Texte publié sur le site Passamontagna.
Comme annoncé dans les journaux en avril, dans les dernières semaines une intensification des relations entre flics italiens et flics français s’est vérifiée.
En premier lieu une collaboration sur le contrôle de la frontière : La présence de militaires français venant inspecter le village de Clavière a été notée deux fois, et au moins trois fois la police italienne s’est déployée en voiture ou à pied au départ d’un sentier reliant Clavière à la France, en bloquant l’accès selon des critères racistes, illégitimes bien que suivant leurs lois de merde.
Nous ne nous lasserons pas de dire que CHAQUE FLIC EST UNE FRONTIÈRE.
Autre chose a changé dans les modalités de refoulement. Depuis l’expulsion de Chez Jésus (refuge autogéré à Clavière expulsé en Octobre dernier) jusqu’au mois dernier, le point de rencontre entre la police française et italienne se trouvait à l’entrée de Clavière, où il y avait en permanence un commissariat mobile pour identifier les personnes refoulées.
Maintenant, à l’inverse les personnes arrêtées sur les sentiers sans le bout de papier demandé sont traînées au poste de la Police aux frontières (PAF) française en attente de l’arrivée de la police italienne. Cette dernière, selon témoignages directs, peut se faire attendre pendant plusieurs heures après l’arrestation. La police italienne procède ensuite à l’identification, dans les bureaux de la PAF, en créant probablement une situation de contrôle réciproque sur le respect des accords entre les deux pays.
Le temps d’enfermement à la PAF varie sans certitude sur ce qui se passera après: le comportement de la police italienne est totalement aléatoire. Parfois les personnes sont laissées à Clavière, parfois elles sont relâchées à Suse ou à Bardonecche, et parfois elles sont laissées au beau milieu de la nuit sur la nationale à 10 kilomètres d’Oulx.
Même dans les cas où les personnes se font refouler au milieu de la nuit,elles sont emmenées jusqu’à Oulx, et souvent laissées par la police devant la gare. Incidemment les personnes qui étaient passées par la Casa Cantoniera (refuge autogéré à Oulx) reviennent à la maison, mais certaines nuits il y a du monde qui dort dehors devant la gare.L’intensification de la collaboration entre l’Italie et la France prouve que, malgré la stupide propagande salvinienne, l’intention du décret « sécurité et immigration » (avec l’abolition de l’ « aide humanitaire », la fermeture de nombreux centre d’accueil et la création de nouveaux CRAs ) n’est pas tant de se « libérer des migrants » mais plutot de mettre encore plus de personnes dans des conditions de clandestinité et de précarité. Cela rend alors cette force de travail complètement dépendante des patrons, les exposant aux chantages, sous la menace permanente de finir dans un CRA s’ils n’acceptent pas ces conditions.
La dernière « solution » pour ceux qui restent sans documents et qui ne veulent pas céder au chantage d’un travail sous-payé et précaire est souvent de partir. Outre les patrons se lamentant d’une diminution des travailleurs, nous avons beaucoup de témoignages sur cette situation.
Voici par exemple celui d’une homme ayant passé 10 ans en Italie : « En Capitanata, (une des plus grandes zones agro-industrielle pour la transformation et l’exportation de tomates située dans le Sud de l’Italie ), les travailleurs doivent payer pour vivre et être exploité, puisque chaque besoin quotidien se trouve monnayé : chaque repas est payant, tout comme chaque nuit passée dans les tentes, même le trajet du camp au lieu de travail leur coûte 5E par jour s’ils y vont en véhicule. Bien sûr, toujours pour un salaire aussi misérable. S’ajoute à ça la dangerosité des conditions de travail qui a déjà entraîné la mort de plusieurs travailleurs, ceci dans une totale impunité ». Face à ces conditions de travail et de vie plus que misérables, mais également avec les nouvelles complications bureaucratiques pour le renouvellement des papiers et l’augmentation du racisme dans la rue, beaucoup de travailleurs, présents parfois depuis des années, sont poussés à migrer vers le nord de l’Europe.
Le chantage de l’état n’arrête pas pour autant celles et ceux qui transgressent et se rebellent contre les lois racistes. Chaque jour, la frontière continue d’être traversée par des personnes déterminées à continuer leur voyage. Dans les CRA et les ghettos de travailleurs du Sud il y a de nombreuses réactions contre l’ordre établi.
Au CRA de Turin notamment, les détenus dénoncent que des calmants sont mis dans leur nourriture. Pour cette raison, ils demandent à celles et ceux qui sont à l’extérieur d’apporter : Des légumes pré-cuits en tetrapack (à l’intérieur, le verre et les canettes ne sont pas acceptées et il n’est pas possible de cuisiner), des fruits et légumes emballés, du lait à longue conservation, et tout ce qui peut être consommé sans cuisson et avec un emballage ni en en verre ni en fer.
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