Sans toit et sans papiers

Nous publions un article du collectif paru dans le journal local “Épisode Cévenol” du mois d’avril 2019 (téléchargeable en version imprimable ici et ), et distribué chaque mardi matin lors du marché à Saint Jean du Gard.

Le mal-logement compte parmi l’un des nombreux fléaux de notre société. Près de 4 millions de personnes en France souffrent de problèmes y afférent : difficulté à payer son loyer, expulsion locative, insalubrité, habitat précaire… Au moins 143 000 personnes, selon les dernières estimations de l’Insee, sont sans-domicile-fixe. Parmi elles, un peu plus de la moitié sont de nationalité étrangère alors que les étrangers ne représentent qu’à peine plus de 11 % de la population. La question de la précarité des conditions de vie des personnes issues de l’immigration ne date pourtant pas d’hier ; on peut se souvenir des bidonvilles de la première moitié du XXème siècle s’amassant autour de la petite ceinture parisienne, où des cités-dortoirs érigées à l’après-guerre telles des ghettos dans les banlieues des principales agglomérations françaises.

Plus récemment, les réfugiés arrivés en provenance du moyen-orient et d’Afrique subsaharienne ont été confrontés à un déficit grave de logements. Il trouve pour origine la mauvaise volonté des pouvoirs publics à remédier à la question de l’intégration des populations étrangères et le non respect des conventions de protections des droits humains fondamentaux. En effet, des milliers de demandeurs d’asile ne sont pas hébergés durant le temps de leur procédure faute de place en centre d’accueil, des centaines de mineurs isolés se voient refuser leur droit élémentaire à une mise à l’abri. Hommes, femmes et enfants se retrouvent ainsi chaque jour jetés à la rue, contraints de subsister par leurs propres moyens, s’ils ne sont pas épaulés par l’aide de bénévoles solidaires.

D’autre part, le durcissement des législations en matière de droit au séjour plonge les personnes issues de l’immigration dans une précarité la plus totale. Se voir refuser une protection internationale équivaut à la perte des aides et de l’accès aux logements sociaux. Ces situations sont loin d’être des cas isolés car les trois quart des demandes sont rejetées et les périodes de régularisation qui s’en suivent sont longues et se comptent en années. Comment alors, en étant en situation administrative irrégulière, louer un appartement alors que l’on est expulsable à tout moment et dans l’impossibilité de présenter la moindre fiche de paye où une garantie de paiement à un bailleur, car privé du droit au travail légal ? Les marchands de sommeil et autres exploiteurs de misère humaine peuvent se frotter les mains…

Face à cette situation, de nombreux réseaux de solidarité s’organisent et tentent de faire face au problème collectivement. Réquisitions de logements inoccupés, hébergements chez l’habitant, collectes de fonds où mobilisations de soutien sont autant de moyens de trouver des solutions quelque peu stables et de marquer une opposition aux politiques de rejet et de précarisation des étrangers. Des liens humains basés sur une entraide concrète sont ainsi créés et laissent entrevoir des possibilités de rompre avec l’isolement et l’exclusion qu’engendre le système capitaliste marchand. Aussi, loin de dresser la misère des uns contre celle des autres, comme le laissent entendre les voix réactionnaires arguant que les nouveaux venus prendraient la place aux plus anciens, c’est bien l’ensemble des précaires réunis qui doivent se dresser face aux véritables responsables. Le territoire des Cévennes est réputé comme une terre d’accueil et de résistances, l’hébergement solidaire y est pratiqué dans de nombreux villages, à chacun de contribuer à cette lutte pour l’amélioration des conditions de vie de toutes et de tous.

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