors des clandestins et tout un ensemble de pratiques répressives sont appliquées durant leur séjour en Europe. Il s’agira de la surveillance et des refoulements des zones frontalières, du fichage systématique et de la prise d’empreintes précédant toute démarche administrative, de l’extension de zones d’attentes dédiées à la vérification des identités, ou de l’enfermement en centres de tri ou dans des camps. En tant que demandeur d’asile, les assignations à résidence et l’enfermement peuvent compléter ce dispositif répressif. Une fois débouté, c’est la clandestinité avec des contrôles sur l’ensemble du territoire, des arrestations, la mise en rétention, puis pour finir, l’expulsion forcée qui peut achever pour beaucoup de personnes des périples parfois bien longs et dangereux…

Paradoxalement, en plus d’être criminalisés, les réfugiés sont souvent représentés à travers un prisme misérabiliste et victimisant où toute considération sociale et politique leur est dénigrée. Dans le meilleur des cas, ils peuvent se plaindre du froid ou de la faim, mais les raisons qui les poussent à subir ces conditions ne sont que rarement relayées publiquement. Ceux-ci restent donc privés de la possibilité de porter un discours critique voire des revendications. Un amalgame pervers se met en place entre la situation désastreuse engendrée par les guerres et les conditions déplorables que les réfugiés rencontrent également en Europe. Il serait donc « normal » ou « acceptable » qu’une personne fuyant la misère de son pays soit soumise à des conditions sociales et matérielles similaires en arrivant dans une métropole européenne. Un réfugié resterait donc un réfugié où qu’il soit, l’image d’un camp à la frontière syro-jordanienne ou aux abords de Mossoul ne différant pas tellement de celle d’un camp à Paris ou à Calais… Mais en Europe, le fait de dormir sous une tente est rapidement suspecté, – l’assimilation à la délinquance et aux troubles à l’ordre public arrivent vite – et la répression policière et les harcèlements sont donc là aussi justifiés.

Ainsi, la stigmatisation du réfugié en tant que « criminel » ou « victime » est produite et va de pair avec le renforcement des législations et des pratiques discriminantes. La privation de statut d’individu à part entière empêche une juste prise en considération des droits élémentaires et nie tout processus d’identification ou d’empathie. Les récents décrets, lois et applications vont cependant dans le sens de cette déshumanisation, et accompagnent la propagande médiatique alimentée par la plupart des gouvernements. L’effet repoussoir des murs, gardes-frontières et centres de rétention se trouve donc renforcé tant par le déni d’accès aux droits et aux protections sociales ou humanitaires, que par la répression mise en place. Autant d’arguments permettant de rendre l’Europe assez indésirable pour que de nombreuses personnes préférèrent aller voir ailleurs ou rentrer chez elles14.

Une question humanitaire ?

Le traitement de la question migratoire prend une tournure inédite tant dans sa forme que dans ses proportions, et bien des interrogations demeurent face aux orientations en cours. Les impératifs qui sous-tendent cette politique méritent d’être questionnés et débattus, d’autant qu’ils ne sont que rarement abordés dans leur ensemble. Si quelques pistes peuvent être évoquées, il paraîtrait plus raisonnable d’envisager un ensemble de facteurs liés entre eux plutôt qu’une cause unique.

Les efforts déployés pour maintenir à distance une quantité toujours grandissante de la population laissent présager que des désordres tant économiques, écologiques que politiques pourraient engendrer d’importants déplacements de populations dans les années à venir. L’Europe souhaiterait alors se prémunir face aux mouvements migratoires qui peuvent être provoqués par les nombreuses zones profondément déstabilisées économiquement, ou en proie à de fortes tensions sociales susceptibles de se transformer à tout moment en véritable conflits explosifs. L’étincelle du printemps arabe dans sa tournure la plus sanglante en Syrie entraînant des millions de déplacés l’a montré15. L’instabilité dans les différentes régions du moyen orient où d’Afrique notamment légitimerait en conséquence la mise en place de cet impitoyable mécanisme de filtrage.

D’autre part, l’économie européenne, qui a jusque là été un facteur déterminant de l’immigration, est globalement au point mort et doit déployer d’importants efforts pour maintenir sa compétitivité au niveau mondial16. Il n’est guère surprenant que les principes humanistes des droits de l’homme cèdent vite le pas aux impératifs du marché… La survie économique de l’Europe passe avant celle des milliers d’individus jetés sur les routes à cause de la misère subie dans leur pays. Pour autant, la gestion des flux migratoires s’avère une activité particulièrement rentable et s’intègre pleinement dans un large pan de l’économie : nombreux sont les investisseurs prêts à profiter des nouveaux débouchés qu’elle ouvre17. S’ajoute à cela, la récupération politique sur fond de xénophobie dans une Europe sécuritaire et fascisante, qui est également l’un des aspects de l’instrumentalisation des politiques migratoires œuvrant à la fermeture des frontières18.

L’immigration peut être perçue d’un point de vue politique pour l’Europe comme une épine bien embarrassante. Cela, certains états l’ont bien compris et tentent alors d’en faire valoir leurs intérêts. C’est le cas notamment de pays limitrophes tels la Turquie ou la Libye qui usent de leur position stratégique en devenant les avant-postes gardés de l’Europe. Leurs services se monnayent dans le cadre de signatures d’accords, et peu importe si les droits des réfugiés qui y sont retenus ne sont pas respectés. L’Europe « forte et démocratique » se retrouverait-elle ainsi prise au piège de sa propre politique par les milliers d’immigrés souhaitant fouler son sol ? La question reste complexe et ne peut entraîner d’affirmations rapides. Mais à travers la sinistre partie de poker qui se joue entre les états, leur manière de faire face et de reprendre les cartes en main est bien d’assurer la maîtrise de leurs propres frontières. De là s’explique alors leur fermeté et leur volonté sans failles de réguler l’immigration.

La question de l’immigration est aujourd’hui inextricable des intérêts politiques actuels. En étant liée aux contraintes économiques, diplomatiques ou militaires qui dépassent largement la simple question de la volonté de l’accueil, elle entre dans le jeu stratégique des rapports de forces entre états. Par conséquent, le principe de l’accueil inconditionnel et de la libre circulation des personnes ne peut s’envisager sérieusement qu’avec une remise en cause plus globale des enjeux liés aux migrations. Que signifie alors la revendication de l’ouverture des frontières dans un monde qui n’a de cesse que de se refermer ? La réponse n’est sûrement pas à chercher dans le nombre de couvertures qu’il faut apporter aux réfugiés, mais plutôt de replacer la critique des politiques migratoires non sur le plan de la question humanitaire, mais bien sur celui de la politique. L’un des premiers réflexes d’une partie de la société européenne est, à juste titre, de s’offusquer des conditions livrées aux réfugiés arrivant dans leur propre pays. Un autre pourrait être de s’intéresser aux raisons pour lesquelles ces personnes ont du fuir. En quelque sorte, plutôt que de regarder l’obus tombé à ses pieds, s’intéresser à qui l’a tiré.

Photos Gabriel Tizón.


1 Voir le rapport réalisé conjointement par le réseau Migreurop, le collectif Loujna-Tounkaranké, et la Cimade : http://www.migreurop.org/article2849.html?lang=fr

2 Voir la feuille de route de la Commission européenne du 7 décembre 2017 : https://ec.europa.eu/commission/news/political-roadmap-sustainable-migration-policy-2017-dec-07_fr

3 Voir le communiqué de presse de la Commission européenne du 14 décembre 2017 : http://europa.eu/rapid/press-release_IP-17-5266_fr.htm

4 Depuis juillet 2016 et l’adoption de son nouveau mandat par le Parlement européen, son rôle en matière d’expulsion s’est considérablement renforcé. Frontex peut en effet désormais prendre l’initiative d’organiser des « opérations de retour conjointes », ce qui était jusqu’ici une prérogative des États membres, et a coordonné en 2016 l’expulsion de 10 700 personnes dans le cadre de 232 opérations – soit trois fois plus qu’en 2015 – vers neuf pays dont l’Afghanistan, la Somalie, le Soudan et la Turquie. En 2017, Frontex est l’agence la mieux financée de l’UE avec un budget de 302 millions d’euros.

5 Selon les chiffres annoncés par la commission européenne 11.490 réfugiés ont été réinstallés de la Turquie vers les États membres de l’UE, 2.059 ont été expulsés depuis mars 2016, 2.041 seraient rentrés « volontairement » des îles depuis juin 2016. Suite à la signature de la déclaration, la route des Balkans a été fermée et près de 60.000 se sont retrouvées piégées en Grèce, dont environ 15.000 dans les îles. Les arrivées sont toujours fréquentes sur les îles et viennent remplacer les expulsions en Turquie, ce qui fait que le nombre global de personnes en attente n’évolue que peu. Pour de plus amples informations sur les hotspots, voir l’étude : http://journals.openedition.org/revdh/3375#tocfrom2n2

6 Pour obtenir la collaboration des pays tiers qui n’ont pourtant aucun intérêt à s’investir dans ce domaine, l’UE propose des contreparties. Progressivement, elle a étendu cette conditionnalité afin qu’il devienne impossible pour les États ciblés de coopérer avec l’UE dans un domaine spécifique sans que les objectifs européens en matière migratoire ne soient aussi abordés. Il ne s’agit pas seulement de récompenser les États qui acceptent de coopérer, mais de faire en sorte qu’ils n’aient pas les moyens de refuser (voir rapport cité en note n°1).

7 Eurodac est une base de données mise en place dans l’Union européenne et opérationnelle depuis le 15 janvier 2003. Doté d’un système automatisé de reconnaissance d’empreintes digitales, il a pour objet de contribuer à déterminer l’État membre qui, en vertu de la convention de Dublin, est responsable de l’examen d’une demande d’asile présentée dans un État membre et de faciliter à d’autres égards l’application de la convention de Dublin.

8 L’adoption du concept de « pays sûr » permettrait l’expulsion automatique des demandeurs d’asile vers les pays extérieurs à l’Union européenne par lesquels ils auraient transité si ces pays sont considérés par les institutions européennes comme ne présentant pas de risques majeurs pour les personnes y étant renvoyées. Ce concept se base sur l’idée que la charge de l’accueil devait être au moins partagée avec les pays de transit. Voir par exemple pour plus d’informations : http://www.portail-humanitaire.org/news/on-renvoyer-demandeurs-dasile-vers-pays-tiers-surs/

9 L’on comprend ainsi pourquoi du point de vue de l’Europe, l’application de l’accord UE-Turquie est une réussite : les entrées ont significativement chuté, l’accord a servi de base exportable pour d’autres pays, et au final, il ne resterait « que » le retour à mettre en place pour les quelques milliers de personnes encore bloquées dans le pays…

10 On pense par exemple aux nombreux états refusant de se prêter au jeu de la répartition censé venir en soutien aux pays « en première ligne » comme la Grèce et l’Italie : au mois de septembre 2017 – au terme de la procédure prévue pour deux ans –, le nombre de personnes ayant bénéficié du dispositif était inférieur à 30 000 (dont 20 000 depuis la Grèce), ce qui correspond à un peu moins du cinquième du total que les États membres s’étaient engagés à accueillir ; où encore l’on pensera aux différents groupes parlementaires allemands ne souhaitant pas reconduire le programme de regroupement familial pour les bénéficiaires de la protection subsidiaire devant prendre fin en mars 2018. https://www.ecre.org/germany-proposals-to-uphold-cap-on-family-reunifications-despite-drop-in-potential-applicants/

11 Les chiffres publiés début février 2018 par le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) montrent une diminution significative du nombre de demandes d’asile introduites dans l’UE en 2017 (une diminution de 43% par rapport à 2016. Cette tendance ne signifie pas pour autant que les populations nécessitant une protection aient diminué au niveau international, mais plutôt que la politique européenne de protection des frontières porte ses fruits. https://www.easo.europa.eu/news-events/press-release-easo-releases-overview-2017-eu-asylum-trends

12 Les voies d’accès légales permettent notamment d’effectuer un tri par un traitement discriminatoire selon la nationalité des demandeurs de protection. On peut citer comme exemple la sélection effectuée dans les hotspots grecs. Les personnes dont les nationalités obtiennent un fort taux de reconnaissance (supérieur à 75% comme pour les Syriens, Irakien, Érythréens…) pouvaient prétendre aux programme de relocalisation dans un autre pays européen. Celles obtenant un faible de taux de reconnaissance et considérées comme migrants économiques (par exemple les Pakistanais, Bangladais, Algériens…) sont préventivement placées en rétention dans l’attente de leur reconduite. https://noborderkitchenlesvos.noblogs.org/post/2017/10/02/28-reasons-for-arbitrary-detention/

13 Voir le document sur les relocalisations et la migration légale présenté par la commission européenne en décembre 2017 : https://ec.europa.eu/home-affairs/sites/homeaffairs/files/what-we-do/policies/european-agenda-migration/20171207_resettlement_and_legal_migration_en.pdf

14 Voir l’article : https://blogs.mediapart.fr/philippe-wannesson/blog/041217/quand-leurope-sera-devenue-indesirable

15 Les bombardements, l’occupation, et la destruction de zones civiles entières en Syrie ont provoqué l’exil de millions de personnes durant les conflits (12 millions de réfugiés et déplacés internes au début 2017). De tels déplacements de populations ont entraîné des répercutions au sein même du pays, dans les régions voisines et jusqu’en Europe.

16 Les états européens ont pourtant toujours su par le passé user de l’immigration en fonction de leurs besoins économiques : la population algérienne fut appelée en France dans les années soixante lorsque les projets d’infrastructures nécessitaient un large besoin en main d’œuvre adaptable, l’Allemagne a fait de même quelques années plus tard en allant directement choisir ses travailleurs en Turquie pour le bon développement de son industrie, plus récemment l’Espagne a ouvert ses portes à l’immigration maghrébine pour ses besoins ouvriers dans le domaine agricole…

17 Chaque part de marché est bonne à prendre, qu’il s’agisse d’ailleurs d’économie parallèle comme d’économie « officielle ». On pensera notamment à l’exploitation par le travail clandestin, les réseaux de prostitution, ou à diverses activités lucratives (passage de frontières, location de logement insalubres,…) pour le versant non déclaré. Pour le versant légal, le business de l’humanitaire et du sécuritaire cherchent également le profit dans les moindres recoins : des supermarchés remplacent par exemple peu à peu l’aide humanitaire jusque là distribuée par les ONG dans les camps. Les réfugiés seraient ainsi en passe de devenir des consommateurs comme les autres… La part d’une « industrie de l’aide » représenterait un volume dépassant les 25 milliards de dollars annuels (voir : https://www.monde-diplomatique.fr/2017/05/AUTHEMAN/57444)

18 Cela étant, les discours sécuritaires agitant la « peur de l’immigration » sont portés depuis bien des années, et même si les amalgames plus récents et peu scrupuleux tentant d’établir des liens entre l’accueil des réfugiés et le risque terroriste font le choux gras des journaux en quête de gros titres, ceux-ci semblent plus de l’ordre de la récupération politique qu’issus de raisons objectives déterminant des politiques actuelles. Cette instrumentalisation n’en reste pourtant pas moins problématique pour bien des aspects, notamment dans les tensions qu’elle exacerbe au sein des populations et le racisme qu’elle produit.

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NON A L’EXPULSION D’IQBAT, 21 ans, terrorisé par la BULGARIE et l’AFGHANISTAN

MAJ : Iqbat Gul Zaï Zaï a été libéré ce lundi 12 fév. du CRA de Marseille !

Nous transmettons cet appel urgent du Collectif Migrants Bienvenue 34.

Venez Nombreux le lundi 12 février à 9H30 :

– Devant la préfecture à Montpellier, pour soutenir Iqbat et demander au Préfet de renoncer à son expulsion vers la Bulgarie et lui permettre d’examiner sa demande d’asile en France,

– A la Cour d’appel d’Aix en Provence (même jour même heure), pour encourager Iqbat lors de son audience devant le juge en appel qui se prononcera sur sa libération du Centre de rétention administratif (CRA) de Marseille.

« De toute façon, là-bas je vais vers une mort certaine, autant mourir tout de suite ». Ce sont les mots d’Iqbat, 21 ans tout juste, lorsqu’il a appris que le Préfet de l’Hérault voulait le renvoyer en Bulgarie, pays où il a laissé ses empreintes et qui devient responsable de sa demande d’asile selon le Règlement européen Dublin. Pourtant après 3 mois de détention arbitraire dans les geôles bulgares, ce n’est pas de l’asile dont il parle. Bien au contraire, il y sera maltraité par la police : il raconte sa malnutrition mais aussi des violences physiques dont il porte toujours les stigmates dans la bouche et sur le corps. Depuis son arrivée en France en août 2017, Iqbat, vite informé que la France souhaite son transfert, a sombré peu à peu dans le désespoir. Traumatisé, d’abord par la guerre contre les Talibans en Afghanistan et ensuite, par « l’accueil » des États Européens, son état psychologique s’est détérioré. Suite à un malaise le 13 janvier dernier (à la soupe solidaire organisée bénévolement au centre d’hébergement d’urgence au PRADHA de Villeneuve-les-Maguelone), il a passé la nuit au CHU de Montpellier. Les bénévoles l’encadrant au PRADHA l’ont témoigné : il a de sérieuses intentions suicidaires, il a besoin d’une aide médicale ! Mardi dernier, le 7 février, la Préfecture le prétextant en fuite, l’a fait arrêter lors d’une convocation par les gendarmes de Villeneuve-les-Maguelone. Il a été transporté manu militari au CRA de Marseille. Le lendemain matin, le 8, Iqbat est totalement paniqué et on ne sait pas dans quelles conditions il a pu échapper à son expulsion depuis l’aéroport de Marseille, avant son audience l’après-midi devant le Juge des Libertés et de la détention qui a finalement refusé de le libérer. Les défaillances systémiques de la Bulgarie dans la procédure d’asile et les conditions d’accueil des demandeurs d’asile entraînent pourtant un risque de traitement inhumain et dégradant, elles sont largement documentées. La décision de transfert viendrait violer l’article 3 du Règlement Dublin III. Le HCR (Haut commissaire aux réfugiés) se dit toujours en mai 2017 “préoccupé par des appels aux expulsions après des tensions dans un centre d’accueil de réfugiés inadapté et surpeuplé”, relayé à plusieurs reprises par la presse française depuis. Le rapport annuel 2016/17 d’Amnesty international constate que la majorité des demandeurs d’asile sont placés en détention administrative pendant de longs mois bien au-delà de la durée légale et que les agressions des migrants aux frontières, même les meurtres, continuent de jouir de la plus totale impunité.

En 2017, pour ces motifs, de nombreux jugements ont annulé des transferts Dublin vers la Bulgarie pour cause de défaillance systémique : Conseil d’état italien, Cour fédérale suisse, Cour fédérale autrichienne, Tribunaux belges. En France aussi, le Tribunal administratif de Montreuil (14 août 2017), le Tribunal administratif de Paris (22 septembre 2017), le Tribunal administratif de Lille (avril 2017) ont annulé des transferts Dublin en Bulgarie. Iqbal est terrorisé à l’idée de retourner dans l’enfer qu’il a vécu en Bulgarie, et en Afghanistan où sa famille a été décimée par les Talibans. Il a déposé un recours devant la Cour d’Appel de Marseille contre son arrêté de transfert et attendait sa convocation. En attendant, il n’a rien à faire en centre de rétention où il peut se faire expulser de force à tout moment. Le jour de son arrestation, une lettre au Préfet a été adressée par de nombreux bénévoles de plusieurs associations à Montpellier mais restée lettre morte à ce jour : « (…) Monsieur le Préfet, je ne peux pas accepter le traitement inhumain infligé à Iqbal, ce jeune homme en grande détresse et vulnérabilité. Nous voulons qu’il trouve enfin asile quelque part pour pouvoir reconstruire sa vie fracassée par la guerre et le terrorisme. C’est pourquoi je vous demande instamment de libérer Iqbal et de réexaminer sa situation pour qu’il puisse rester auprès de nous qui l’avons accueilli. »

L’audience en appel attendue ce lundi 12 février à 9H30 à la Cour d’appel d’Aix en Provence, est donc primordiale et on espère nombreux les personnes engagées à aller le soutenir sur place. Une mobilisation de la dernière chance sera organisée, le même jour à la même heure, lors d’une conférence de presse, devant la Préfecture à Montpellier pour dénoncer les pratiques inhumaines que subissent les demandeurs d’asile.

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Quand Midi Libre traque les réfugiés et leurs soutiens dans les Cévennes…

Comment en moins de 10 lignes faire passer des familles de réfugiés pour des terroristes ?

Dimanche 21 janvier, un article du Midi libre reprend les gros titres nationaux de l’arrestation d’un présumé terroriste à Bagnols-sur-Cèze. Photo du RAID1 en tenue d’intervention, discours sécuritaire habituel alarmant, le Gard compterait parmi l’un des départements les plus radicalisé de France, etc. Rien d’exceptionnel pour ce journal invariablement dénué de toute réflexion et de mises en perspectives. En dessous, un encart de quelques lignes est intitulé « La DGSI frappe dans les Cévennes »2. Il y est question de deux familles étrangères « en lien avec des entreprises terroristes » et prises en charge par une association locale qui auraient été interrogées par les services de renseignements. Mais comme souvent dans le traitement de l’information dite sécuritaire, le sensationnel l’emporte sur la rigueur.

Si l’article comporte son lot d’imprécisions et d’erreurs, il en demeure également fondamentalement creux et abject3. Le journaliste, Fabrice Andrès (connu notamment pour son suivi des enquêtes policières et pour s’être mis à dos bon nombre de militants lors du mouvement social contre la loi Travail à Alès à cause d’articles du même acabit) assimile ainsi, pour le bonheur de son lectorat le plus réactionnaire, deux familles de réfugiés à des terroristes. Faisant fi de toute conscience déontologique, il n’a rencontré ni les familles, ni les membres du collectif de soutien. Il se contente de jeter sur la place publique en huit phrases seulement un amalgame qui peut être lourd en conséquences. Les retombées en terme d’image et d’intégration pour des personnes étrangères, vivant dans un village cévenol de plusieurs centaines d’habitants et où l’anonymat n’existe pas, n’ont ainsi aucune importance ni pour l’auteur, ni la rédaction de ce journal régional4.

Fabrice Andrès ne se contente pas de dramatiser la situation et s’attaque également aux soutiens des familles. Il cite des propos du préfet du Gard, Didier Lauga, qu’il met en relation avec cette affaire. Ce dernier avertit que les personnes et les associations « qui hébergent des gens fichés, même si on évoque des raisons humanitaires, […] sont aussi susceptibles de faire l’objet de poursuites judiciaires ». Les bénévoles sont donc ainsi criminalisés tout comme les réfugiés. Quel est le but de ce genre d’invective si ce n’est de susciter la suspicion et instaurer la peur chez les personnes solidaires des réfugiés ?

Comment instrumentaliser la peur de l’immigration à des fins sécuritaires ?

La « crise migratoire » et la recrudescence des attentats alimentent depuis quelques années déjà une propagande gouvernementale largement relayée par de nombreux médias qui joue sur la stigmatisation des populations immigrées. Celle-ci laisse dangereusement croire à l’existence d’un lien entre immigration et terrorisme, et s’accompagne dans les faits par des mesures répressives.

L’attentat du 14 juillet 2016 à Nice avait par exemple justifié le déploiement de troupes militaires dans la vallée de la Roya. Si celles-ci ont officiellement été dépêchées pour lutter contre le terrorisme, elles ont en réalité servi à pourchasser les exilés tentant de traverser la frontière franco-italienne. L’attentat du 1er octobre 2017 à Marseille – dont l’auteur de nationalité étrangère ne possédait pas de titre de séjour – a quant à lui permis au ministre de l’intérieur de donner une instruction à ses préfets afin d’enfermer un maximum de personnes en situation irrégulière. Cette pression s’est immédiatement traduite par une hausse sans précédent du nombre de personnes placées en rétention5.

Plus largement, ce type d’amalgame est précisément le reflet des politiques actuelles de criminalisation de l’immigration. La loi sur la sécurité intérieure entrée en vigueur le 30 octobre 2017, les circulaires adressées aux préfets par le ministre de l’intérieur les 20 novembre, 4 et 12 décembre 2017, et le projet de loi sur l’immigration de 2018 comptent parmi les dernières orientations sécuritaires du gouvernement français. Celles-ci viennent toutes intensifier le contrôle, l’enfermement et l’expulsion des personnes issues de l’immigration6.

Parallèlement à ces mesures, le mouvement de solidarité venant en aide aux exilés se voit également dénigré et menacé. Que ce soit à travers la répression et les poursuites judiciaires des personnes solidaires notamment présentes à la frontière, le refus de prendre en considération les revendications d’une très large partie des acteurs concernés, ou les prises de positions du gouvernement. La récente déclaration du chef de l’état, qui met en doute la réalité des violences policières et le harcèlement des exilés dans le Calaisis ou à Paris et fustige les associations les dénonçant, en est un parfait exemple. Celle du ministre de l’intérieur dépêché à Calais qui attribue la responsabilité de « graves troubles à l’ordre public » à certaines structures d’aide aux migrants organisant des distributions de repas est tout bonnement ahurissante7.

Avec cet article, le journaliste Fabrice Andrès et en conséquence la rédaction peu regardante du Midi Libre se rangent pleinement dans la veine sécuritaire actuelle. Ce type d’attaque s’insère dans une politique exercée par la plupart des états européens et propagée par de nombreux médias. Face à des assimilations aussi inacceptables que révoltantes entre réfugiés et terroristes, face à la criminalisation et la stigmatisation d’une large partie de la population, il convient d’apporter des réponses aussi fortes que collectives. Aucune terreur d’état ne peut entraver les solidarités avec les exilé.e.s.

 

1 Recherche Assistance Intervention Dissuasion : le RAID a pour mission de lutter contre le grand banditisme, la criminalité organisée et le terrorisme.

2 Direction Générale de la Sécurité Intérieure

3 Les faits se limitent à une convocation libre en tant que témoin des membres de l’une des familles pour une affaire concernant un parent décédé et dont elle n’a plus eu de nouvelles depuis 5 années. L’autre famille n’a aucun lien avec cette affaire et n’a fait l’objet d’aucune convocation.

4 Les nationalités des familles, nom du village et de l’association sont cités explicitement.

6 http://www.lacimade.org/asile-immigration-durcissement-assume/

7 Dans son discours du 16 janvier à Calais, le chef de l’état s’en était pris aux associations qui «encouragent ces femmes et ces hommes à rester là, à s’installer dans l’illégalité, voire à passer clandestinement de l’autre côté de la frontière». Le 1er février dans la même ville, c’est au tour du ministre de l’intérieur de fustiger le rôle de certaines structures d’aide aux migrants, qui organisent des distributions de repas plusieurs fois par jour. «J’appelle les associations, et notamment celles qui ont refusé de rencontrer le président de la République à Calais, je les appelle à réfléchir sur ce qui s’est passé ce soir, a-t-il déclaré. Ce qui s’est produit confirme une fois de plus ce que nous disions : ce type d’attroupement mène à de graves troubles à l’ordre public.» (sources : Le Figaro – 2 février 2018)

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Montpellier – Grande marche solidaire – samedi 3 février

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Le Temps d’une Histoire : “Partir au delà des frontières” – Mercredi 31 janvier à Saint Jean du Gard

Pour fuir la guerre, deux enfants et leur maman se lancent dans un long et dangereux voyage loin de leur pays. Passer la frontière, traverser la mer, se cacher, sans jamais perdre espoir… Leur chemin est celui de tous ceux qui tentent de trouver un endroit où vivre en paix.

Une histoire sensible pour évoquer simplement avec les petits l’exil, la migration vers l’inconnu d’un monde nouveau.

Le Temps d’une Histoire, avec Cévennes sans frontières, à partir du livre de Francesca Sanna. Le mercredi 31 janvier à 15h30 à la médiathèque André Chanson à Saint Jean du Gard.

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Cantine sans frontières – samedi 27 janvier : repas Ivoirien et Guinéen

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Solidarité avec Ibrahim passé hier en procès

MAJ : Ibrahim vient d’être libéré !!!!!!!! Hurriya !!!!!!!!!!!!!!!!!!

Le procès en appel de la détention d’Ibrahim Osman Ali a lieu hier à Aix en Provence. Nous sommes dans l’attente du délibéré du juge pour sa remise en liberté.

L’intercollectif Cévennol-Nîmes-Montpellier s’est réunis en soutien pour la liberté et l’asile d’Ibrahim. Stop Dublin ! Stop Expulsion !

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Marche pour Briser les frontières ! dimanche 14 janvier

Des centaines de personnes venant de la vallée, et même de beaucoup plus loin, ont défilé dans la neige, venus ici pour réaffirmer un message très spécifique: la liberté de mouvement pour toutes et pour tous ! La marche initalement programmée la semaine précédente mais reportée à cause du mauvais temps c’est déroulée ce dimanche 14 janvier de Clavière en Italie au Montgenèvre.
Les frontières tuent et tentent de briser l’avenir de celles et ceux qui sont forcés d’abandonner leurs terres. Nous ne resterons pas à regarder, les actions à porter restent nombreuses et nous ne sommes qu’au début, mais nous sommes et nous serons de plus en plus nombreuses et nombreux à crier “Briser les Frontières!”

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“L’être humain n’est pas fait pour être enfermé, jamais, jamais”

Si dessous un témoignage audio d’une personne enfermée dans l’un des cinq centres fermés de Belgique, là où l’enfermement des étrangers peut se reconduire quasiment sans limites… Repris du site Getting the voice out.

“Moi actuellement je suis au centre fermé 127bis.

Avant j’ai vécu à Verviers, j’ai vécu 4 années là-bas.

Tout d’abord je voudrais dire que nous, nous les étrangers comme on nous appelle, nous ne venons pas ici pour être en charge des autres, des Européens. Nous venons ici pour participer à la vie. La plupart des gens qui viennent ici c’est parce qu’ils ont des problèmes dans leur pays : des problèmes de sécurité, des problèmes de guerre, des problèmes de famine ; donc ce sont à la fois des problèmes sociaux et économiques.
On vient ici parce qu’on voit les médias tout le temps, grâce à internet on a accès à tout. Tous les gens qui vivent en Afrique ou en Asie, dans les pays pauvres et dans le tiers monde, on voit que la vie est meilleure ici que là-bas, c’est pour cela que on vient trouver refuge ici.

Quand on vient chercher la liberté, la paix, on se retrouve dans un centre fermé. Il y a beaucoup de choses qui passent par la tête. Bien entendu, même le mot “centre fermé”, ça me dérange un petit peu, c’est comme si on appelle ça “centre fermé” pour apaiser les gens qui sont dehors, pour apaiser la société. A mon avis, on dit centre fermé pour dire que le modèle c’est pas la prison et pour leur dire qu’ici on est bien traité. Pour moi ici c’est pire que la prison, parce qu’en prison on sait combien de temps on va rester enfermé, ici on ne sait même pas combien de temps on reste en prison, on dépend du bon vouloir de l’Office des étrangers. Donc on peut rester 2 mois, on peut rester 4 mois, on peut même rester 8 mois et vivre sans savoir quand on va sortir, ça déjà c’est invivable, c’est invivable. Il y a beaucoup de choses qui passent par la tête.

Quand tu te retrouves enfermé, c’est l’espoir qui se transforme en désespoir, le réel qui devient cauchemar. Parce que j’ai toujours pensé que l’être humain n’a pas été créé, ne vit pas pour être enfermé. Le fait d’être enfermé ça peut transformer la personne. J’ai toujours été bienveillant envers les autres ; les autres c’est moi, ça a toujours été mon cas.

C’est la société belge qui m’enferme ici, ou bien c’est juste une partie de la société belge, ou bien juste les politiques belges qui m’ont enfermé ici – est ce que les politiques répondent à une démarche? Donc tout cela, ça passe par la tête , un petit peu difficile, franchement il y a un risque que la personne qui est enfermée ici perde ses valeurs d’humanité. Le risque c’est que l’amour se transforme en haine.

Quand on voit des manifestants parfois qui viennent ici pour manifester, là on comprend, mais si on ne voit pas les manifestants on croit que toute la société belge est d’accord avec ça.
Mais quand on voit parfois des manifestants qui viennent ici , crier ici pour la liberté pour nous soutenir, ça nous fait du bien, ça nous aide bien, ça nous remonte le moral, parce que là, on commence à penser, ah non, ce n’est pas l’ensemble de la société belge qui est d’accord qu’on nous enferme, c’est juste une partie de la société, donc il reste toujours un point positif, donc, quand on voit des manifestants venir ici, on se dit “ah heureusement dans la vie, tout n’est pas mauvais”, heureusement, même s’ils ne sont pas nombreux, il y a des voix qui s’élèvent pour dire non à tout cela. Pour dire non à cette politique inhumaine et pour nous soutenir.

J’ai envie d’ajouter d’autres choses mais j’ai le cœur serré, mais je veux dire … vive la liberté, l’être humain qui a toujours été innocent n’a pas été créé pour être enfermé.

L’être humain n’est pas fait pour être enfermé, jamais, jamais, je le dis ici, quand je sortirai du camp je continuerai à le penser et à m’activer pour que cela soit toujours la vérité, donc vive la liberté, vive la personne et vivent les valeurs humaines.”

D’autres infos sur les centres fermés en Belgique ici.

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