Alors que des mobilisations ont lieu partout en France pour s’opposer aux accords Dublin et aux expulsions effectuées à partir des CAO, on répond à l’appel de la coordination des collectifs de soutien du Sud-est avec une journée d’infos organisée à Nîmes le samedi 10 juin de 16h à 19h (place Saint Charles).
Au programme : table de presse, rencontres avec les collectifs locaux, café et friandises ! A 17h30, une discussion est prévue (voir le texte ci-dessous) afin d’élargir les possibilités de s’opposer aux expulsions, mais aussi de renforcer les réseaux de solidarités et de luttes.
Toutes les personnes ou collectifs de la région en lutte contre les expulsions, l’enfermement et l’isolement face aux institutions sont les bienvenues pour venir témoigner et apporter des informations sur les situations qu’elles rencontrent par chez elles (nous contacter pour être hébergé).
D’autres mobilisations sont déjà annoncées : A Forcalquier, avec le collectif migrants 04 : Rassemblement vendredi 2 juin à partir de 16h place du Bourguet devant les bureaux du maire, nouveau porte-parole du gouvernement et secrétaire d’Etat. A Marseille, avec le Manba : Rassemblement mercredi 7 juin à 17h30 devant la préfecture.
Contre les expulsions : brisons l’isolement !
Rencontre-discussion sur les possibilités de s’opposer à l’isolement et aux expulsions
Ce n’est pas nouveau, les états de l’Union européenne dans leur traitement de la question migratoire s’appuient sur de nombreuses mesures coercitives leur permettant de bloquer ou de déplacer des populations entières à un endroit donné. Ils peuvent de la sorte invisibiliser ce qui représente pour eux un problème et se prémunir de toute protestation embarrassante. Nous l’avons vu par exemple lors de la récente grève de la faim des 21 demandeurs d’asile du centre d’accueil et d’orientation (CAO) d’Embrun, la première réaction de la préfecture des Hautes Alpes a été la menace de répartir les récalcitrants dans d’autres centres.
Pour cela, l’enfermement est rendu nécessaire et est pratiqué sous diverses formes. Il permet ainsi d’isoler, de maintenir à disposition, et d’échelonner selon le rythme voulu les personnes à expulser. De nombreux lieux remplissent ainsi cette fonction macabre de gestion et de tri des individus. Rendus opaques aux regards extérieurs, leur accès étant souvent limité ou contrôlé, ils sont pourtant l’antichambre des expulsions.
Rien que sur la ville de Nîmes, sont par exemples implantés un Centre de rétention administratif (CRA), deux CAO, des logements d’accueil d’urgence pour mineurs étrangers non accompagnés.. La création d’un centre en « résidence hôtelière » dans le cadre du programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile (PRAHDA) est prévue prochainement. Cela sans compter la maison d’arrêt où comme dans chaque prison des détenus sont confrontées à de difficiles renouvellements de titre de séjour et risquent la double peine (enfermement puis expulsion à la sortie).
A l’intérieur de ces lieux de privation de liberté partielle ou totale, la possibilité de faire valoir ses droits, d’être soutenu et conseillé au delà des services dépendants – ou en lien – avec les préfectures est évidemment plus compliquée. Peu d’associations ou collectifs y mettent un pied, peu d’informations directes circulent sur ce qu’il s’y passe. Les expulsions sont ainsi exécutées en silence…
Aussi, en criminalisant la question de l’accueil, de nombreuses personnes sont contraintes à la clandestinité, avec toutes les conséquences que cela comporte : crainte des contrôles et des arrestations, impossibilité de trouver un logement ou de travailler légalement… Combien de jeunes mineurs ont déserté le CAO de Monoblet à cause des lourdeurs administratives et du manque de perspectives pour leur avenir ? Que sont devenus les Soudanais des CAO de Nîmes s’étant vus remettre un ordre de renvoi en Italie ? Combien de familles poussées hors des centres d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) vivent aujourd’hui à la rue ?
Nous pensons que lutter contre les expulsions doit se faire au contact des personnes concernées et pour cela, nous voulons attirer l’attention sur celles étant de fait privées de soutien et de liberté. Pour cela, être présent à l’intérieur des murs, briser l’isolement, faire sortir les voix des personnes retenues est une première étape. Consolider des réseaux de soutien forts en est une seconde.
Si signer des pétitions et se rassembler devant les préfectures est un moyen ponctuel de visibiliser une situation, n’oublions pas que la lutte contre les expulsions est quotidienne, et dure dans le temps. Les premiers à en payer les frais n’ont d’ailleurs peu de possibilité de s’y opposer. Les personnes illégalisées ont besoin de ressources tant humaines que financières, et pour cela, l’organisation collective peut apporter des solutions.
Nous proposons ainsi un moment de rencontres et d’échanges afin de poursuivre et d’élargir les luttes existantes contre les expulsions et contre l’enfermement.